10-01-2025 15:50 - Mauritanie: un journaliste de la TVM limogé au nom de la liberté d’expression
POINTS CHAUDS -
Le journaliste Mauritanien Moussa Ould Bouhli de la TVM a été limogé au nom de la liberté d’expression aujourd’hui.
Le directrice générale de la chaîne mauritanienne, Suniya Mint Sidi Hayba, a limogé aujourd’hui le journaliste Moussa Ould Bouhli de son poste de directeur de la formation à la chaîne.
Ould Bouhli a déclaré dans un appel téléphonique à notre rédaction qu’il a été informé de la décision de le licencier de son poste de directeur de la formation à la chaîne, et que la raison de son licenciement était ses sorties en direct via sa page Facebook.
Il convient de souligner ici que, contrairement au rapport de Reporters Sans Frontières de l’année dernière , qui avait suscité une polémique à Nouakchott , la liberté de presse et la liberté d’expression en Mauritanie sont en net recul depuis quatre ans. Actuellement, seulement 5 % des publications il y 10 ans, parviennent à paraître, tant les difficultés sont nombreuses.
Ces obstacles ne sont pas seulement d’ordre structurel ou liés à la précarité, mais aussi d’ordre financier, où l’autoritarisme joue un rôle clé. En effet, une « liste noire » est régulièrement transmise (A titre confidentiel)à toutes les directions et départements ministériels, les entreprises publiques, interdisant toute collaboration publicitaire ou contractuelle avec les médias et journalistes qui y figurent.
Cette liste, renouvelée chaque année, comprend à la fois des noms de journaux et de journalistes indépendants mais aussi des bloggeurs et influenceurs qui ne font pas partie des « recommandés » du l’Etat.
En conséquence, une grande partie de la presse qui existait il y a dix ans a complètement disparu. Seuls quelques sites et journaux parviennent à subsister, malgré des conditions extrêmement difficiles. Il faut ajouter que les quelques journaux et sites qui continuent à apparaître contre vents et marées le font au prix d’immenses efforts, souvent dans un climat hostile. Cependant, la majorité des médias qui continuent de paraître sont, quant à eux, soutenus par le pouvoir en place et agissent en sa faveur.
Le pire dans cette situation est que les organisations internationales chargées de défendre la liberté de la presse semblent ignorer ces réalités, fermant les yeux sur les violations persistantes au détriment des journalistes mauritaniens. Ces derniers, livrés à eux-mêmes, ne savent plus à quel saint se vouer, pris entre un pouvoir répressif et une communauté internationale indifférente à leur sort.
Un exemple frappant est celui du site et du magazine Points Chauds, qui subissent un embargo depuis cinq ans. Interdits de publicité, privés à trois reprises d’aide publique sans aucun motif justifié, ils illustrent parfaitement les méthodes utilisées pour museler les voix indépendantes et critiques en Mauritanie.
Il faut également ajouter que presque toutes les chaînes de télévision et radios privées fonctionnent en mode statique, avec une quasi-disparition des émissions de débats contradictoires. Les invités dont les opinions divergent de celles du pouvoir public sont systématiquement exclus. Les émissions qui dérangent, les enquêtes qui fâchent ou les sujets sensibles ont purement et simplement été interdits. Depuis cinq ans, toute forme de journalisme critique ou indépendant a été étouffée, laissant place à un paysage médiatique aseptisé et uniforme, entièrement contrôlé par les autorités.
A souligner que Ould Bouhli est, par l’occation le président de l’Association des journalistes mauritaniens, mais aussi l’une des rares voix, a critiquer l’action du gouvernement sur le territoire, sachant que les critiques les plus fortes proviennent généralement des blogueurs Mauritaniens résidents à l’étranger.
A cette décevante occasion
Direction et la rection de Points Chauds déclarons, notre solidarité avec le confrère Moussa Ould Bohli.