Ghazwani est doté d’une sagesse et d’une expérience avérée dans la gestion apaisée des relations avec les voisins (Mali, Sénégal, Algérie, Maroc et Sahara Occidental) et il sera difficilement manipulé par un clan ou par un autre dans un dossier aussi sensible que celui du Sahara. En tant que Président de l’UA , il sait que c’est un territoire revendiqué par deux parties et est juridiquement source de tensions (la dernière décision de la Cour Européenne de Justice est flagrante) qui peuvent nuire à la stabilité politique, au développement économique et à la cohésion sociale de la Mauritanie. Aucun accord ne viendra perturber ce principe sacro-saint de la diplomatie mauritanienne dans l’affaire du Sahara Occidental. Toute décision qui pourra être interprétée autrement sera préjudiciable à notre pays.

Le Maroc progresse considérablement dans ses relations avec la Mauritanie, tandis que les Mauritaniens semblent peu conscients de cette stratégie, orchestrée par des individus sans réel attachement à leur pays et des groupes d'influence œuvrant pour les intérêts du royaume chérifien. Récemment, des propos émanant du Maroc concernant l'indépendance de la Mauritanie et l'extension du Sahara ont suscité des réactions, bien que certaines condamnations aient été jugées quelque peu tardives.

Au cours de l'année 2024, nous avons assisté à la relance du projet du pont de Rosso, censé faciliter le transit des camions marocains vers les pays de la CEDEAO via le Sénégal sous la présidence de Macky Sall. Cependant, cette vision ne semble pas être partagée par les nouveaux dirigeants sénégalais, qui manifestent une réticence à l'égard des importations marocaines. En effet, le Sénégal aspire désormais à s'industrialiser, à l'instar d'autres nations, privilégiant ainsi le développement de sa propre production pour répondre aux besoins de son marché intérieur plutôt que de dépendre des importations.

Nous avons également observé ce même groupe d'influence favoriser l'attribution d'un contrat de 7,5 milliards d'ouguiyas à une entreprise marocaine spécialisée dans la gestion des déchets ménagers. Récemment, ce marché a été annulé par le patronat via la commission centrale des marchés. D'autres projets sont prévus et devraient être mis en œuvre par l'intermédiaire d'un ministre mauritanien influent, œuvrant pour le royaume du Maroc. Sous la présidence de Ghazouani, le pays semble se désagréger ; il ne manquerait qu'un vent violent pour disperser ce qui reste, laissant la voie libre au Maroc.

Concernant les partis politiques, le parti SAWAB se positionne comme un allié de l'influence marocaine en Mauritanie. Cette formation politique, considérée comme particulièrement menaçante pour l'avenir du pays, collabore étroitement avec les baathistes marocains et divers groupes de pression. Certaines factions politiques mauritaniennes envisagent l'avenir du pays comme indissociable du Maroc, et le parti SAWAB se présente comme le fer de lance de cette orientation.