Future Afrique -- A l’occasion du 8 mars, la Journée internationale de la femme, nous donnons la parole aux femmes. Toutes, des femmes, formidables dans le développement local, la gestion financière et la protection des droits humains surtout ceux de la femme et de la fille. Cette fois-ci, nous avons donné la parole, à la Présidente Zeinebou Taleb Moussa.

FUTURE AFRIQUE : Pourriez-vous vous présenter en partageant, si possible, un élément qui a fait de vous ce que vous êtes aujourd’hui, sur le plan de la formation, des droits humains ou sur le plan professionnel ?

Zeinebou Taleb Moussa : Sage-femme de formation, je suis, de par mon parcours académique et mon expérience, portée sur les domaines des droits humains et de la santé de la femme et de l’enfant. Et, à travers de nombreuses rencontres ici et ailleurs, j’ai eu la chance de suivre une série de formation en communication, en leadership et sur les droits humains.

Les différentes rencontres que j’ai eu à faire m’ont véritablement permis de mettre en relief l’importance de la contribution des femmes dans le développement. En me confrontant à leurs histoires, à leurs réalités et à leurs parcours, j’ai appris combien la volonté et la détermination sont les parfaits ingrédients de la réussite. J’aime aussi à me présenter comme une militante qui, a participé à l’émancipation de la femme mauritanienne.

Croyez-moi, je suis une militante engagée pour les droits et la santé des femmes et des filles depuis plus des décennies. De ce fait, je peux dire que mon parcours a été façonné par une profonde conviction que l’égalité et la justice sont essentielles pour un développement harmonieux de notre société.

J’ai rapidement compris que la lutte pour les droits humains, notamment ceux des femmes et des filles, nécessitait un engagement sans relâche.

C’est cette volonté de défendre les droits fondamentaux qui m’a conduit à occuper des responsabilités au sein de diverses organisations nationales et internationales et créer l’ONG Association Mauritanienne pour la Santé de la Mère et l’Enfant (AMSME) afin d’œuvrer pour un changement durable sur plusieurs plans.

Permettez-moi de souligner que très tôt, mes rencontres avec les femmes des différents continents et venues divers horizons ont forgé en moi cette forte détermination à porter des projets sur la santé et les droits de la femme.

Être femme a-t-il été un obstacle ou un avantage dans l’évolution de votre parcours dans la défense et la protection des droits de la femme et de la fille ?

Tout commence d’abord par l’environnement familial et social. Je tiens à dire qu’être femme dans un environnement où les inégalités persistent est à la fois un défi et une force. J’ai dû faire face à des résistances, des stéréotypes et des obstacles, mais, cela a renforcé ma détermination dans mes actions et activités.

Être une femme est à la fois un obstacle, un défi et un avantage, pour dire qu’il n’y a pas que des difficultés. Être une femme a été, à plusieurs niveaux, un avantage dans mon parcours professionnel. Nous faisons généralement preuve d’une certaine intelligence émotionnelle qui nous permet de gérer des questions relativement sensibles.

Pratiquement, chaque difficulté a été pour moi, source de motivation pour continuer à lutter et à prouver que les femmes ont leur place partout, où, des décisions sont prises. Car, être femme m’a permis de mieux comprendre les réalités et les souffrances de celles que je soutienne. Du coup, ces facteurs rendent mon engagement personnel et sincère.

Que représente la journée du 8 mars pour vous ? Tous les jours de l’année doivent-ils être le 8 mars ?

Le 8 mars est un symbole fort : c’est une journée de reconnaissance du combat des femmes à travers le monde et qui rappelle à chaque occasion des avancées, mais, aussi des défis qui restent à relever.

Toutefois, les droits des femmes ne doivent pas être commémorés une seule fois par an. Il est essentiel que chaque jour soit une occasion de promouvoir l’égalité, de dénoncer les injustices et d’agir pour un monde plus juste.

Il important de noter que la journée du 8 mars est également un rappel à la communauté internationale et aux pays qui doivent tout mettre en œuvre pour garantir aux femmes, le rôle déterminant qui leur revient. Et aussi, de les protéger de certaines traditions et pratiques, comme par exemple la mutilation génitale féminine et les différentes formes violences qui restent encore des phénomènes très choquants et à combattre avec force. Face à ses comportements même si des choses ont été faites, beaucoup reste à faire.

Quels conseils donneriez-vous aux femmes qui souhaiteraient s’inspirer de votre parcours ?

Je préfère partager mon expérience que de donner des conseils. La persévérance et la détermination sont essentielles pour toute personne qui souhaite réussir et apporter un changement.

En général, une femme pourrait hésiter à candidater à une fonction ou un poste si elle ne pense pas avoir toutes les chances de son côté. Ce que je peux dire à ces femmes, allez-y ! Prenez des risques même si vous doutez. Vous seriez étonnées du résultat quand la volonté et la détermination sont là !

Par la suite, j’encourage mes sœurs et mes filles à se former, à s’entourer de personnes partageant les mêmes valeurs et à oser prendre la parole et des initiatives. Nous devons continuer à créer un climat de confiance avec les hommes et ralliez-les à votre cause. Ils sont des fils, des frères et des époux.

Alors, restons engagées, passionnées. Toutes ensemble, soyons le moteur du changement et du développement.

Qu’est-ce qui vous pousse à vouloir être présidente de l’Observatoire national de défense des droits de la femme et de la fille ?

D’abord, je veux dire que l’ONDFF est un levier important de conseils et de plaidoyers. Il y a une certaine volonté politique pour faire entendre les voix des femmes et impulser les politiques publiques en leur faveur.

Ensuite, ma motivation principale se résume à ma grande expérience dans la mission et la gestion de cette institution de droits humains. Ayant participé à plusieurs travaux relatifs à sa création et à son évaluation donc être à sa tête me permettrait d’amplifier ce combat et d’apporter une contribution significative en termes de vision et de résultats à cette cause qui me tient à cœur.

Je rappelle ici qu’à travers AMSME, avec mes équipes et mes collaborateurs , j’ai pu élargir mon champ d’intervention pour venir en aide aux victimes de toutes les formes de violences et des personnes en difficulté. En plus au sein de l’AMSME nous avons développé nos relations et nos partenariats au service des citoyens.

Entretien réalisé par Aboubakrine SIDI