25-04-2025 18:03 - Tribune : Ma vision de la spécificité Haratine, en toute impartialité

Tribune : Ma vision de la spécificité Haratine, en toute impartialité

Initiatives News -- De prime abord, il convient de préciser que, contrairement à certaines prises de positions politiciennes empreintes de calculs dissimulés, cette publication n’a aucunement pour vocation de sonder le terrain du recensement général de la population, dans le but de déterminer quel groupe communautaire pèserait le plus sur l’échiquier démographique.

Je n’ai jamais adhéré à une telle perception dans une République où, selon les normes établies, les citoyens doivent être égaux en droits et en devoirs.

Autrement dit, cette réflexion ne vise nullement à manœuvrer, de manière subtile ou stratégique, pour inclure la communauté haratine dans l’ensemble afro-mauritanien, ni à l’insérer dans l’ensemble arabo-berbère, dans l’intention inavouée d’accorder un avantage démographique à l’un au détriment de l’autre. Telle n’est pas la finalité de cette démarche.

Bien au contraire, elle s’oppose frontalement aux visions étriquées dictées par des idéologies nationalistes, obsédées par un perpétuel déséquilibre entre des communautés dites majoritaires et d’autres dites minoritaires, selon des critères épidermiques ou socio-linguistiques.

Ces logiques binaires donnent lieu à un éternel tiraillement : les uns prônant la suprématie du facteur socioculturel, les autres celle de la couleur de peau. Une dualité stérile qui se résume, in fine, à un dialogue de sourds.

L’objectif ici est bien plus noble : contribuer, avec sincérité et honnêteté – sans prétendre que cela suffit à donner raison – à la réflexion sur la spécificité de l’identité haratine dans une Mauritanie plurielle et biraciale, où toutes les composantes nationales peuvent et doivent vivre en harmonie, dans la fraternité et la symbiose.

À mon sens, ce n’est ni aux Afro-Mauritaniens ni aux Arabo-Berbères de décider de la classification identitaire des Haratines. Je rejoins en cela le journaliste Sneiba Mohamed, qui écrivait sur sa page Facebook :

« Pourquoi fait-on de l’identité des Haratines une question que chacun regarde de l’angle qui lui convient ? Un enjeu de pouvoir ? Laissez les Haratines être eux-mêmes ! Personne ne peut décider pour eux. »

Et j’ose aller encore plus loin — sans prétendre imposer mon point de vue — en affirmant que même les Haratines, pris individuellement, ne peuvent trancher de manière définitive sur leur appartenance à un groupe plutôt qu’à un autre.

Ce rôle revient plutôt aux études anthropologiques, dûment menées et illustrées, qui doivent déterminer scientifiquement l’identité haratine, selon des critères rigoureux, dégagés de toute influence politicienne ou subjective.

Mais, dans l’attente de telles conclusions, si l’on me demandait aujourd’hui de proposer une classification, je répondrais, avec impartialité et sans aucun esprit de calcul, que les Haratines sont noirs, à l’image de leurs compatriotes Pulars, Soninkés et Wolofs. Toutefois, culturellement et linguistiquement, ils sont proches de leurs concitoyens arabo-berbères.

La question qui se pose alors est la suivante : entre l’inné (la couleur de peau) et l’acquis (la langue et la culture), lequel des deux éléments doit primer ?

À mon avis, les deux sont essentiels. L’identité haratine, pour s’épanouir et s’affirmer, a besoin de cette double composante. Car, qu’on le veuille ou non, les Haratines ne peuvent se détacher de leur culture et de leur langue hassaniyya. Et, de la même manière, ils ne peuvent renier leurs traits négroïdes.

Il en résulte, naturellement, une spécificité haratine. Spécificité qui les distingue à la fois de leurs frères arabo-berbères — car ils sont d’origine afro-mauritanienne — et de leurs frères Soninkés, Pulars et Wolofs — puisqu’ils sont, eux, de langue et de culture arabo-berbères.

Par conséquent, pour classer les Haratines, il suffit de combiner l’héritage négro-africain avec la dimension arabo-berbère : on obtient ainsi ce qu’on pourrait appeler les « Maures noirs ».

Une appellation déjà présente dans le lexique soninké, qui distingue entre Suran Binnu (Maures noirs) — désignant les Haratines — et Suran Xullé (Maures blancs), terme réservé aux Arabo-Berbères. Une terminologie qui colle bien à la réalité actuelle, en attendant, peut-être, une autre désignation plus appropriée.

Mais au-delà des différences linguistiques, culturelles ou physiques qui rapprochent ou éloignent les Haratines des uns et des autres, ne devrait-on pas s’interroger sur l’existence d’un dénominateur commun à toutes les communautés nationales ?

Ma réponse est sans équivoque : oui. Ce dénominateur commun, c’est la citoyenneté.

Une citoyenneté qui doit être placée au-dessus de toutes les considérations ethniques, culturelles ou raciales. Une citoyenneté forte, partagée, inclusive — socle d’une Mauritanie juste, équitable et prospère, où chaque citoyen est respecté dans sa dignité et dans sa spécificité.

Khalilou Youssoufi Tandia
– Juriste et Expert électoral



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Commentaires (6)

  • NDIEWO (H) 27/04/2025 07:49 X

    En réalité, les haratin et les arabo-berbères( hors castes) ont peut-être la même langue, mais ils n’avaient pas la même culture jusqu’à récemment. Les haratin et les autres castes mauresques conservent leur culture Afro-berbere.

  • NDIEWO (H) 27/04/2025 07:40 X

    Je suis désolé mais contrairement à ce que vos écrits, nous connaissons tous les origines des haratin. Partout dans les régions du Sud, après l’arrivée des colons, beaucoup de nos frères haratin détenus par des esclavagistes se sont enfuis pour venir s’installer dans leur localité d’origine bien qu’ils ont perdu leur culture d’origine. Nous avons tous des familles haratin qui ont des liens de sang avec des soninko et autres. Et malheureusement avec le droit de « cuissage » ( le droit de violer) dans l’esprit des esclavagistes beaucoup se sont métissés). Ne cherchent pas loin, et c’est connu de tous. Maintenant, si toi Soninké tu veux être Walowalo ou chinois, c’est ton problème. On a cette liberté de dire qu’on est d’une autre culture s’y immerge. Mais un noir même de culture arabe n’est jamais arabe, c’est comme un noir de culture Madarin ne sera jamais chinois physiquement.

  • ouldsidialy (H) 25/04/2025 23:25 X

    1)Les maures sont un peuple négro-berbéro-arabe par le sang , de langue arabe Maaquil et de dialecte hassani. Ils sont identitairement arabe. L'identité est spontanément intuitive pour un peuple comme pour une personnalité normale. Il n'y a que certains fous qui ne savent plus qui ils sont. C'est une erreur courante de penser que la génétique ou l'Histoire sont nécessaires aux peuples pour valider leurs identités. Cela donne lieu parfois a des débats abscons où tout se mélange sans rien démêler.

    2) Bidhan veut dire "les blancs". Ce peuple était blanc par son sang berbère et mâte par son sang arabe. L'enrichissement biologique par l'esclavage et les métissages consentis, a donné des maures noirs. Lesquels sont loin d'être tous d'ascendance servile dite haratin. Un haratin est souvent un métis avec une prédominance de sang nègre. Comme le maure très clair de peau est souvent à prédominance de sang berbère. Mais le sang ne donne pas l'identité ou l'identification de l'individu par lui-même.

    3) Les maures noirs ne sont pas une formation anthropologique. En parler ainsi , c'est comme présenter les personnes basanés de Turquie comme tels et les turcs aux yeux bleu comme autres chose.

    Dire "les noirs mauritaniens ou les Afro mauritaniens " égare aux Etats-Unis mais ne le peut pas en Mauritanie. Le noir est une couleur transversale à toutes les ethnies et ne dit rien de l'identité , du statue socio-économique ou symbolique de la personne, en Mauritanie. Mais la langue vient confirmer sa primauté identitaire. Un haratin parfaitement négroide ne passera pas pour soninké, car il parle arabe. Un maure dont le morphotype est semblable à un Touareg, ne sera pas vécu comme Touareg . Ce dernier étant de langue Amazigh.

    Les maures se reconnaissent entre eux quelque soient leurs nuances de peau. La reconnaissance psychologique de l'identité commune de manière discordante avec les morphotypes, existe partout dans le monde. Dans un pays comme la France, les migrants assimilés d'origine arménienne ou juive arabe se vivent et sont vécus comme populations européennes blanches.

    3) Il n'existe pas " un peuple noir"! La notion de peuple noir est imposé et s'est imposé par le séparatisme racial d'où qu'il vienne y compris éventuellement de la part des noirs eux-mêmes. Il existe en revanche, des peuples noirs ou majoritairement noirs et une humanité (noir) d'Afrique , forgée non par la couleur , mais par l'histoire , la géographie etc. Comme il existe une humanité( blanche) européenne qui est autre chose que l'humanité( noir) indienne.

    4) Un peuple n'est jamais monolithique dans sa culture ou sa sensibilité. On peut toujours y distinguer des sous-ensembles avec des différences de tempéraments , de sensibilité, de couleurs etc Les haratins sont des maures dont la sensibilité est marquée par l'oppression de l'esclavage mais aussi par la mémoire vivante de leur négritude. Il se sent, davantage qu'il ne se voit en Mauritanie, qu'un maure noir est un haratin; par des différences de sensibilités émotionnelles ou artistiques.

    Cela ne fait pas du haratin un non-maure, mais un homme inscrit dans une part mémorielle différente du maure noir non haratin ou du maure dit blanc.

    5)Tous les peuples connaissent cela. Les français du Midi ont été marqués par l'oppression du protestantisme huguenot et se distinguent des Ch'ties catholiques du Nord par leur sensibilité différente pour certains thèmes. Les alsaciens sont différents même sans accent de l'allemand régional ancien.

    Le peuple hal pullar est l'un des 5 ou 6 peuples d'Afrique dont la culture et la langue sont transversales au continent Africain. Ce peuple a des sous-ensembles produits par la géographie , l'histoire régionale et le mode de vie. Cela reste UN peuple. Les puular mauritaniens peuvent éclairer sur ce sujet sans même nous noyer dans la riche complexité de leur peuple; qui va de l'Afrique de l'ouest à l'Egypte en passant par le Nigéria. Ils peuvent rester en Mauritanie même et expliquer les nuances de sensibilité entre fulbés nomades et puular sédentaires. Si l'étranger a compris et le mérite, ils peuvent lui faire un cadeau bonus sur leur peuple au Macina ou au fuuta dialon.

    6) La distinction de l'identité des peuples en Mauritanie est simplissime pour qui veut traiter d'anthropologie humaine !! Après, il y a plain d'autres préoccupations légitimes. Mais cela n'a jamais été mon problème à titre personnel.

  • pyranha (H) 25/04/2025 19:46 X

    Faut pas verser dans la démagogie ou d'évoquer des raisons lointaines pour ce fléau qui plomb ce fléau.l'origine de ces haratines n'est pas mystérieuse ou lointaine. Ces haratines ne sont que le produit de leur compatriote poulars Soninké wolof bambara issus des razzias maures et arabes du Mali faut pas chercher dans le ciel ou dans les planètes.D'ailleurs jusqu'à ce jour ces pratiques sont là bien que des ONG l'interdisent pour la forme.

  • pyranha (H) 25/04/2025 19:46 X

    Mr. Tandia on'na pas besoin d'anthropologues de sociologues pour comprendre que nos haratines ne viennent ni du Yémen ni de la planète Mars. Pourquoi de fabriquer avec des théories fastidieuses et d'intellectuels inutiles quand on sait que les haratines ce sont justes des noirs Mauritaniens et maliens razies et transformés en haratines .Bien entendu que la culture obligatoirement change avec temps et c'est logique.

  • pyranha (H) 25/04/2025 19:35 X

    Voilà un débat superflu. L'origine des esclaves ou des haratines Mauritaniens n'est pas à chercher loin.ils sont issus des razzias et des traités esclavagistes qui ne datent pas de Mathusalem et qui perdurent à ce jour. Biram dah Abeid est là pourquoi ? N'est pas pour combattre cette animosité qui ne perdure que par la mécréance, l'islam ne l'a jamais autorisé.