25-04-2025 13:12 - Un homme d’affaires français raconte comment un ministre mauritanien lui a demandé une commission

Un homme d’affaires français raconte comment un ministre mauritanien lui a demandé une commission

Aqlame -- L'homme d'affaires et investisseur français, André Guelfi, raconte dans son autobiographie un témoignage vibrant et amer de son expérience en Mauritanie, après avoir été contraint de fermer deux sociétés de pêche, SOMAP et SOMIP, dans lesquelles il avait investi son argent, et il a quitté la Mauritanie définitivement après qu'un ministre du gouvernement de Ould Daddah lui ait demandé des commissions pour faciliter ses activités.

Par la suite, les autorités ont tenté de l'exploiter pour régler leurs comptes dans leurs conflits internes. Guelfi a indiqué que la Mauritanie représentait pour lui un territoire riche en opportunités prometteuses, mais cela a également constitué le théâtre de sa séparation définitive avec le monde maritime.

Il raconte comment son aventure d'investissement en Mauritanie a pris un tournant sombre. Guelfi a découvert qu'un ministre mauritanien (dans les années 60) demandait des commissions secrètes pour faire passer ses activités.

Dans une note secrète qu'il a remise personnellement au Président Mokhtar Ould Daddah, il a décrit en détail les montants qui avaient été versés de manière illégale, ce qui a conduit par la suite à l'arrestation du ministre concerné. Cependant, la tension a augmenté lorsque son successeur, Wane Birane, est devenu la cible d'une nouvelle conspiration.

Lorsque Guelfi a été convoqué à Nouakchott, il a rapidement réalisé que les autorités tentaient de l'utiliser pour renverser le nouveau ministre Birane, qui n'était pas impliqué dans l'affaire de la demande des commissions.

Guelfi a ajouté qu'il avait refusé d'être un outil dans un conflit interne, et a décidé de se retirer.

Dans un fax vertigineux qu'il a envoyé au ministre qu'il considère comme derrière cette machination, il a annoncé son départ définitif de la Mauritanie en disant : «Puisque le Président Mokhtar (comme on me l'a dit) ne “veut” pas m'accueillir, je ne reviendrai jamais dans son pays.

Par générosité, je lui offre un cadeau : je lui cède mes parts dans mes sociétés Somap et Somet. Je prédis qu'auparavant ces deux institutions ne tarderont pas à s'effondrer après mon départ...».

Ce départ soudain de l'investisseur et homme d'affaires français marquait également la fin de sa relation avec le domaine de la pêche maritime : «C'était la fin de mon histoire avec la mer... Moi et la mer, notre histoire est terminée».

Il ne garde de son aventure mauritanienne que le souvenir de cette prophétie amère qu'une voyante lui avait un jour murmurée : «Tout ce que vous construisez sur l'eau s'effondrera.»

Source : Article de l'ancien diplomate Ahmed Mahmoud Jemal



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Commentaires (4)

  • ouldsidialy (H) 26/04/2025 19:04 X

    Vraiment @pyranha ? vous n'imaginez pas qu'un homme vertueux puisse être corrompu ? Mais bon, laissons la complexité humaine.

    1) Cher pyranha, je me permet amicalement de partager avec vous une façon qui me permet de simplifier la compréhension des choses. On peut essayer de poser en premier le cadre primordial de leur nature, distinguer ce cadre de ses conséquences et prendre de la distance par apport au facteur humain pour mieux y revenir. Par exemple: poser que la corruption est primordialement un fait ou un objet économique, s'obliger à oublier pour l'exercice, ces implications morales en faisant abstraction de la personne et des personnes corruptrices et corrompues.

    2) c'est très artificiel mais je vous assure que cela change tout pour la compréhension des choses. Vous semblez beaucoup raisonner à partir des personnes pour l'appréciation des choses. C'est à la fin toujours vrai. Mais cela comporte plusieurs pièges pour réfléchir de façon utile et exploitable en voici 4 :

    a) Les personnes sont la composante la plus complexe de toute question: vous commencez par le plus difficile b) les jugements de valeur sur les personnes sont qualitatifs mais n'ont pas d'étalon indépendant de la personne qui émet les jugements ou des personnes de même opinion c) l'appréciation par jugement, peut devenir une facilité pour l'esprit qui obtient le résultat sans effort de travail sur les données du problème. d) "Tout est dans l'humain" est une conclusion pas une amorce ou un déroulé de raisonnement.

    3) Après, il y a aussi le cadre que l'on se donne Par exemple : on peut avoir pour objectif de faire de la militance politique et donc faire exprès d'être dans le jugement, d'incommoder, faire pression etc. Dans le cadre politique l'évidence est que l'on est dans un contexte de compétition entre personnes et groupes de personnes autodésignés par l'ambition de réaliser des objectifs altruistes. Il s'agit de parler des altruismes pour faire valider les "bonnes personnes".

    Dès lors, la tentation est encore plus grande d'attacher les objets aux personnes et de lier plus fortement la moral aux seules personnes. On peut en venir à courir à l'approche morale des choses. Ainsi les conséquences morales de la corruption peuvent apparaitre comme intéressantes à poser comme définition primordiale exclusive de la corruption et s'enfermer dedans.

    4) Mais on peut remarquer que l'argument moral nu est un argument de meeting. Le meeting est un exercice pour gens à demi convaincus ou convaincus puisqu'ils sont présents. Les idées morales ou altruistes trouvent facilement bonne réception au premier degré , car il y a une morale commune dont l'énoncé fait consensus, mais au-delà c'est chacun son angle de vue, sa sensibilité.

    On peut aussi remarquer que l' émotion légitime n'est pas une armature efficace pour étayer l'argument moral. Compter sur l'émotion pour ensuite espérer convaincre par ses conséquences morales confronte régulièrement à la déception. Au demeurant les émotions sont volatiles et deviennent rapidement suspectes en politique.

    5) Le piège, en militance cher @pyranha, est d'essayer d'atteindre des objectifs qualitatifs par des arguments qualitatifs. Ça ne marche pas toujours bien. On peut arriver à des contre résultats par des contre-emplois: affaiblir son point de vue par les jugements de valeur parce que l'on a pas fait le travail de l'exposé. Affaiblir l'exposé par l'absence d'étalon établi en dehors de son propre point de vue. Détourner l'attention là où on veut attirer l'attention, en raison d' arguments trop inscrits dans sa sensibilité et qui déclenche des contres sensibilité etc. Mais ces choses-là, vous les connaissez, puisque vous raisonnez beaucoup en tenant compte des personnes et de la personne, dans vos opinions. Ce qui est important en effet.

    Amicalement

  • pyranha (H) 26/04/2025 11:14 X

    Moi mon problème est que comment des problèmes de ce genre puissent se produire avec le régime du Président Moctar O/ Daddah qui était un véritable homme vertueux d'après des dires concordants.

  • ouldsidialy (H) 25/04/2025 20:49 X

    Il est universellement connu que les personnes qui ont une tournure d'esprit de voyou, des mafieux et psychopathes, peuvent agir en hommes courageux, patriotes, voir en héros, dans des circonstances particulièrement difficiles pour leur pays ou leur société. Passé les circonstances exceptionnelles, Ils agissent d'après la logique de leur marque de fabrique psychologique aidée par le crédit que leur a donné légitimement leurs agissements vertueux. En France, ce genre de personne a pris les bonnes postures et accomplit l'intérêt de son pays, quand celui-ci résistait à l'oppression (occupation allemande) ou se battait pour maintenir l'oppression qu'il exerçait sur les autres (décolonisation et néocolonialisme).Dédé la sardine faisait partie de ce genre de personne. Elles ont été assez nombreuses en activité, durant les années 1960 jusqu'aux années 90, en France.

  • aristocrate (F) 25/04/2025 14:42 X

    Les français sont plus corrompus que les mauritaniens, ils ont semé la Corruption partout en Afrique ( bolloré est un exemple). Laissez nous tranquille et rester chez vous, vos investissements ne nous crée que des problèmes ( Agence Française de Développement est un exemple , mêlée dans dans pas mal de malversation financière