15-05-2025 02:13 - La peine de l'ex-président mauritanien Mohamed Ould Abdel Aziz alourdie à 15 ans de prison en appel

RFI AFRIQUE -
Jugé en appel depuis le mois de novembre 2024 pour avoir abusé de son pouvoir en vue d'amasser une immense fortune, l’ancien président mauritanien Mohamed Ould Abdel Aziz a été condamné à une peine plus lourde qu'en première instance, ce mercredi 14 mai : il écope de quinze ans de prison ferme, au lieu de cinq ans initialement.
Après six mois d’un nouveau procès pendant lequel l’ex-président mauritanien - accusé d'avoir amassé une importante fortune quand il dirigeait le pays - a dû justifier de l’origine de sa richesse, la cour d'appel de Nouakchott a estimé, mercredi 14 mai, que celui-ci s’était non seulement rendu coupable, une nouvelle fois, d’« enrichissement illicite » et de « trafic d’influence », mais aussi de « blanchiment », ce qui l'a conduit à prononcer contre lui une peine beaucoup plus lourde que celle à laquelle il avait été condamné en première instance.
Confirmant la confiscation de ses biens ainsi que la décision de le déchoir de tous ses droits civiques, le tribunal l'a aussi condamné à quinze ans de prison ferme au lieu de cinq ans auparavant, peine que l’ex président – qui a toujours qualifié ce procès de complot politique – a accueilli impassible, selon plusieurs témoins présents au tribunal.
«C'est injustifié, c'est d'ailleurs ça le gros problème. Qu'une décision soit sévère, on peut le comprendre. Mais qu'une peine intervienne comme cela, sans être fondée sur aucun critère légal, ça veut dire qu'il y a d'autres éléments que ceux qui sont dans la procédure qui entrent en jeu », a pour sa part réagi Taleb Khayar, l’un des avocats de l’ex président.
De façon plus générale, la défense, qui promet un pourvoi en cassation, estime, elle, que la condamnation de Mohamed Ould Abdel Aziz pour « blanchiment » ne tient pas car la loi sur ce crime a été promulguée après le début du procès, affirme-t-elle.
Descente aux enfers
Face à cet argumentaire, les avocats de la partie civile affirment toutefois, à l'inverse, que la ratification par la Mauritanie d'un certain nombre de conventions internationales permettait de retenir ce délit et que la culpabilité de l'ancien président qui s’est révélé au cours de ce nouveau procès ne fait pas de doute.
«Ould Abdel Aziz n'a pas nié qu'il s'est enrichi illicitement. Voilà donc une décision historique, parce que ce n'est pas très courant qu'un chef d'État soit condamné pour corruption et pour des actes d'enrichissement illicite. On espère que cette décision aura un effet de pédagogie pour le peuple mauritanien et permettra une prise de conscience de la part de la classe politique », déclare ainsi Me Lo Gourmo Abdul.
À 68 ans et après plus de dix ans à la tête de la Mauritanie, Mohamed Ould Abdel Aziz devient l’un des rares ex-chefs d’État condamnés pour enrichissement illicite dans l’exercice du pouvoir. Détenu depuis le 24 janvier 2023 après avoir déjà passé plusieurs mois en détention en 2021, il poursuit donc sa descente aux enfers sous son successeur, Mohamed Ould Cheikh El Ghazouani, qui fut pourtant l’un de ses plus fidèles compagnons par le passé.
Avec notre correspondante régionale,
Léa-Lisa Westerhoff