01-08-2025 12:46 - La soif gagne la capitale, la population à bout face à une crise de l’eau sans précédent

Shems Maarif -- Depuis plusieurs semaines, Nouakchott vit au rythme d’une pénurie d’eau qui touche la majorité de ses quartiers. Des zones entières de la capitale sont à sec : les robinets ne coulent plus, les bassins sont vides, et même les bornes fontaines censées alimenter les charretiers sont hors service. Une situation intenable pour les habitants, qui vivent au quotidien le stress et les difficultés liées à l’absence de ce bien vital.
Dans le quartier populaire de Tarhil, Khadijetou, mère de cinq enfants, raconte sa détresse :
« Cela fait plus de dix jours que je n’ai pas vu une goutte d’eau dans mon robinet. Je me lève à 5h du matin, je fais la queue aux rares points de vente, parfois pour rien. Et quand on trouve de l’eau, c’est à des prix qu’on ne peut pas se permettre chaque jour. »
Même son de cloche à El Mina, Arafat ou encore Dar Naïm. Les populations les plus vulnérables sont en première ligne. Les charretiers, qui approvisionnent de nombreux foyers, peinent à remplir leurs fûts.
Sidi, 27 ans, charretier depuis l’adolescence, se dit dépassé par la situation :
« Il n’y a plus d’eau à la borne. On se bat entre nous pour quelques seaux. Les clients nous appellent, crient, mais nous n’avons rien à leur livrer. Même les 200 litres que je livrais à 150 ouguiyas sont devenus introuvables. »
Du côté des commerçants, les conséquences commencent également à se faire sentir. Mohamed, épicier à Sebkha, se plaint des effets indirects sur son activité :
« Sans eau, les femmes ne peuvent plus cuisiner, laver, rien. Elles achètent moins, la demande baisse, et les gens n’ont plus la tête à faire des courses. Moi aussi je dois acheter de l’eau à prix fort pour nettoyer la boutique. »
À ce jour, les autorités n’ont pas encore apporté de réponse claire sur les raisons de cette pénurie ni sur les mesures urgentes envisagées. Entre silence institutionnel et absence de solutions immédiates, la colère monte. Dans certains quartiers, des habitants menacent d’organiser des sit-in devant les locaux de la Société Nationale de l’Eau (SNDE).
Fatou, une autre mère de famille à Basra, résume l’angoisse collective :
« L’eau, c’est la vie. Et là , on est en train de nous en priver. Si ça continue, ce ne sera plus une crise, ce sera une catastrophe. »
Alors que l’été bat son plein, et que les températures dépassent souvent les 40°C, la situation devient critique. Dans une ville où les besoins en eau sont en constante augmentation, les habitants de Nouakchott attendent des mesures concrètes. Et vite.