08-08-2025 16:33 - La malédiction de Sidioca: quand les loups brisent le pacte, le sang les suit. Par Pr. ELY Mustapha

La malédiction de Sidioca: quand les loups brisent le pacte, le sang les suit. Par Pr. ELY Mustapha

Pr. ELY Mustapha -- Sidi Mohamed Ould Cheikh Abdallahi, dit Sidioca, un soufi paisible, fut propulsé au sommet d’un État miné par les trahisons, les prébendes et les casernes. Il ne portait ni uniforme, ni rancune. Il croyait à la sagesse. Il parlait peu. Il priait plus qu’il ne commandait. Mais les loups veillaient.

Il leur a tendu la main. Ils l’ont mordue.

Ils l’ont encerclé. Ils ont affaibli son autorité. Ils ont bloqué ses décrets à l’Imprimerie officielle. Ils ont monté les parlementaires contre lui. Ils ont sapé ses alliances. Ils ont semé le doute, utilisé sa famille, sali sa femme. Puis ils ont lancé l’assaut.

Le 6 août 2008, Mohamed Ould Abdel Aziz, son propre chef de garde, frappe. Coup d’État. Les communiqués militaires se succèdent. Sidioca est prisonnier.

Ce jour-là, les Mauritaniens ont applaudi.
Mais le pays venait de signer un pacte maudit.
Depuis, le malheur ne les a plus quittés.

Dans le Coran, la malédiction touche ceux qui trahissent la vérité, rompent leurs engagements, pratiquent l’injustice ou refusent la guidance.

Elle n’est pas symbolique, elle est réelle, destructrice, durable, parfois générationnelle.

Elle frappe les peuples, les chefs, les hypocrites.

Elle ôte la baraka, ferme les cœurs, bloque les issues.

C’est peut-être ce que la Mauritanie a hérité depuis le 6 août 2008.

فَبِمَا نَقْضِهِم مِّيثَاقَهُمْ لَعَنَّاهُمْ

“Parce qu’ils ont rompu leur engagement, Nous les avons maudits.”

Sourate An-Nisa, 4:155

Rompre une alliance, une parole donnée ou trahir un mandat est cause de malédiction divine. Ould Abdel Aziz, le putschiste glorifié, s’est cru invulnérable. Il a gouverné dix ans, en accumulant pouvoir, biens, humiliations. Il a muselé les voix, trafiqué les marchés publics, dilapidé les biens de l’État. Il a piégé l'économie dans un modèle de prédation clanique.

Puis est venu le tournant : Ghazouani, son frère d’armes, son successeur désigné, s’éloigne. Le sol se dérobe. La justice se réveille. Le dossier du siècle l’étrangle : le procès de la décennie, 29 milliards détournés. L’ex-président est jugé, condamné, humilié.

Le tombeur de Sidioca tombe à son tour.

Autour, les fidèles d’hier se taisent ou fuient. Le système se fissure. Les affaires s'enlisent. La SNIM vacille. L’État paie des fonctionnaires qui ne travaillent plus. Le chômage explose. Les jeunes fuient par la mer. L’administration pourrit. L'opposition se délite. Le peuple ne croit plus à rien.

Et Ghazouani ? Il tient le trône comme on tient une braise. Chaque décret aggrave une fracture. Chaque remaniement trahit une impasse. Il a hérité d’un appareil vicié. Des fonctionnaires clients. Des généraux rois. Un pays qui a vendu son âme pour une illusion de stabilité.

La malédiction de Sidioca est totale.

Car on n’humilie pas un soufi sans en payer le prix.

Ce président, jugé faible, s’était contenté d’agir selon sa conscience. Il avait tenté d’indemniser les victimes de la déportation. Il avait baissé son salaire de 25 %. Il avait demandé des comptes aux compagnies publiques. Il avait refusé de céder aux clans.

Mais dans un pays dressé sur la prédation, la justice est une hérésie.

Ils l’ont sacrifié.

Et depuis, chaque main qui l’a poignardé saigne à son tour.

Ce n’est pas une croyance. C’est un constat.

Ils l’ont renversé. Ils sont tous tombés.

- Ould Abdel Aziz : président tout-puissant, aujourd’hui prisonnier condamné. Humilié.

- Le général Ghazouani : piégé par un régime hérité, bloqué de l’intérieur. Déboussolé.

- Les parlementaires frondeurs : réduits au silence, minés par leur propre cynisme.

- Les affairistes de l’ombre : enrichis hier, exposés aujourd’hui.

Même les militaires doutent. Même les barons s'inquiètent. Le pays n’a plus de cap. L’État est devenu un théâtre d’ombres, dirigé par des hommes sans paix, sans vision, sans mémoire.

Le peuple se souvient.


Il se souvient de ce président effacé, moqué, silencieux. Mais il voit aujourd’hui que lui seul avait parlé de justice, de réconciliation, de dignité.

Sidioca n’a pas perdu le pouvoir. Il l’a quitté avec la conscience tranquille.

Ceux qui l’ont pris, eux, l’ont payé.

Et le paient encore.

Pr. ELY Mustapha



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Commentaires (3)

  • isthme (H) 09/08/2025 12:36 X

    @activiobservat Il n'y a pas pire aveugle que celui qui ne veut pas voir

  • yawonni (H) 08/08/2025 21:07 X

    Cet article ne falt que confirmer le fatwa de Madina Baye Niass. Il est certain que les tombeurs de Sidioca auront une fin qui restera gravee dans les archives . Wait and see ...la suite in cha allah

  • activiobservat (H) 08/08/2025 20:10 X

    Diaspora pages- Notre cher Pr. ELY Mustapha, vous paraissez sincère et honnête dans cet article mais n’oubliez jamais s’il vous plait que le président feu Sidi Oul Cheikh Abdellahi n'était pas un homme politique, il était un haut et ancien cadre de l’administration de longue expérience, un homme pieux. La présidence n'était pas son projet.C'est feu Ely Oul Mohamed Val (cousin de l'épouse de Sidi) qui a préparé Sidi pour être président.Feu Ely et l'ancien président Oul Abdel Aziz avaient préparé Sidi, l'avaient appuyé et investi à la présidence.Le mérite leur revient à eux seuls (Ely et le duo Aziz avec Ghazouani) dans le processus de démocratie exécuté en 2007.Sidi avait accepté cet honneur, et il n'était qu'une pièce du processus.Mais d’autres groupes civils politiques et tribaux étaient venus entourer Sidi et se greffer sur son système, et la manière dont ces groupes d’individus civils avaient encadré le président feu Sidi avait été fatale pour le pays, nous en subissons encore les conséquences jusqu’à aujourd’hui.Ces individus avaient poussé Sidi à se mettre en conflit avec les militaires de manière non étudiée alors que ce sont ces militaires qui l’ont créé et placé, et ce qui est arrivé est arrivé.C’était affreux.Cette situation a poussé les militaires concernés à prendre le pouvoir bien qu’ils n’y pensaient pas du tout et qu’ils ne pensaient pas en être capables.Et l’affreuse gabegie surtout du 2ème mandat de la dernière décennie a eu lieu.Parmi ces groupes d’individus civils qui avaient entouré Sidioca certains sont certes des gens dignes et dont l’action avait été utile dans l’histoire du pays aux moments difficiles où il y avait un besoin de révolte pour recouvrer des libertés et des souverainetés, ils sont capables de sacrifices et d’activisme utile pour cela.Mais, pour exercer le pouvoir ou l’encadrer de très près, cela n’est pas leur point fort.Ils doivent éviter de se livrer à ce genre de jeu qui peut être parfois fatal pour notre Etat qui est encore fragile.Ils doivent éviter de se livrer à ce genre de jeu aussi bien avec feu Sidi qu’avec Oul Ghazouani actuellement qu’ils risquent de mettre en conflit avec les militaires et avec la société.Sidioca devait coordonner avec ceux qui l’avaient placé comme président sinon démissionner en gardant son honneur, mais malheureusement il n’avait démissionné que de manière forcée après que son honneur dans l’affaire a été souillé.Notre cher Pr. ELY Mustapha, détrompez-vous, il n’y a pas de malédiction dans cette affaire.Ceux que vous qualifiez comme les loups du système n’ont pas subi de malédiction dans cette affaire plus qu’ils n’en auraient dû peut-être subir auparavant.Les parlementaires frondeurs sont actuellement nommés dans des postes parfois plus importants et plus juteux que là où ils étaient avant, Oul Ghazouani a été proposé par consensus et est devenu président et il s’en sort plutôt bien car il ménage tout le monde dans cette patate chaude de ce mauvais héritage.Seul L’ex président Aziz a pâti dans cette affaire, mais si les peines et poursuites judiciaires ne lui laissent que 1% ou 2% de sa fortune soyez sûr qu’il ne sentira aucune malédiction.