09-08-2025 17:08 - Crise de l’eau : après des semaines de soif, un retour partiel de la production qui ne fait pas oublier les carences

Crise de l’eau : après des semaines de soif, un retour partiel de la production qui ne fait pas oublier les carences

Mauriweb - Il aura fallu plusieurs semaines de pénurie d’eau dans la capitale et certaines villes de l’intérieur, marquées par l’angoisse quotidienne des familles et des scènes de désespoir aux points de ravitaillement, pour que le ministère de l’Hydraulique et de l’Assainissement communique enfin. Entre silence officiel, absence de plan préventif et gestion de crise tardive, la confiance des citoyens est sérieusement ébranlée.

Dans un communiqué publié mercredi 6 août, le ministère annonce que ses équipes techniques sont parvenues à mettre en service deux nouvelles unités de la station de désembouage de Beni Naaji, portant la production à environ 75 % de la capacité maximale.

Selon le département, cette installation constitue un « remède définitif » au problème de la vase qui affectait depuis longtemps la production du système Aftout Essahli.

Si la remise en marche progressive de la station est une bonne nouvelle pour des dizaines de milliers de ménages, elle ne saurait faire oublier l’absence totale d’anticipation qui a conduit à cette crise. Le ministère n’a pas communiqué pendant de longues semaines, laissant proliférer rumeurs et inquiétudes.

Dans plusieurs quartiers, la situation a été qualifiée de catastrophique, obligeant certains habitants à parcourir plusieurs kilomètres pour se procurer quelques bidons d’eau, parfois à des prix exorbitants.

Le secteur de l’eau a pourtant bénéficié ces dernières années de milliards d’ouguiyas d’investissements, financés à la fois par l’État et par les partenaires internationaux. Mais cette manne n’a pas empêché une rupture prolongée qui a touché la capitale politique, économique et administrative du pays.

Face à une ressource aussi vitale, il est inacceptable qu’aucun dispositif de secours rapide ne soit prévu pour garantir un approvisionnement minimal en cas de panne ou de travaux sur le réseau principal.

La crise de l’eau qui vient de frapper Nouakchott révèle une vulnérabilité structurelle du système de production et de distribution, ainsi qu’une absence de communication de crise adaptée. Il est temps que le gouvernement mette en place un plan stratégique de sécurisation de l’approvisionnement en eau, incluant :

des sources alternatives mobilisables en urgence,

un entretien régulier des équipements,

une information transparente des usagers,

et un suivi public des projets financés par l’État et les bailleurs.

Tant que ces mesures ne seront pas prises, les habitants resteront à la merci de nouvelles coupures prolongées – et ce, en dépit des milliards injectés dans le secteur. Une capitale moderne ne peut se permettre de vivre plusieurs jours, voire semaines, sans eau potable.





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Commentaires (3)

  • clean clean (H) 10/08/2025 06:43 X

    Resserrez les vannes, et vous assoiffez des quartiers entiers. Réparez les fuites, et vous rendez l’eau à tous. On ne modernise pas une ville quand certains n’ont pour robinet que des charrettes et des bidons jaunes.

  • clean clean (H) 10/08/2025 06:41 X

    Au lieu de jouer sur le resserrement des vannes pour limiter les interventions de raccordement des tuyaux cassés — au risque de léser certains ménages ou quartiers dont le réseau de distribution est mal conçu ou insuffisamment profond — il serait plus judicieux de mettre en place des équipes spécialisées, chargées de réparer rapidement les fuites. Il est tout aussi urgent d’étendre le réseau d’eau potable à l’ensemble des quartiers. Il est inadmissible que l’on injecte des milliards dans la modernisation urbaine alors que certains habitants n’ont toujours pas accès à l’eau autrement que par les charrettes ou les bidons jaunes, tristement devenus un symbole.

  • clean clean (H) 09/08/2025 19:08 X

    Le retour de l’eau reste partiel, malgré le communiqué annonçant une solution définitive. Dans certains quartiers de la capitale, les robinets demeurent à sec. En théorie, les 75 % de rétablissement annoncés devraient permettre un retour global de l’eau, même si ce n’est qu’à faible pression. Cependant, ce chiffre doit être pris avec la plus grande prudence, tout comme ceux avancés par la ministre lors de sa visite à Nouadhibou. Aucune source indépendante ne nous permet de vérifier ces déclarations, souvent relayées sans réelle vérification.