06-09-2025 07:00 - La wilaya favorisée : L’Assaba (berceau du président Ghazouani)

Aqlame -
La wilaya de L’Assaba, située au centre de la Mauritanie, constitue la quatrième wilaya du pays par sa population, avec environ 474 000 habitants, soit 9,1 % de la population totale. Sa superficie est d’environ 33 800 km², ce qui représente 3,2 % du territoire national.
Sur le plan législatif, L’Assaba est représentée au Parlement par 14 députés (10 élus issus des cinq moughataa de la wilaya et 4 élus sur les listes nationales), sur un total de 176 députés, soit 7,95 % de l’Assemblée nationale.
Malgré ce poids démographique et géographique limité, et une représentation parlementaire relativement modeste, les ressortissants de L’Assaba jouissent d’une influence considérable au sein des institutions de l’État et des centres de décision, tant sur le plan exécutif que financier, économique ou diplomatique.
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1. Au niveau exécutif
Les fils de L’Assaba occupent des postes essentiels et stratégiques dans l’exécutif, parmi lesquels :
• Présidence de la République,
• Directeur de Cabinet de la Présidence,
• Ministre de l’Intérieur,
• Ministre des Affaires étrangères,
• Ministre de l’Économie et des Finances,
• Ministre de l’Enseignement supérieur,
• Ministre du Domaine et des Affaires foncières,
• Ministre de la Culture et porte-parole du gouvernement.
Ainsi, les ressortissants de la wilaya – en plus de la Présidence – détiennent 21,21 % des portefeuilles ministériels, un pourcentage nettement supérieur à leur poids démographique et parlementaire.
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2. Comparaison avec les quatre présidents précédents
• Mohamed Ould Abdel Aziz (2008–2019) : aucun ministre originaire de l’Inchiri (sa wilaya natale), soit 0 %.
• Sidi Mohamed Ould Cheikh Abdallahi (2007–2008) : deux ministres issus du Brakna (sa wilaya d’origine) sur 30, soit 6,6 %.
• Ely Ould Mohamed Vall (2005–2007) : aucun ministre de l’Inchiri, soit 0 %.
• Maaouya Ould Sidi Ahmed Taya (1984–2005) : aucune représentation significative de l’Adrar (sa wilaya d’origine), soit 0 %.
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3. Au niveau de la gestion financière
Dans l’administration mauritanienne, les secrétaires généraux sont les véritables gestionnaires des budgets. Les ressortissants de L’Assaba occupent huit postes de secrétaires généraux, répartis entre :
• Présidence de la République (Directeur de Cabinet),
• Primature (Directeur de Cabinet),
• Secrétariat général du gouvernement (Secrétaire général adjoint),
• Ministère de la Santé,
• Ministère de l’Équipement et des Transports,
• Ministère de l’Agriculture et de la Souveraineté alimentaire,
• Ministère de la Formation professionnelle,
• Tadamoun (Solidarité nationale et lutte contre l’exclusion).
Ces responsables administrent environ 259 milliards d’ouguiyas anciennes (25,9 milliards MRU), soit 22,18 % du budget national 2025. De plus, une ressortissante de L’Assaba préside l’Autorité de régulation des marchés publics, l’organe suprême chargé de la transparence des grands appels d’offres.
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4. Au niveau économique
L’influence de la wilaya s’exprime également dans le secteur économique :
• La présidence de l’Union nationale du patronat mauritanien,
• La détention de 3 banques privées sur 11 (27,27 %),
• La mobilisation de projets d’envergure dans le domaine de l’eau et de l’énergie, d’une valeur supérieure à 300 millions USD, financés principalement par les Émirats, le Fonds arabe de développement et la Banque mondiale, en plus d’apports nationaux.
Selon la dernière enquête de l’Agence nationale de la statistique et de la démographie, le taux de chômage à L’Assaba est tombé à 21 %, soit dix points de moins que la moyenne nationale (31 %).
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5. Au niveau diplomatique
En plus du ministère des Affaires étrangères dirigé par un natif de la wilaya, 10 ambassades sur 30 sont tenues par des ambassadeurs originaires de L’Assaba, soit 33,3 % du corps diplomatique :
• Riyad,
• Doha,
• Téhéran,
• Brasilia,
• Madrid,
• Damas
• Bagdad,
• Alger,
• Abou Dhabi,
• et la Mission permanente à Genève.
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Conclusion
Le cas de L’Assaba et l’influence étendue de ses élites et opérateurs économiques sous la présidence de Mohamed Ould Cheikh El Ghazouani représentent une situation unique dans l’histoire politique récente de la Mauritanie. C’est un exemple révélateur de la manière dont les liens de parenté et d’origine régionale peuvent se convertir en capital politique et économique, transformable en pouvoir, en ressources et en prestige.
Compte tenu du poids démographique limité de la wilaya et de sa représentation parlementaire modeste, la question de la justice distributive et de l’équilibre régional entre les quinze wilayas demeure posée avec acuité :
Où est la justice distributive ? Où est l’équilibre entre les wilayas du pays ?
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Dr Mohamed A. Dowmane
Médecin et écrivain – Résidant à New York