06-09-2025 18:00 - Haratines: une particularité, oui, mais un particularisme c'est non !!!

La condition des Haratines en Mauritanie est évoquée fréquemment dans les médias, sur les réseaux. Certains haratines voudraient qu'on leur foute la paix et qu'on les laissent vivre sans "nuisances sonores".
Mais ces derniers doivent aussi savoir que leur souhait est couvert par la portée de leur condition humaine. Un sujet saisi par les commis de l'universalisme et qui transcende désormais nos petites querelles tropicales. Un article paru sur Face book, écrit par un certain Sidi Soueid Ahmed, et qui m'a été envoyé par un ami hartani intellectuel et modéré, a attiré mon attention.
L'article commence par : "donnons-leur leur identité. Reconnaissons leurs particularités". Je ne suis pas d'accord avec ce monsieur dont j'ignore l'identité et qui pourtant m'a séduit avec son argumentaire, structuré.
Puisque je n'ai pas besoin de l'identité de ce Sidi Soueid Ahmed pour me pencher davantage sur la condition des Haratines. Si on veut standardiser les Haratines, en leur accordant un statut particulier en amont, de par leur passé douloureux, on risque de passer à côté de la plaque dès le prologue à notre construction intellectuelle.
Si bien sûr cette démarche intellectuelle vise à ériger une société de citoyenneté en aval. Toutes les sociétés humaines sont passées par la pratique de l'esclavage, de l'asservissement, de la domination. C'est un principe intangible , inscrit dans les chromosomes humains qu'est le suprématisme, dès lors que deux êtres humains se rencontrent, l'un devient une "proie" pour l'autre.
Certes les Haratines ont une particularité, car c'est une entité qui a été marginalisée, meurtrie par des siècles de labeurs, exploitée etc...
C'est même une singularité, par rapport aux autres esclaves issus des autres composantes mauritaniennes que sont les Peulh, les Soninké et les Wolofs. Ici le choc est invisible puisque les protagonistes sont tous noirs. Chez les Soninké, la liberté de conscience est bannie. Un esclave ou un forgeron le resteront même s'ils sont Chef d'Etat-Major ou ministre de la République.
Chez les Maures, un Hartani riche, épanoui ou un forgeron peuvent aspirer à épouser une mauresque blanche, puisque la société évolue vers la consommation pour que tombent les masques du conservatisme ou du puritanisme. Donc particularité pour les Haratines oui, mais particularisme ...identitaire non, puisque c'est le contraire à toute société de citoyens égaux devant la loi.
La Mauritanie nouvelle sera une République composée de citoyens et non de Haratines anciennement persécutés, de beidanes dominateurs, de Peulh et de Soninké conservateurs ou de Wolofs émancipés. Tous ..citoyens mauritaniens égaux devant la loi, ceci est une aspiration de toute République.
Ceux qui veulent soustraire les Haratines de l'ensemble maure, en poussant à la victimisation aux relents coloriels, ignorent certains atouts de la sociologie. Les Noirs d'Amérique voudront vivre comme les Blancs, les Haratines de Mauritanie une fois "lâchés", vivront comme les Beidanes, puisqu'ils ont la même culture.
Avec le temps, ce métissage biologique permettra l'émergence d'un nouveau citoyen ignorant les vicissitudes du passé. Ce sont les règles de la vie et personne ne pourra les arrêter, puisque l'ordre de la nature est constant. Particularité oui, particularisme, c'est non, car c'est contraire à la notion de citoyenneté à laquelle nous aspirons tous un jour./.
ELY SIDAHMED KROMBELE, FRANCE