Malgré le respect que je voue à Oumère, je ne me reconnais que dans la bonne et vieille maxime, celle qui nous est parvenue à travers les âges, survivant à la mémoire de son auteur, forte, irréfutable, pertinente : toute vérité n’est pas bonne à dire.

Evidement nombreuses sont les voix qui me rétorqueraient en chœur et bien vite que nous sommes en démocratie, donc libres de dire et révéler toute vérité. Mais grande est la différence entre un droit dont nous pouvons user à notre guise, et l’obligation de le faire. C’est devant un juge qu’il nous est imposé de dire la vérité, toute la vérité, rien que la vérité. Car il ya des vérités qui font mal et qu’il est préférable de taire.

J’en veux pour preuve le déballage médiatique auquel se livre la presse en nous distillant avec force détails tous les apartés que nos illustres hommes politiques ont cru bon d’avoir avec Monsieur Denis Hankins, le Chargé d’Affaires Américain.

Il est clair que cette période trouble de notre histoire récente nous a fait perdre tous les repères et nos valeurs, mus que nous étions par le seul moyen d’aboutir à nos fins, qu’importe le moyen. Tous les seuils ont été dépassés à tel point qu’aujourd’hui, avec du recul, certains sont enclins à penser que l’américain en rajoutait un peu. Possible, mais pas de fumée sans feu.

Mensonges grossiers ou vérités sans équivoque ? Cela importe peu puisque cette page est désormais close. Que pourrons-nous en tirer sinon alimenter la zizanie entre nous ? Sur cette question-là, privons nous de notre liberté de tout dire, et cessons de nous flageller les uns les autres, par la diffusion de cette vérité sous l’autorité de laquelle il est malsain de se placer.

Ce faisant, aurons-nous failli au devoir d’information? Aurons-nous préféré le mensonge à la vérité? Que non bien sûr, nous aurons seulement su isoler la bonne graine de l’ivraie et rehausser le niveau de nos débats.

Je suis content de constater qu’aucun de nos hommes politiques dans un camp comme dans l’autre, n’a cru bon de réagir aux diverses discrétions, ce qui constitue de mon point de vue une attitude responsable. Mais peut-être bien que pour les gens de l’Iguidi, c’est là la preuve que tous ces braves gens avaient profité de leurs apartés avec l’américain pour dire tout ce qu’ils avaient sur le cœur, et qu’ils n’ont plus rien à dire. Alors, tournons-nous ailleurs.

Mohamed Abdallahi Ould El Houssein

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