21-02-2025 11:51 - Vu d’Algérie. Sahara occidental : Paris “cherche une nouvelle escalade” avec Alger
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Courrier du Nord - L’Algérie ne décolère pas et le fait notamment savoir à travers cet éditorial de “L’Expression”. Il dénonce la visite de Rachida Dati au Sahara occidental, qu’Alger considère comme la traduction d’un “mépris insigne de la légalité internationale”.
Le gouvernement français ose une provocation de plus à l’endroit de la légalité internationale. La visite de la ministre de la Culture française [les 17 et 18 février], Rachida Dati, à Dakhla, au Sahara occidental, contredit tous les usages diplomatiques en vigueur.
L’Algérie, à travers son ministère des Affaires étrangères [MAE], qualifie ce précédent dans les annales de la question sahraouie [comme relevant d’une] “gravité particulière”.
La visite “condamnable à plus d’un titre”, estime un communiqué du département d’Ahmed Attaf, “traduit un mépris insigne de la légalité internationale”. Cette attitude est d’autant plus problématique qu’elle émane d’un pays “membre permanent du Conseil de sécurité” et “aide à la consolidation du fait accompli marocain au Sahara occidental”, souligne la même source. Cela, tout en rappelant qu’“un processus de décolonisation reste inachevé et où l’exercice d’un droit à l’autodétermination demeure inaccompli”.
L’argumentaire d’Alger, conforme au droit international [le Sahara occidental est inscrit depuis 1963 sur la liste des territoires à décoloniser], en vigueur depuis la création de l’ONU, ne souffre d’aucune ambiguïté. Au contraire de la posture du régime de Paris qui rappelle un penchant coupable en faveur d’un régime colonialiste [marocain]. Et lorsqu’on sait la couleur politique des partis français qui poussent à la reconnaissance de la prétendue marocanité du Sahara occidental, on peut deviner un agenda idéologique proche des thèses colonialistes. Une sorte d’alliance entre le Makhzen [la monarchie marocaine] et l’extrême droite française.
De fait, cette “visite malvenue du membre du gouvernement français renvoie l’image détestable d’une ancienne puissance coloniale solidaire d’une nouvelle”, constate à juste titre le communiqué du MAE. L’Algérie retient également de cette démarche à contre-courant de la marche de l’histoire un discrédit “du gouvernement français” qui “se disqualifie davantage et s’isole par rapport à l’action des Nations unies”.
Paris soutient le “projet colonial marocain”
La réaction algérienne se limite strictement à la manœuvre de la droite dure et de l’extrême droite françaises qui entendent franchir une sorte de point de non-retour dans l’affirmation du fait colonial.
Il y a également dans cette visite “symbolique” une intention de faire cesser un discours raisonnable français et algérien. La volonté du gouvernement Bayrou, sous emprise de l’extrême droite, est de renouer avec l’insulte et l’invective. La sortie de Dati cherche une nouvelle escalade dans la guerre politico-médiatique.
Elle coïncide avec de graves accusations du ministre de l’Intérieur français qui entend sanctionner l’Algérie [Bruno Retailleau estime qu’Alger “ne respecte pas le droit” en refusant d’accueillir sur son sol des ressortissants algériens expulsés de France]. La charge de ces deux ministres n’est pas due au hasard. L’extrême droite française veut ôter toute possibilité d’un rapprochement entre les peuples algérien et français. Cela passe par la diabolisation de l’État d’un côté, l’avancée dans le projet colonial marocain de l’autre et ça finira par la diabolisation des Algériens.
Louis Sarkozy est une parfaite illustration de ce dessein [le fils de l’ancien président a affirmé dans les colonnes du Monde* : “Si j’étais aux manettes et que l’Algérie arrêtait [l’écrivain] Boualem Sansal, je brûlerais l’ambassade, je stopperais tous les visas, j’augmenterais de 150 % les tarifs douaniers…”]. Mais face au déferlement de haine, de procédés infâmes pour réduire son importance aux yeux de la société politique, économique et civile française, l’Algérie demeure appréciée dans les milieux populaires.
Les Algériens le savent et connaissent aussi la justesse de toutes les causes que leur pays défend. Et c’est grâce aux authentiques peuples algérien et français que l’Algérie reste droit dans ses bottes et rend les coups avec diplomatie et sérénité, en prenant garde de faire l’amalgame entre le Français et le colonialiste…
* Courrier international fait partie du groupe Le Monde.
Saïd Boucetta