La loi N° 2009-025 régissant les Sociétés de sécurité, de gardiennage et de transport de fonds, ne cesse de déchaîner les passions dans les milieux de la Sécurité. C’est un secret de polichinelle de dire que les deux protagonistes dans cette affaire sont les 18 nouvelles Sociétés de sécurité fraichement agrées et avec à leurs têtes des ex-Officiers des forces armées et de sécurité et l’Union des Sociétés de Gardiennage en Activité (l’USGA), qui, pour la plupart, ont à leurs têtes des ex-Officiers et Sous-officiers.

Qui sont les nouveaux venus ?

Ils sont tous issus des rangs des forces armées et de sécurité où ils ont eu à occuper de très hauts rangs dans la hiérarchie militaire et sécuritaire. Cela devrait donc rassurer de voir que la sécurité des biens et des personnes est confiée à des professionnels qui sauront répondre promptement à toute sollicitude. Que leurs reprochent-on alors ?

L’USGA reproche aux nouveaux venus de vouloir opérer en terrain conquis et de les forcer à se mettre à leurs bottes. Cette bataille fratricide prend la forme de lobbying sournois pour les nouveaux venus qui bénéficient de complicités dans la plus haute sphère étatique.

Le décret ministériel autorisant de remplacer les éléments de la Garde Nationale positionnés au niveau des institutions publiques par le Agents de garde issus des 18 Sociétés nouvellement autorisées, vient exacerber les rancœurs et conforter l’impression à l’USGA quand à l’ambition des nouveaux venus de vouloir les bouter hors de ce qu’ils estiment être le fruit de leurs longues années de durs labeurs.

Et l’USGA ?

L’Union des Sociétés de Gardiennage en Activité, présumée composée de 12 Sociétés de gardiennage. L’USGA peut se vanter d’être le précurseur dans ce domaine et faire valoir une grande expertise acquise pendant de longue année d’activité sur le terrain. C’est pourquoi, l’attitude hégémonique des nouveaux venus est perçue par l’USGA comme une injustice criarde. Leur seule arme reste le matraquage médiatique en vue de dénoncer la campagne orchestrée par leurs frères d’armes, leur enlevant le pain de la bouche, pour, ensuite, les phagocyter.

L’USGA se compose, en fait, de 3 catégories d’entités :

- Un nombre de Sociétés fictives (ne disposant ni d’Agrément, ni de statut juridique) crées à l’occasion de cette campagne médiatique et psychologique rien que pour augmenter le nombre ;

- Sur les 12 Sociétés affiliées à l’USGA, un grand nombre n’ont d’existence que sur le papier, autrement dit, elles se confondent avec un récépissé et n’ont aucune réalité sur le terrain (pas de Siège, ni de Bureau), juste un cachet dans un cartable;

- D’autres Sociétés disposant d' un récépissé de reconnaissance délivré durant la période du laisser aller précédente, une pièce dans un domicile privé à multiples usages, sans moyens logistiques, sans tenues, sans insignes de sécurité, quelques gardiens, non formés à compter sur le bout des doigts ;

- Et parmi ce nombre très restreint de Sociétés agréées, il ne serait pas exagéré de dire que seules 2 à 3 d’entre elles travaillent effectivement sur le terrain et dont 2 sont bien structurées, avec plusieurs contrats de sécurité, des déploiements importants de vigiles, dont beaucoup sont issus des Forces Armées et de Sécurité, une formation continue du personnel, …etc.

Pour en juger avec plus d’objectivité, et par souci d’équité, nous pensons qu’il serait judicieux de procéder à un test (qui soit inopiné) de contrôle de qualité en vue de s’assurer de du niveau de technicité, des montants d’investissement, du nombre d’employés que certaines Sociétés déclarent avoir, avant l’octroi de ces Agréments.

Et si toutefois un choix devrait être opéré, il serait donc important pour les autorités compétentes de cibler en priorité ces Sociétés très actives qui contribuent à grossir le taux de l’investissement au niveau national et qui, par ailleurs, font vivre de très nombreuses familles à travers un recrutement important de personnel.

Quant aux autres Entités, condamnées à disparaître parce que ne répondant pas aux critères de qualification, il leur serait plus avantageux de négocier leur absorption par les Sociétés de gardiennage déjà structurées ou par quelques unes des 18 autres Sociétés nouvellement créées.

Mohamed Ould Bahia
Officier de l’Armée, à la retraite.