08-04-2012 01:19 - Le Mali sous embargo de la CEDEAO : Craintes de repli du trafic de marchandises sur la Mauritanie.
L’embargo décidé par la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’ouest (Cedeao) contre le Mali pourrait occasionner un manque à gagner important sur les échanges avec le Sénégal où transite le gros de ses marchandises.
En plus du blocage des marchandises, cela entraîne le paiement de taxes additionnelles, la baisse du trafic et surtout des risques de détournement du trafic du corridor Dakar-Bamako vers la Mauritanie. La décision de la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’ouest (Cedeao) d’imposer un embargo au Mali pourrait avoir des conséquences négatives.
Les risques de répercussions sur les frais de magasinage, de surestarie (indemnités que l'affréteur doit payer à l'armateur du bateau, dans un affrètement au voyage, quand le temps de chargement et/ou déchargement dépasse(nt) le temps de planche prévu dans le contrat de voyage : définition de techno-science.net), de baisse du trafic sont réels et pourraient entraîner le détournement du trafic au profit d’autres pays voisins notamment la Mauritanie qui ne fait pas partie de la Cedeao, redoutent des acteurs économiques des deux pays.
Pour l’heure, nous renseignent nos interlocuteurs, le trafic a repris sur le corridor Dakar-Bamako mais de façon très timide. A en croire le secrétaire général du syndicat des auxiliaires du transport, Mactar Sarr, hier, aux environs de 7h 30, près de 80 camions étaient en dédouanement à Kidira, au même moment, 59 autres gros porteurs effectuaient la même procédure à Diboli, en territoire malien. De l’avis du président de l’Union sénégalaise des chargeurs et des transports agréés (Useta), Mactar Diallo, les préoccupations sénégalaises et maliennes sont les mêmes.
La Mauritanie,
une solution onéreuse
Aujourd’hui, ce que les deux parties craignent le plus, c’est la fermeture totale du corridor Dakar-Bamako qui pourrait profiter alors à la Mauritanie. Selon M. Sarr, certains opérateurs maliens ont déjà commencé à se déployer dans ce pays non membre de la Cedeao pour contourner l’embargo, même si, en termes de coût, cette solution revient beaucoup plus chère compte tenu de l’enclavement du Mali par rapport à ce pays.
La décision des compagnies maritimes de ne plus charger des marchandises à destination du Mali conformément à l’embargo économique, réduit les risques d’envahissement des terre-pleins. Selon nos interlocuteurs, un comité de suivi a été mis en place pour gérer la situation.
Une réunion est d’ailleurs prévue mardi prochain entre les responsables des entrepôts maliens au Sénégal (Emase), les acteurs du Port autonome de Dakar (Pad) et les autorités douanières des deux pays afin de réfléchir sur les dispositions à prendre par rapport à la situation. « C’est regrettable que le secteur privé ne se soit pas impliqué pour jouer sa partition », regrette M. Niang, qui déplore aussi « le manque de responsabilité des Etats », tout comme l’attitude de la Cedeao qui, à son avis, pourrait affamer la population malienne.
Pour le moment, Maliens et Sénégalais gardent encore l’espoir et tentent de gérer la situation. Les opérateurs économiques sénégalais se réjouissent de l’attitude des opérateurs économiques maliens qui ont pris en charge les chauffeurs sénégalais se trouvant sur leur territoire au moment du blocage.
« Les opérateurs économiques maliens ont bien pris en charge les chauffeurs sénégalais dans leur territoire », nous apprend le président du comité ad hoc chargé de la facilitation des échanges entre les deux pays, Madior Bouna Niang. La partie sénégalaise a aussi bien entretenu la coopération en décidant, par exemple, de supprimer les taxes additionnelles pour ne pas alourdir les frais de marchandises.
Adama Mbodj