En huit ans que je vis en Mauritanie j’ai pris connaissances de beaucoup de choses : Gaies, rafraichissantes, réjouissantes, tristes, révoltantes, émouvantes scandaleuses ou tout simplement stupides...

Mes contacts avec la presse ont bien entendu sérieusement augmenté le potentiel de mes expériences ! Quelques fois je trouve tout simplement cocasse ce que je lis ou bien cela me met de très mauvaise humeur ! Je me souviens d’un collègue obligé de faire un rectificatif au sujet du fondateur de la PROCAPEC qui, avait il annoncé devait reprendre son poste et avait été viré de sa chaise au profit de l’actuelle directrice...

Le brave homme avait jugé avec raison, nécessaire d’expliquer, qu’il n’avait pas pu être viré de son siège puisqu’il n’y avait jamais été question de s’y asseoir... Le collègue avait du faire paraître un démenti et au cours du repas que nous prenions ensemble à la rédaction avait soupiré :

Comment peut on savoir si une information est fondée ou pas ! Pourquoi ne pas avoir contacté ce Monsieur qui ainsi nous aurait épargné une fausse nouvelle et un démenti !

Il y a beaucoup de menteurs de par le monde, de porteurs conscients ou pas de fausses nouvelles, de gens qui pour se faire remarquer, sont capables de raconter n’importe quoi, au risque de plonger leurs congénères dans la douleur, le principal pour eux étant pendant un court instant d’avoir eu l’impression d’être important ! Toutefois ce qui s’est passé récemment est dans une presse qui se veut sérieuse, absolument inacceptable !

Je lis dans Cridem la nouvelle du décès d’un grand érudit mauritanien Baba Ould Maata! La source de cette nouvelle était indiquée comme venant du Calame ! Sans le connaitre, j’ai pensé avec dévotion à cet homme, sa famille et ses amis qui devaient être dans la plus grande tristesse !

Oups, quelques jours plus tard, poisson d’Avril je lis sur le même site que cet homme doit être transporté en Tunisie pour y subir des soins mais que son état n’est pas grave...

Heureusement que mon ordinateur ne déclenche pas automatiquement la caméra lorsque je prends l’air particulièrement idiot, parce que cela devait être le cas... Fébrilement je cherche le communiqué lu précédemment et effectivement est écrit: L’érudit Baba Ould Mohamed Ould Maata n’est plus... Et maintenant il est de nouveau là ? Je pense qu’une présentation d’excuses venant du Calame était le moins que l’on pouvait attendre !

Peut-être cela a-t-il été fait auprès de la famille mais les lecteurs ont eux aussi droit à cette marque de respect ! Je suis désolée Mesdames et Messieurs les journalistes mais ne vous plaignez pas si l’on ne vous prend pas au sérieux... Si l’on doute de vos informations, ou si l’on prétend avec justesse je pense que la presse mauritanienne n’est pas professionnelle !

Je sais qu’un proverbe bien connu dit que « l’erreur est humaine » mais il y a tout de même des choses qui ne doivent pas arriver ! Le Directeur du journal allemand avec lequel j’avais le plus de contacts avait l’habitude de demander lorsqu’on lui racontait qu’un évènement quelconque avait eu lieu : Avez-vous vu ou entendu vous-même ?

Si notre réponse était non, il ajoutait toujours : alors, dites « il parait que » ou « j’ai entendu dire » ! Si nous répondions oui l’affaire pour lui était crédible, bien entendu nous gonflions immédiatement le torse, jusqu’à ce qu’il demande d’une voix suave si par hasard nous pouvions étayer nos dires avec, suivant le cas, une photo, un enregistrement fiable ou un témoin sérieux ?

J’ignore ce que l’on apprend dans les écoles de journalisme, si toutefois on apprend quelque chose car si je repense aux stagiaires dont nous avons hérité, je peux vous affirmer que ce n’était pas brillant... Le directeur de publication de notre journal et notre rédacteur en chef étant d’ardents défenseurs de la promotion féminine nous n’avions que des femmes...

Et me dit-on il s’agissait des meilleures de leur école !!! Au secours ! Cela promet pour l’avenir ! Il serait de la plus grande urgence d’écrire en lettres majuscules, fluorescentes et en relief, le mot « Rechercher » dans leur bréviaire ! Mot qui devrait également être incrusté dans les murs des salles de rédaction ! Rechercher est pour certains fastidieux, (moi, j’aime) prend du temps, l’internet aujourd’hui ne nous épargne pas cette corvée, car beaucoup de sites ne sont pas fiables, il faut quelque fois des heures pour trouver les informations dont on a besoin, mais je pense que cela vaut la peine et ne peut qu’apporter le respect des lecteurs !

A suivre...

Maryam Brodowski-Bâ
maryambrodowski@yahoo.fr