21-01-2014 09:30 - Le frère du PM marque le Festival de Walata
La quatrième édition du festival des villes anciennes qui s’est tenu à Walata a été marqué par des événements d’apparence anodine mais qui, en réalité, revêtent une grande signification en raison de leur caractère parfois insolite et souvent à forte portée symbolique dans un contexte pareil.
Le premier a été la révolte ouverte affichée par Saleck Ould Selamy et sa famille contre leur mentor et ami le président Aziz, auquel le seigneur de M’Beiket Lahwach reproche d’avoir provoqué sa marginalisation politique en instruisant à cet effet la machine infernale de l’UPR lors des dernières élections législatives et municipales.
La défection de Saleck est aggravée par le fait qu’il a dressé un campement hors de la ville pour y recevoir à l’abris des regards, le PDG de la BNM Mohamed Ould Noueiguett, Khaddad Ould Moctar et des barbus proches de Tawassoul et de Abdou Maham dont un certain Hamada, ancien Directeur de l’ISERI.
L’un des barbus, qui a refusé de décliner son identité, ne tarit pas d’éloges sur les résultats des islamistes lors des dernières échéances et, dans l’une de ces visions dont ils ont le secret au club de la BNM, prévoit l’avènement très proche d’un émirat islamique en Mauritanie.
Le deuxième est la gestion, assimilée à une gabegie sans précédent de plus de 300 Millions par le ministère de la culture, la Fondation des villes anciennes et le ministère de la communication au moment où Walata, qui devait être le principal bénéficiaire de cette manne financière providentielle, est restée sur sa faim et, bien entendu, sur sa… soif.
Le troisième est la visite du mausolée de Cheikh Sid’Ahmed El Bekaye Al Kounti par des responsables sans foi ni loi, qui pensent ainsi crédulement détourner, à si peu de frais, l’accomplissement du compte à rebours en marche en faisant recours à la baraka d’un Cheikh, célèbre pour s’être toujours refusé à la complaisance.
Pour se donner bonne conscience, certaines personnes, dont des journalistes, ont fait le pèlerinage la nuit pour, dit-on, tromper la vigilance des esprits de la montagne qui verraient d’un très mauvais œil la profanation des lieux par des hordes de peshmergas venus faire absoudre leurs crimes par la grâce d’Allah en évoquant la place qu’occupe le saint homme auprès de lui.
Le quatrième est le refus que la ministre de la culture a opposé fermement à la troupe de Ehl Nanna moderne l’empêchant de se produire à Walata sous le prétexte fallacieux que sa musique est incompatible avec les traditions de la vieille citée. Après enquête, rapporte une source indépendante, il s’est avéré que le choix des artistes par la ministre obéissait à des critères beaucoup moins nobles.
Les artistes de la région du Gorgol se seraient d’ailleurs taillé la part belle et les traditions, quant à elles, pouvaient attendre puisque des rappeurs de Kaèdi avaient été sélectionnés et il s’en est fallu de peu pour qu’ils ne se produisent la nuit de la fête et de surcroît, devant le président.
Le cinquième et toujours dans le répertoire des traditions cher à la ministre de la culture, un artiste sorti d’on ne sait où a mis à l’honneur et dans le plus pure style Walatien, la poésie Hindou.
C’est ainsi que les spectateurs médusés ont eu droit à ces paroles qui immortalisaient la visite de Aziz à Walata : Réhé Kidjarhé zendegui, Mahraj Aziz Kidjarhé, Zendegui Réhé Walata, Mahraj Zendegui Réhé. Dans ce contexte d’acculturation, il est vrai que Eddebya Mint Soueidbouh et les enfants de Mohamed Ould Nanna n’ont rien à faire.
Le sixième et non des moindres, est la visite du fort de Walata par des personnes directement impliquées dans les tragédies dont ce mouroir est le témoin. Belle façon de reproduire le syndrome de l’assassin sociopathe en revenant sur les lieux du crime, non pas en signe de repentance bien évidemment, mais plutôt pour mesurer jusqu’où peut aller la folie humaine mise au service d’une certaine conception de la politique.
Le septième est le campement dans le style pittoresque de la Hilla des Kounta que les Ould Bouceif, sous la supervision de la Député de Nèma Fatimetou Mint Jiyid, de Mohamed Lemine Ould Khou et des cadres de la collectivité, ont dressé pour recevoir les visiteurs de cette tribu qui ont afflué des quatre coins de la Mauritanie et de l’étranger.
Selon le porte-parole de la collectivité, la présence massive des Kounta à Walata vise tout d’abord à faire revivre, le temps du festival, l’arrivée de leur illustre ancêtre Cheikh Sid’Ahmed El Bekaye dans cette contrée. Et sur un tout autre plan, elle exprime le soutien de cet ensemble au président Aziz et à ses initiatives, notamment celles qui concernent les villes anciennes auxquelles cet ensemble se sent particulièrement attaché.
Mais un festival est quelque part un grand spectacle et un grand spectacle a toujours besoin d’un numéro qui sort de l’ordinaire et qu’on appelle communément : le clou du spectacle. C’est le numéro sur lequel le rideau tombe. Mais cette fois-ci, ce n’est pas du rideau qu’il s’agit mais plutôt du gouvernement qui doit tomber en raison du poids que fait peser le clou du spectacle de Walata sur les traditions chères à la ministre de la culture et tout naturellement au premier ministre.
C’est donc le huitième et dernier événement marquant du festival et l’interprète n’est autre que le Maire de Bengou qui est aussi le frère du premier ministre Moulaye Ould Mohamed Laghdaf.
Le Maire Bengoulais aurait acheminé deux camions l’un chargé de vivres et de charbon, l’autre chargé de moutons. Et comme le veut l’usage dans la solidarité pour soutenir un effort d’hospitalité, tout le monde sait que les produits une fois apportés deviennent propriété de la ville hôte.
Mais le Bengoulais ne l’entendait pas de cette oreille, et pour montrer le peu de disposition qu’il a pour les traditions chères à la ministre de la culture, il aurait ramené à Bengou ses cargaisons que l’abondance des produits, assurée par les ressortissants de Walata tout au long du festival, a soustraites aux besoins alimentaires des visiteurs.
M.S.Beheite