17-04-2014 12:52 - La chasse à la vie (Suite)

La chasse à la vie (Suite)

Cheibou - C’est vers 17 heures, que nous avions au Rond Point d’Atar, c’est le centre d’attraction, à peine descendu du véhicule militaire, que j’ai remarqué dans la ruelle les camions de transport, où je me rendis à la recherche de mon véhicule qui m’avait laissé à Akjoujt.

Quelques minutes après, je me trouvais nez à nez avec le chauffeur qui m’a reconnu et m’a demandé comment je me suis retrouvé ici, alors qu’il prétendait qu’il m’avait recherché partout à Akjoujt. Sans tenir compte de ses déclarations, je lui réclamais le reliquat du transport entre Akjoujt et Atar et les bagages de mon oncle.

Sans riposté, il s’en allait me remettre le reliquat de mon transport et m’indiquait la boutique dans laquelle se trouvait nos bagages en me précisant que mon oncle avait laissé des consignes au boutiquer auquel cas où je me présentais à lui de rester sur place jusqu’à son retour.

Vers dix heures, mon oncle était de retour et m’a amené chez son ami où se trouvaient ma cousine et son enfant, elle était presque affolée, car elle pensait que j’étais perdu pour de bon, et elle pleurait, cependant que mon oncle la consolait et ne cessait de la raisonner.

Le lendemain matin très tôt nous prenions un autre véhicule pour Choum, point de jonction entre Nouadhibou-Atar-Zouerate, où le train le plus long du monde nous attendait en provenance de Nouadhibou, pour nous y embarquer et continuer notre voyage vers Zouerate.

Vers dix huit heures, nous arrivâmes à Choum, où nous nous installâmes sous un hameau en attendant l’arrivée du train en provenance de Nouadhibou. L’oncle alla vers les restaurateurs pour nous amener de quoi bivouaquer, et faire du thé.

Quelques instants après avoir pris place sous le hameau, un brouhaha énorme se fait sentir, des va et vient c’est le train en provenance de Zouerate vers lequel les gens s’activent pour s’installer à bord.

Il s’agit d’un train composé de deux CC tractant 240 wagons de minerais de fer extraits des mines de Miferma, (société des Mines de Fer de Mauritanie), société exploitant le minerai de fer depuis l’indépendance de la Mauritanie est un Etat dans l’Etat par sa puissance, elle est imposante par ses moyens techniques et ses moyens financiers. Dès que le train termina sa mission à savoir, la remise du courrier au chef de Camp et l’attelage des citernes d’eau devant être amené à T’meimichatte, le train s’ébranla minutieusement et disparut derrière les quelques roches montagneuses vers Nouadhibou.

Les véhicules en provenance d’Atar et d’autres horizons, Nouakchott, Akjoujt se déferlent sur Choum pour y débarquer les passagers les uns allant à Zouerate et les autres allant à Nouadhibou.

C’est aux environs de 00 heures que le train en provenance de Nouadhibou, nous réveilla avec ses sirènes assourdissantes et en quelques secondes, il fut pris d’assaut par les passagers qui s’installèrent dans les wagons vides et pleins de détritus des minerais de fer.

C’est ainsi que, ma famille et moi nous nous installâmes à l’arrière du train dans le wagon destiné aux convoyeurs du train, un wagon aménagé en chambre ou se trouvaient à l’intérieur des lits superposés deux par deux et sur lesquels sont mis des matelas destinés aux convoyeurs ainsi que les familles des travailleurs de la Miferma.

Le train s’ébranla vers Zouerate aux environs de 00 heures 05 mn, pour y arriver le lendemain vers sept heures du matin. Des taxis brousses attendaient l’arrivée des passagers pour les embarquer et les amener en ville, ce qui fut fait, une voiture du service attendait mon oncle pour le déposer avec sa famille à la cité de Zouerate.

Aux environs de neuf heures trente, nous nous installâmes dans la maison de mon oncle, une maison composée de deux chambres et un salon, une cuisine et des WC, une petite cour à l’intérieur de laquelle se trouvait une tente servant à relayer le salon quand il y’a des visiteurs importants pour s’y reposer.

Un déjeuner stimulant composé de ‘’Nché’’ bouillie faite de maïs et un bon verre de thé mauritanien nous fut servi par l’un des jeunes garçons chargé de l’exécution du thé.

Une fois installé, je commençais à m’habituer aux nouvelles conditions, notamment en ce qui concerne le mode de vie. Zouerate, ville entièrement minière, le visage de la ville est émoustillant, les gens travaillent de nuit comme de jour, sans pause, les véhicules de grand calibre circulent dans tous les sens allant de ‘’Tazadit’’ vers les services ‘’généraux’’ et poursuivant leur route vers d’autres mines à savoir ‘’Rouessa’’, ‘’F’derick I et II’’, les ouvriers en combinaison cheminent vers les points d’arrêt’’ de bus pour aller sur les mines.

La ville est animée par des boîtes de nuit, aux deux Clubs de la citée à savoir le Club africain situé dans la cité africaine et le Club des Aigles situé dans la zone européenne, où chaque soir les ouvriers et les cadres de la société s’y déplacent pour se divertir.

De l’autre côté dans la banlieue de la ville, il y’a également des lieux de loisirs, des boîtes de nuits africaines, et même cubaines, là également les européens s’y déplaçaient pour danser, pour siroter une boisson et pour s’amuser avec des filles de bars. Ces bars sont dirigés par des africains, notamment des sénégalais, des nigérians et mêmes des sud africains.

La ville est un Far-West, située en plein désert, sous une atmosphère indescriptible, la chaleur est émoustillante, l’architecture de la ville est moderne, on se croirait dans une ville européenne.

Cette ville a une particularité spectaculaire et inouïe, elle est scindée en deux, une cité entièrement européanisée, où seuls vivent les ‘’expatriés européens, cette cité est une zone interdite aux ‘’indigènes’’ notamment les mauritaniens et les africains, il est interdit aux africains de s’y aventurer, sauf pour les commissionnaires. C’est-à-dire les garçons chargés de transporter les ingrédients pour les épouses des expatriés ou les ‘’boys guinéens’’ ou les ‘’blanchisseurs’’ et enfin les serviteurs des familles européennes.

Seuls les agents de maitrise mauritaniens ou africains pouvaient obtenir des logements dans cette partie de la cité, ce qui profite aux expatriés, cela leur permettait d’avoir ce qu’on appelle communément ‘’Prime de voisinage’’ allant de cent à deux cent mille francs CFA.

Cette cité a son propre économat, son hôtel dénommé ‘’Club des Aigles’’, ses salles de fête, sa propre piscine et ses services de gardiennage spécifique, que d’anciens gardes, ou d’anciens méharistes mauritaniens y assurent la sécurité intérieure au vu et au su des Autorités mauritaniennes qui n’osaient pas s’aventurer dans cette cité européenne, sans l’autorisation des Responsables de la D.S.E. (Direction du Siège d’Exploitation) de la Miferma.

L’autre côté de la cité de Zouerate est entièrement construite pour loger les ouvriers mauritaniens et africains qui travaillaient pour le compte de la société, cette zone a ses propres économats, ses services de gardiennage, son hôtel et son club dénommé lui aussi ‘’Club Africain’’.

La ville a son aéroport qui sert aux officiels de la société de l’utiliser pour ses avions et pour le déplacement de ses cadres et invités ainsi que pour rallier Nouadhibou à Zouerate. La ville de Zouerate est aussi une cité minière, de son sous-sol des centaines de milliers de tonnes de fer sont extraites et envoyés par train vers Nouadhibou d’où ils sont transbordés dans des minéraliers vers l’Europe et l’Asie.

Depuis l’indépendance, de cette cité, des quantités importantes de fer d’une qualité dépassant les 46% de teneur de fer, quittaient pour être transbordées sur des navires minéraliers à destination d’Europe, d’Asie et d’Amérique, c’est l’une des carrières de minerais de fer la plus riche en teneur de fer à travers le monde.

A suivre ...

Alioune Ould Bitiche
Tél : 46.78.57.32 - Nouakchott.



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Source : cheibou
Commentaires : 2
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Commentaires (2)

  • zelimkhan2 (H) 17/04/2014 17:54 X

    Petite precision, le club des africains s'appelait club des Biches comme il y avait le club des Aigles qui concentrait l'essentiel des expatries europeens et 2 a 3 familles mauritaniennes.

  • goudroume (H) 17/04/2014 13:22 X

    C'est une des histoires que racontent tous les anciens de la MIFERMA et de la SNIM, mais le style rustique ou romanesque est toujours mieux oralement. Vous savez parler français mais vous écrivez comme vous entendez et sans vous vexer vous êtes un bon débutant qui risque de bien terminer cette passion d’écrivain, Continuez!