04-08-2015 20:16 - Les réfugiés maliens pressés de quitter le camp de Mbera
Dune Voices - Un mois après l’accord signé le 20 Juin 2015 à Bamako entre les divers belligérants au Mali, les réfugiés maliens au camp de Mberra en Mauritanie adressent des critiques virulentes à tout le monde. Ils visent spécialement le haut-commissariat des réfugiés relevant de l’ONU mais, aussi, le gouvernement malien, les mouvements alliés de ce gouvernement et les groupes de l’Azawed.
Les émigrés accusent le haut-commissariat de les éliminer des listes bénéficiant de rations alimentaires distribuées mensuellement, afin de les obliger de revenir chez eux au Nord du Mali.
Les émigrés affirment que cette privation est une décision concertée entre le gouvernement malien et les services du haut-commissariat. Concernant les groupes de l’Azawed, les émigrés les accusent de manipulation politicienne. « Les groupes Azawed nous demandent de rester, juste pour nous utiliser comme moyen de pression sur le gouvernement malien afin qu’ils peuvent lui soutirer plus de concessions », affirment-ils.
Par ailleurs, les incidents entre les émigrés et les services du haut-commissariat relevant de l’ONU n’ont ne se sont jamais arrêtés durant les deux dernières années. Le rationnement alimentaire, assuré par l’ONU, a été plusieurs fois interrompu, avant de revenir pour des raisons humanitaires. Toutefois, depuis avril dernier, il n’y a plus de rationnement.
L’émigré Mohamed Mokhtar, 42 ans, originaire de Tombouctou, résume la situation en disant : « Les mouvements de l’Azoued font des campagnes pour appeler les émigrés à rester en évoquant l’absence de sécurité, alors que le gouvernement malien fait une campagne pour le retour au Nord du Mali. Ce qui fait que les émigrés se retrouvent tiraillés entre les deux tendances ». « La décision de partir, ou de rester, devient plus dure que les maux des émigrés dans le camp », conclut-il.
Pour sa part, l’émigré, Ali Ag Star, 35 ans, originaire de Lira, souligne : « Si les émigrés décident de revenir ou pas. Ce n’est nullement en raison du retour de la paix chez eux. C’est plutôt en raison de la famine qui les guette suite à l’interruption du rationnement de l’ONU ». « Les émigrés vivent un telle dilemme alors que le gouvernement malien et les mouvements rebelles ont d’autres chats à fouetter, loin des intérêts des émigrés maliens », regrette-t-il.
Les dernières décisions du haut-commissariat de l’ONU a réduit de manière drastique le nombre de réfugiés bénéficiant des rations alimentaires. Il ne reste plus que les familles ayant des enfants en bas-âge ou des personnes âgées. Or, « cela ne traduit nullement les besoins réels », selon l’émigré de Gondam Mohamed Ali. « Ils nous poussent à rentrer, alors que nous avons peur pour nos vies, plus que pour nos terres ou notre bétail », s’insurge-t-il.
Lesquels soucis sont partagés par la réfugiée Mariem Mint Mahmoud qui considère que « la famine est mieux tolérée chez soi qu’ici, dans le camp de Mbera ». Mint Mahmoud assure que « pas mal de réfugiés ne sont pas complètement démunis et ils possèdent terres et bétails. Du coup, ils reviennent à l’élevage dès qu’ils voient à l’horizon les premiers signaux de famine ». « Ces émigrés ont d’ailleurs décidé de quitter le camp et de revenir à l’élevage dès les premiers signaux d’arrêt du rationnement alimentaire », remarque-t-elle.
Pour sa part, l’émigré Omar Gounani, originaire de Lira, n’est pas confiant. « La stabilité ne s’est pas encore rétablie au Nord du Mali et les mois arides se poursuivent. Ce n’est donc pas la quiétude et le retour n’est pas le choix adéquat. Mais, les réfugiés s’y résignent vu l’insécurité alimentaire dans le camp de Mbera », regrette-t-il.