01-06-2016 08:29 - L’anthologie de la discorde

L’anthologie de la discorde

Le Calame - La polémique enfle. Sur les réseaux sociaux comme sur la minuscule scène culturelle mauritanienne, la divulgation, en catimini, de l’anthologie de la littérature mauritanienne d’expression francophone fait la Une, au grand dam de ses compilateurs, le Groupe de Recherches en Littératures Africaines (GRELAF).

C’est avec l’appui de l’ambassade de France en Mauritanie, par l’entremise du projet Appui au FRAnçais en Mauritanie (AFRAM) que le GRELAF a sélectionné trente-quatre œuvres (romans, poésies, théâtres et nouvelles) de dix-neuf auteurs (1). Un parrainage synonyme de parti pris ?

« Censé combler un immense déficit », de l’avis de Kalidou Ba, « celui du traitement et de la vulgarisation de la littérature mauritanienne de langue française, aussi bien à l’intérieur qu’à l’extérieur du pays », l’ouvrage pèche, il est vrai, par l’oubli de nombreux auteurs.

Des omissions à ce point volontaires qu’il ait fallu préciser qu’« échantillon assez représentatif des œuvres mauritaniennes francophones, [cette anthologie] n’est pas exhaustive » ?

Parmi les inexplicables absences, on peut citer les défunts Bal Mohamed Moctar (Crapauds et Nénuphars : Souvenirs d’un enfant de Dimbé : un véritable succès de librairie) ; Djibril Hamet Ly (L’arbre à la cour criminelle), Mariam mint Derwich (Mille et un je), Issagha Coréra (La Légende de Samba Guéladiégui), Ba Amadou Racine (Tribus, ethnies et pouvoir en Mauritanie), Sneïba El Kory (Mémoires d’un enseignant), Ba Amadou (L’obsession du retour), Belinda Mohamed et Habib ould Mahfoud...

Des langues qui se sont déliées pour condamner cette « aberration », celle de Mariem mint Derwich est, probablement, la plus virulente, à ce jour. Elle récuse le mode de sélection, dénonce des censures sciemment perpétrées, le manque d’honnêteté et de sérieux des responsables de l’ouvrage. Ils appartiennent, dit-elle, à « un monde rigide et exclusif ». Et de leur souhaiter « beaucoup de bonheur autocentré et ignorant, beaucoup de joie dans votre volonté de tuer littérairement. Vous êtes minables, minables et malhonnêtes. A l’instar de ce pays, vous êtes dans la médiocratie. Rien de neuf sous le soleil... Malheureusement ».

Elle rappelle, à ces censeurs, qu'il leur « reste beaucoup d’honnêteté à apprendre, en particulier en ce qui concerne les femmes écrivains. Où sont les premières ? Mon Dieu, mon Dieu, tant de contre-vérités ! Tant de petits arrangements entre soi… Et vous décidez qui peut vivre et qui peut mourir ????? »

Elle sonne la charge : « Ce pays ne m’aime pas. L’anthologie de la littérature mauritanienne francophone vient de paraître. Mon nom n’a même pas été cité. Même pas un mot... Bref, au pays de la cooptation entre amis, cela ne devrait pas m’étonner. Pays de la médiocrité où tout se passe entre « tribus »... Dégoûtée, en colère... Dégoût de cet entre-soi... Non-sens. Quand on se tourne, autour du nombril, entre écrivaillons qui se prennent pour des prix Nobel de littérature. Amère, amère… ». Mariem tacle et retacle les censeurs qui se sont arrogés « le droit de vie et de mort littéraire et leur dénie « tout droit de critique » en matière d’écriture.

Réagissant à un post de maître Mohamed ould Moine, manifestant son soutien à Mariem, soulignant qu’être listée comme « poète n’est pas chic, pour un esprit libre comme celui de Mariem mint Derwich », Idoumou Mohamed Lemine Abass répond :

« Maître, parce que votre avis compte, pour moi, je vous prie de ne pas vous laisser entraîner derrière des humeurs très subjectives, nées de procès d'intention et de parti pris que rien ne justifie. Une anthologie, je ne vous apprends rien, est un travail de choix de textes, suivant des critères souvent subjectifs, qui n'engagent que le ou les auteurs de l'ouvrage. Elle n'est jamais exhaustive, ni même une source de consécration absolue. Et ce n'est le droit de personne d'y figurer, tout comme il est vrai, aussi, qu'en être absent n'attente, en rien, au talent de personne, ni à la qualité de son œuvre.

L'amertume de Mariem et de ses fans (dont je suis, du reste) n'est compréhensible que dans la limite du respect du droit des auteurs de cet ouvrage à le faire comme ils veulent et suivant les critères de choix qu'ils se sont fixés. On se contredit, gravement, en leur déniant ce droit, tout en clamant celui de Mariem à figurer dans le travail qu'ils ont fait. Ce n'est, également, pas très courtois, vis-à-vis des auteurs qui figurent dans le livre ».


Poursuivant, il indique que : « les légendes littéraires se créent elles-mêmes, par leur talent. Et toi, tu as du talent. Beaucoup de talent. Être dans une anthologie ou non n'enlève rien à ta notoriété, ni à la valeur de tes écrits. Et je crois que tu dois prendre les choses comme ça ». Sans doute mais le succès de cette anthologie de la discorde en librairie est loin d’être, pour le moment, garanti.

Synthèse Thiam

(1) : Oumar Ba, Tene Youssou Gueye, Assane Youssoufi Diallo, Djibril Zakaria Sall, Moussa Diagana, Isselmou ould Abdel Kader, Ousmane Moussa Diagana, Abdoul Ali War, El Ghassem ould Ahmedou, Moussa ould Ebnou, Oumar Diagne, Mbareck ould Beyrouk, Haroun Rachid Ly, Idoumou ould Mohamed Lemine Abbass, Aïchetou mint Ahmedou, Abderrahmane N’gaidé, Bios Diallo, Mama Moussa Diaw et Mamadou Lamine Kane.





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Commentaires (8)

  • faanduniamoko (H) 01/06/2016 19:21 X

    Ah te voilà donc Moutalli alias Cheikhna fALL, alias Bah O. Zeine, le médiocre! Toi au moins tu ne publiera rien du tout! S'il y a un raciste à l'université de Nktt c'est bien toi et votere lobby nassero bathiste qui n'avez jamais impressionné ce cher Mamadou K BA. (***)Hypocrite! on se retrouvera!

  • Moutalli (H) 01/06/2016 16:46 X

    Permettez à un ami et "acolyte" de Mohamed Ould Hanefi - personne respectable et qui fait l’unanimité de la toile – et donc "acolyte" par syllogisme de Mariem Mint Derwich de jeter un seul aboiement pour l’instant. J’émets l’hypothèse suivante : « l’omission » de la chroniqueuse du « Calame » est due en partie au racisme notoire du coordinateur du travail qui est le porte-étendard de l’antibeydanisme en Mauritanie et chef de file du quarteron des racistes de l’Université de Nouakchott !

  • Le pacte (H) 01/06/2016 15:49 X

    IL est clair que Marie a des choses mauvaises contre la Mauritanie, elle qui est française.Et elle en profite de cette situation.Cependant les autres perroquets n'ont rien évidemment compris.

  • Marathon International de... (F) 01/06/2016 13:30 X

    Monsieur ou Mme @Faanduniamakou, Votre réaction, plus celle du Pr HANEFI et l'article de la Grande Mme DERWICHE donnent un niveau respectable au débat. Je rappelle aussi que chacun a le droit de faire des recherches sur tous les sujets et de les publier, comme chacun a le droit de donner son opinion sur un sujet. Celui qui n’est pas d’accord avec lui peut le contredire avec des arguments intellectuels. C’est ainsi que jaillit le SAVOIR qui nous éloigne des TENEBRES. Avec tout le respect à votre Honorable personne M. @Faanduniamakou, vous avez fait perdre la valeur de vos idées dans ce débat par votre façon de vous cacher sous un pseudo malheureusement. Quelle grande portée votre réaction allait être grande et appréciable si M. @Faanduniamakou signe par son vrai nom comme Pr HANEFI, Mme DERWICHE et moi. Mohamed HAIDARA Dg Marathon International de NOUADHIBOU

  • mohamed hanefi (H) 01/06/2016 10:39 X

    @Faanduniamakou. Je circule. C'est vrai je suis dépassé par l'événement. Quand même j'espère que ce monopole de "lettrés", ce privilège "d'élite intellectuelle" adoucisse vos mœurs et émousse votre agressivité à fleur de cheveux.

  • faanduniamoko (H) 01/06/2016 10:19 X

    Je voudrais souligner ici un fait paradoxal de Meriem mint Derwich et de ses acolytes et amis, qu'ils s'appellent Md Hanefi, jissima ou Thiam! Elle traite l'anthologie de fait "honteux", dc de qlq chose qui ne vaut rien du tout. Et en même temps au lieu de se réjouir de ne pas y figurer, elle s'en offusque! C'est bien la preuve que cette anthologie compte, y compris à ses yeux et à ceux de tous ses détracteurs. Les auteurs de cet ouvrage sont des universitaires libres, et avant, des hommes libres! Ils choisissent leur corpus comme ils l'entendent et cela ne plait pas à quelqu'un eh, bien que celui-ci aille rédiger une anthologie où il mettre tel ou tel autre auteur de son choix! Mr Hanefi, je te croyais pourtant "bon journaliste" et voilà que tu écrit des sornettes avant même de lire le texte objet de la polémique! Tène Youssouf Guey et Djibril Zakaria Sall figurent bien au nombre des auteurs traités! Pour le reste, les chiens aboient et Mamadou Kalidou BA et ses collègues co-auteurs de ce bel ouvrage passent, sans sourciller! Circulez!

  • mohamed hanefi (H) 01/06/2016 09:57 X

    Je ne sais pas mais en 1981 je compilais la matière de mon mémoire de capes intitulé "La poésie mauritanienne d'expression française." Malgré la médiocrité de l'écrit, relatif a mon âge d'alors et à mon insouciance, j'avais rencontré beaucoup d'auteurs, dont mon maitre et conseiller bénévole, durant toutes mes recherches, Tène Youssouf Guèye et un certain Ly, commissaire de police et tant d'autres. Je ne les vois pas sur ces listes. Il est bien dommage de supprimer mon amie Mariem mint Derwich. Elle ne le mérite pas. Mais nous sommes la Mauritanie. Un groupe se coalise, s'investi du titre qu'il se choisi et se proclame "tout le monde" et le tour est joué. L'histoire se moque de ces jeux égoïstes. Cependant pourvu que ce que nous n'avons pu obtenir soit du lot de nos frères. Quand même Allah aime la justice et la bienfaisance.

  • ngaari aalam (H) 01/06/2016 09:56 X

    L’anthologie n’est jamais exhaustive. Et puis tout est subjectif.