10-12-2016 09:29 - Mauritanie : Aïchetou, des livres, du sable et des envies

 Mauritanie : Aïchetou, des livres, du sable et des envies

Jeune Afrique - Un prénom, tout simplement. C’est ainsi que signe la plus iconoclaste et la plus prolifique des auteures mauritaniennes. Certains disent d’elle qu’elle est provocatrice. D’autres préfèrent éluder le sujet : « Ah, non ! Elle, elle n’est pas mauritanienne ! »

Aïchatou est hors code. « Je parle de la vie nomade de mon campement natal à travers ses coutumes : la vie des jeunes filles, le système des castes, l’esclavage, le racisme sournois et la déplorable condition de la femme en Mauritanie, réplique-t-elle. Je ne cherche pas à plaire. Je décris les tares dont nous devrons nous débarrasser si nous voulons avoir une société moderne et respectueuse de ses diversités. »

Née et élevée entre Boutilimitt et Rkiz, dans la région du Trarza, où « nomadisaient » ses parents, Aïchetou dit avoir tout appris sous la tente. Jusqu’à ce qu’elle atterrisse, en 1974, dans le Paris de Sartre et Beauvoir.

Elle a alors 14 ans. Après son bac et des études de lettres et d’histoire à la Sorbonne, en 1981, elle s’installe en Italie avec « son Ligure » (qu’elle épouse), puis en Éthiopie, avant de revenir à Paris terminer ses études en histoire romaine.

Plus de vingt-cinq ans après avoir quitté son désert, elle retourne en Mauritanie, espérant y faire sa vie, mais elle ne reconnaît plus son peuple et rentre à Paris, où elle vit depuis. Une blessure de laquelle naît son premier roman, publié en 2003 : L’Impossible retour, qui raconte sa tentative ratée de se réinstaller dans une Mauritanie disparue.

Allers-retours

Depuis, la souffrance de ne reconnaître ni les hommes ni les cultures de son enfance transparaît dans toute son œuvre, engagée, et ses titres, à la fois rageurs, factuels et poétiques : La Ligurienne est partie (2004), DivorceZ de Lui…, Sarabandes sur les dunes (2005), L’Hymen des sables (2006), Elles sont parties (2007), la trilogie des Chroniques du Trarza : Cette Légendaire année verte (2007), La Fin des esseulées et Rabia est arrivée (2008), En attendant ses dix-huit ans (2009), Les Esseulées (2010) et En attendant la lapidation (2013).

Chacun des romans d’Aïchetou (tous publiés chez L’Harmattan) embarque le lecteur dans un éternel aller-retour entre le passé bédouin et le présent parisien de la narratrice.

Enseignante-documentaliste dans l’académie de Créteil, en région parisienne, l’auteure vient d’achever un essai : Les Femmes du Messenger (titre provisoire).

• En attendant la lapidation (Éditions L’Harmattan, 166 p., Paris 2013)



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Source : Jeune Afrique
Commentaires : 1
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Commentaires (1)

  • le gloire de la patrie (H) 10/12/2016 10:13 X

    Cette voix feminine impressionne car rare de son genre dans ce pays. La littérature feminine en Mauritanie est peu présente et influente mais je vois en elle une Mauritanienne qui depasse des sujets tabous que les écrivains su terre ne pauvent pas aborder: peut etre sa natiure parisienne qui lui donne le courage de s'y pencher car nous savons bien que la littérature mauritanieene a ses raisons que la raison ne connait pas