20-10-2017 20:16 - Ambassadeur de France en Mauritanie : remise des insignes de Chevalier dans l’Ordre des Arts et Lettres à M. M’Barek Ould Beyrouk

Ambassadeur de France en Mauritanie : remise des insignes de Chevalier dans l’Ordre des Arts et Lettres à M. M’Barek Ould Beyrouk

Ambassade de France en Mauritanie - Nous sommes ici ce soir pour rendre hommage à un écrivain, M. M’Barek ould Beyrouk, à laquelle leurs qualités et leurs compétences remarquables ont valu d’être nommé par la ministre de la Culture, Mme Audrey Azoulay,

Chevalier dans l’Ordre des Arts et Lettres, Ordre créé, je vous le rappelle, en 1957, destiné à honorer les mérites des «personnes qui se sont distinguées par leur création dans le domaine artistique ou littéraire ou par la contribution qu'elles ont apportée au rayonnement des arts et des lettres en France et dans le monde».

Mesdames, Messieurs,

Je vais décorer M. M’Barek ould Beyrouk qui a fait honneur à notre République par son action et son engagement personnel.

Avant de lui remettre les insignes, conformément à la tradition, permettez-moi de dire qui est cette personnalité méritante, qui se cache derrière cet homme en retraçant rapidement son parcours qui lui vaut, aujourd’hui, de recevoir cette distinction française, même si la majorité des personnes présentes, ici, ce soir, connaissent bien mieux M’Barek o/ Beyrouk que moi.

Né à Atar, dans le Nord de la Mauritanie, M'Barek Ould Beyrouk appartient à la tribu Tekna (aristocratie commerçante) et est le fruit d’un métissage entre maures et noirs d’Afrique, dont il compte une arrière-grand-mère d’origine bambara (Mali) et un arrière-grand-père originaire du Sud marocain établi dans l’Adrar mauritanien au début du siècle dernier.

Mais c’est votre père, un instituteur comme il en fut jadis dans les écoles mauritaniennes, qui vous transmettra l’amour de la belle langue et des grands écrivains français. C’est à lui que vous devez d’avoir découvert Victor Hugo à 12/13 ans et d’être depuis « habité par un amour immodéré de la belle littérature ». Vous confiez d'ailleurs vouer une passion au français depuis cette période.

Après avoir grandi à Atar, l’importante capitale de l’Adrar mauritanien, vous passez une maîtrise de droit public au Maroc, à l'Université Mohamed V de Rabat, et vous vous lancez très rapidement dans la presse, comme journaliste, à l'Office de Radiotélévision de Mauritanien, avant d'animer une chronique au quotidien national "Chaab"(le Peuple, en arabe), sous le titre de Clin d'oeil.

Vous fondez, en 1988, le mensuel "Mauritanie demain", le premier journal indépendant d'expression française en Mauritanie aux côtés de votre confrère et ami, Idoumou Ould Moh. Lemine, présent ici ce soir et d’Hindou que je viens de décorer. Vous devenez, de manière concomitante, le premier Président de l'Association Nationale de la Presse Indépendante (ANPI).

En 1995, vous collaborez avec l'hebdomadaire "Jeune Afrique", avant d'occuper en 1998 les fonctions de directeur des informations de l'Agence Mauritanienne d'Information (AMI) et, en 2006, celle de membre de la Haute Autorité de la Presse et de l'Audiovisuel (HAPA).

Président du Conseil d'administration de la Télédiffusion de Mauritanie (TDM) jusqu'en février 2015, vous devenez Secrétaire général du Ministère de la Jeunesse et des Sports puis Conseiller à la Présidence de la République, chargé des affaires culturelles à compter de juin 2015 (jusqu’à ce jour).

Parallèlement à vos activités professionnelles, vous écrivez. Vous avez signé un premier roman, en 2006, Et le ciel a oublié de pleuvoir aux Editions Dapper et pour lequel vous avez reçu le Prix du roman francophone maghrébin en 2007. S'en suit, la publication d'un recueil de Nouvelles publiées chez Présence Africaine en 2009 sous le titre Nouvelles du désert.

Votre second roman, Le Griot de l'émir, est publié en 2013 aux Editions Elyzad (Tunis). Enfin, vous venez de publier votre dernier roman, Le tambour des larmes, en 2015, toujours aux Editions Elyzad, avec lequel vous avez reçu le Prix Ahmadou Kourouma, en février 2016, à l'occasion du Salon international du Livre et de la Presse de Genève ainsi que le Prix du roman métis des lycéens 2016 (à Madagascar et à La Réunion, 6e édition).

Vous le savez, l'œuvre de Beyrouk traite des tensions qui traversent la société mauritanienne contemporaine, celles d'une modernité envahissante et d'une authenticité tenace.

Les personnages principaux de l'écrivain sont typiques de cette société mauritanienne d'aujourd'hui, que ce soit une jeune fille esclave affranchie, rebelle, qui règle son compte à son passé comme à son présent dans Et le ciel a oublié de pleuvoir, un griot aggripé aux gloires du passé et nostalgique du temps des Emirats tribaux saharo-sahéliens qu'il souhaite voir ressusciter dans Le griot de l'émir ou encore une galerie de visages de la Mauritanie des années de sécheresse pris dans les affres de l'exode rural vers les villes, et plus particulièrement Nouakchott, la capitale du pays, dans les Nouvelles du désert.

On retrouve également chez vous, la question de la place des femmes, à la fois rebelles et garantes de la stabilité et de la transmission des valeurs qui doivent faire face aux préjugés et aux archaïsmes tribaux.

Vous êtes un auteur profondément marqué par la culture du Sahara mais aussi un auteur aux identités hybrides, à l’image même des sociétés mauritaniennes hétéroclites, faites de brassages arabo-africains et de synthèses de multiples appartenances culturelles.

Cette distinction vient souligner et récompenser, d'une part, votre attachement à la liberté - de pensée et d'expression - sous toutes ses formes, et d'autre part, une littérature contemporaine, ouverte sur le monde et porteuse de valeurs d'humanisme, de métissage et de diversité.

M. M’Barek o/ Beyrouk, au nom de la ministre de la Culture, je vous fais Chevalier dans l’Ordre des Arts et Lettres.



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