22-04-2020 00:00 - Visites virtuelles (19) Dans le désert de Mauritanie
La Croix - Après plusieurs jours de balades en France, je vous propose de céder à l’attraction du désert en allant, toujours depuis notre canapé, en Mauritanie.
C’était une destination fétiche pour les voyagistes d’aventure, notamment La Balaguère, Allibert trekking, Terre d’aventure et Nomade aventure, jusqu’à ce que l’insécurité dans le Sahel interdise de s’y rendre pendant des années : dans ses « conseils aux voyageurs », le ministère français des affaires étrangères avait en effet classé en « zone rouge » l’essentiel du territoire mauritanien.
Une catastrophe pour tous ceux (guides, chameliers, cuisiniers, conducteurs de 4 x 4, etc.) qui, localement, vivaient grâce à ce tourisme réservé aux amateurs de voyages hors piste.
(PB)
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Puis à l’automne 2017, le quai d’Orsay a revu ses préconisations et passé en orange la région autour de Atâr. Il n’en fallait pas plus pour que le baroudeur Maurice Freund, fondateur du Point Afrique, reprenne ses dessertes aériennes et que, dans la foulée, les tours operators d’aventure proposent des séjours qui ont eu un petit succès.
A ce propos, lire : En Mauritanie, le tourisme, c’est reparti
Avec le coronavirus, patatras ! Il n’est n’est désormais pas question d’y aller, quelle que soit la zone définie par le quai d’Orsay.
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En attendant des jours meilleurs, il faudra se contenter de répondre à l’appel du désert en regardant des vidéos, par exemple celle-ci (visible jusqu’au 30 mai 2020) qui évoque le désert mauritanien bien sûr, mais aussi le parcours du scientifique naturaliste, biologiste, explorateur, érudit et humaniste français Théodore Monod.
Se contentant de peu pour survivre et doté d’une endurance exceptionnelle, doué aussi d’une inextinguible curiosité, ce protestant, grand marcheur dans le désert, a mené au XXe siècle plusieurs grandes missions d’exploration dans des régions du Sahara encore peu connues.
C’est dans l’Adrar qu’il a réalisé sa première grande exploration chamelière en 1934. Il avait à peine 32 ans. Il avait alors passé un an dans le désert de l’Adrar qui restera son désert préféré. Il a relaté cette expérience dans son livre Méharées.
Théodore Monod a, entr’autres, passé beaucoup de temps à Chinghetti, une cité fondée à la fin du XIIIe siècle. Célèbre pour ses puits, cette ville ancienne a été un important centre de commerce caravanier transsaharien.
Depuis le début du XVIe siècle, elle est aussi réputée pour ses savants et ses bibliothèques remplies d’ouvrages de religion, d’astronomie, de mathématiques, d’astrologie, de grammaire, de géologie, de poésie, écrits en dialecte local ou en arabe.
Soucieux de mieux comprendre la culture nomade, Théodore Monod fera traduire nombre de ces ouvrages qui sont autant de témoignages sur une civilisation. Chinghetti est aussi la 7e ville sainte de l’islam sous le nom de « ville des bibliothèques ». Mais, les savants occidentaux, dont Monod, se sont également intéressés à Chinghetti pour essayer de localiser une météorite qu’ils supposaient tombée non loin de la ville, dans le désert.
Oualata et ses portes peintes par les femmes (PB)
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Chinghetti est, depuis 1996, sur la liste du patrimoine mondial de l’Unesco, comme d’autres villes anciennes de Mauritanie, parmi lesquelles Oualata. A propos de Oualata, lire les trois posts publiés sur ce blog en 2014 : trois jours à Oualata.
Bonnes découvertes depuis votre canapé. Et, bonne journée !