25-09-2021 19:30 - Le projet de revalorisation du métier de l'enseignant, une revalorisation gravement tronquée!

Sidaty Med Dicko -
Je crois qu 'au fond il ya un non dit: une revalorisation voulue sans la revalorisation indispensable et essentielle qui seule peut marquer la différence et donner le ton serein dont le projet doit absolument se prévaloir, pour attirer l'ensemble des partenaires syndicaux.
Nous (syndicalistes) avons comme l'impression que le projet de revalorisation du métier de l'enseignant dans sa version actuelle veut inviter les partenaires à solutionner les problèmes majeurs du ministère sans égards pour ceux fondamentaux, de son personnel.
Certes, la solution des problèmes évoqués dans le plan d'action du projet satisfait par ricochet, certaines des revendications présentées par les syndicats et leurs militants mais hèlas, certaines revendications seulement qui, si importantes soient elles, ne peuvent pas à elles seules suffir.
Sûrement, les points abordés dans le plan d'action sont au coeur de nos préoccupations en tant que syndicalistes, mais on imagine mal qu'on veuille nous revaloriser notre métier en ignorant, ou en remettant aux calendes grecques notre aspiration légitime à jouir d'un traitement salarial décent.
Comment en effet, un plan d'action qui a ciblé presque tous les grands défis du secteur : tels que le manque d'opportunités de reclassement des fonctionnaires, la quasi impossibilté du passage de grade en grade, la rediscussion ouverte du statut particulier de l'enseignement fondamental et secondaire, la question centrale de l'absentéisme, les critères de promotion et d'affection, la programmation des formations continues et la numérisation de la gestion du personnel (un défi sans lequel les objectifs fixés quant à la redynamisation et la rentabilité du secteur éducatif sont néants), comment ce plan peut il s'intéresser à tous ces aspects et faire tabula rasa du problème des problèmes dont le projet porte par ailleurs explicitement le nom: la revalorisation de l'enseignant ?
Comment ne pas commencer par le commencement en ouvrant le débat *sur l'étude du niveau de remunération minimum indispensable pour permettre à tout enseignant à vaquer tranquillement à son travail ? Comment le ministère de l'éducation peut il faire sembler d'ignorer que le défaut du pouvoir d'achat constitue la principale cause de la concentration des enseignements à Nouakchott au risque d'aggraver la pénurie d'enseignants à l'intérieur?
Comment peut-il ignorer que le manque d'attrait de la profession imputable aux conditions matérielles exécrables, est la raison fondamentale du taux de désaffection et d'abandon, qui fait que des milliers de professeurs et d'instituteurs s'aggripent autour des administrations par détachement ou par autres voies multiples, jurant de ne jamais revisiter les classes, ni revoir le tableau noir?
Ce problème n'est il pas une des grosses explications du recrutement abusif et inapproprié des contractuels?
Le projet de revalorisation dans la formulation de ses objectifs, a touché les points essentiels à savoir:
1/ L'amélioration des conditions de vie matérielles et morales
2/ L'amélioration de la gestion des ressources personnelles
3/ La mise en place d'un cadre de consultation permanent
Mais le premier plan d'action décliné a par contre trahit les nobles objectifs fixés. Il se concentre sur le factuel et oublie l'essentiel, Il grignote sur le crédit de confiance et sur l'enthousiasme que les acteurs syndicaux pourraient manisfester à l'égard du projet.
En un mot, il fait croire à un medecin qui veut soigner un patient en en refermant simplement sa plaie qui est toujours béante?
Certains diront que ce point pourrait venir après et qu'il faut d'abord remettre à niveau le personnel puis procéder à lui apporter le salaire décent qu'il réclame. Ceci est vrai en conditions normales. Nous n' en sommes plus là . Nous sommes dans le cas de figure où il faut agir vite et vite pour sauver le bateau qui chavire. Il faut préserver le personnel compétent en service, il faut le motiver pour rester en classe. Cela poussera le personnel compétent ayant déserté à revenir, cela motivera le personnel moins formé à faire le sacrifice pour mériter le nouveau statut de l'enseignant revalorisé.
La facture pourrait être salée c'est sûr, mais les bénéfices que tout le monde engragera de la vraie revalorisation feront sûrement oublier cet aspect génant! On ne revalorise pas sans mettre de la valeur! On ne peut pas préparer un vrai plat de Domada ou mafé, sans utiliser le piment. On ne peut pas supposer la crédibilité du projet de revalorisation sans ce point essentiel!
Sidaty Med Dicko
Secrétaire général de l'Alliance des professeurs de Mauritanie (APM)