09-05-2023 12:28 - Entretien avec Dialel Abou GUISSET, candidat UDP à la députation à Nouakchott-Ouest

Entretien avec Dialel Abou GUISSET, candidat UDP à la députation à Nouakchott-Ouest

Mauritanies 1 - Vous êtes un économiste et homme politique mauritanien, marié et père de 3 enfants. Vous avez grandi à Nouakchott dans le quartier du KSAR et êtes le fils d'Abou Dialel GUISSET, qui fut l'un des premiers directeurs de l'Office National des Postes.

Vous êtes originaire de Kaédi, où vous avez passé toutes vos vacances pendant votre enfance. Après des études brillantes et l'obtention d'un bac C, vous avez poursuivi vos études au Maroc où vous avez décroché une maîtrise en mathématiques. Vous avez ensuite choisi de rentrer en Mauritanie pour servir votre pays et avez occupé plusieurs fonctions.

Par la suite, vous êtes allé vous perfectionner en France et êtes titulaire d'un Master de l'ENSAE ainsi que d'un troisième cycle de sciences politiques à l'Université d’Auvergne. Depuis 2008, vous êtes le Directeur des Études, de la Programmation et de la Coopération au Ministère du Commerce, de l'Industrie, de l'Artisanat et du Tourisme et bon nombre de dossiers pointus sont passés par votre bureau. Enfin, vous êtes un passionné de football et de sport en général.

Diriez-vous que vous êtes l’exemple type de cette nouvelle technocratie Mauritanienne qui ambitionne de porter notre pays sur la voie de l’émergence ? Manquerai-t-il quelque chose à votre portrait ?

Dialel Abou GUISSET : Je constate que vous vous êtes bien documenté sur mon parcours. Je suis en effet un pur produit du KSAR et toute mon identité s'est forgée autour des formidables valeurs portées par ce quartier. J'ai grandi dans un vaste creuset de cultures, de langues et d'identités plurielles. Ce quartier, à lui tout seul, résume ce qu'est la Mauritanie.

Pour répondre à votre question, je ne dirais pas que je suis l'archétype de cette nouvelle technocratie Mauritanienne, mais simplement une petite partie d'un ensemble. Vous savez, chaque Mauritanien ou Mauritanienne, où qu'il soit dans le monde, a l'ambition de servir son pays à sa manière. Et chacun peut contribuer d'une manière ou d'une autre. Chaque contribution est importante. J’aurais l’occasion d’y revenir plus en détail en abordant les actions concrètes que je souhaite mettre en place, mais retenez que tout le monde, où qu'il soit, peut y participer.

Pour ma part, j'ai choisi de rentrer dans l'administration pour servir, car c'est dans ce domaine que j’ai acquis des compétences et c’est là où je me sentais le plus utile pour être au service des autres. Aujourd'hui, j'ouvre un nouveau chapitre pour transformer une vision politique globale en actions concrètes de terrain qui ont un impact direct sur le citoyen. Et ensembles, nous pouvons le faire !

Il est maintenant temps de transformer cette architecture politique globale en un plan d'action qui guidera notre route vers l'émergence. Après le temps des architectes, nous entrons maintenant dans l’ère des bâtisseurs et des travailleurs, l’ère où nous remplaçons le "Il faut que..." par "Voici comment nous allons faire...". Tel est le sens de mon engagement politique : construire et dérouler ce plan d'action commun et partagé par tous et pour tous.

Chacun, où qu'il soit, peut contribuer à sa réalisation à sa manière, et je détaillerais notre approche car "ensemble, nous pouvons...". Lorsque nous sommes unis, tout devient possible.

Mauritanies1 : on sent que vous êtes résolument ancré dans l’action immédiate et en même temps dans le projet d’avenir. Vous nous avez parlé de vision politique, quelle est cette vision que vous portez ?

Dialel Abou GUISSET : Je vous remercie pour cette question. Le sujet est vaste, et avant de répondre précisément à votre question, permettez-moi d'aborder le contexte de la géopolitique mondiale.

Nous sommes une nation qui s'est construite sur le commerce. L'empire du Ghana, qui avait sa capitale à Koumbi Saleh dans le Guidimakha, était une nation commerçante. Les routes et les caravanes qui reliaient le monde Arabe à l'Afrique subsaharienne passaient par chez nous. De tout temps, toutes les composantes de notre nation ont su commercer avec les autres contrées. Cela signifie que nous avons une formidable capacité à échanger avec les autres, à discuter avec eux, à les comprendre.

En quelque sorte, nous sommes le carrefour de ce monde. Nous sommes connectés à l'est avec tout le monde arabophone, à l'ouest nous sommes ouverts sur l'Amérique et enfin, nous sommes la zone de transition privilégiée entre le Maghreb au nord et l'Afrique subsaharienne au sud. Nous sommes au cœur de deux émergences économiques, avec au nord le Maroc et au sud le Sénégal.

À nous de commercer pour relier économiquement ces deux zones. A nous d’en tirer profit. C'est dans l'ADN de notre nation. Notre géographie ne changera pas, ces atouts ne disparaitront pas. À nous de les exploiter et de les faire fructifier. Et pour faire cela, il faut ensemble bâtir un projet partagé par chacun et pour le bénéfice de tous. Canalisons nos énergies pour regarder devant et construire ensemble cette autoroute vers l'émergence.

En réponse à votre question, je dirais que ma pensée politique est guidée par trois grands enseignements.

Mandela nous a montré comment transformer une difficulté historique et politique en avantage, en bâtissant et en exécutant un projet d'avenir commun pour le bien de tous. Gamal Abdel Nasser nous a montré qu'il était possible de construire des solutions qui nous sontpropres et qui seront adaptées à nos réalités locales.

Barack Obama nous a montré qu'ensemble, nous pouvons tout faire "Yes, wecan !". Quelles que soient nos différences et malgré les blessures du passé, nous devons tous ensemble nous tourner résolument et en toute confiance vers l'avenir.

Nous devons ensemble améliorer ce pacte social et corriger ces inégalités de la vie qui nous ralentissent. Nous devons chacun, en tant que citoyens, contribuer au bien-être commun et chacun à son niveau a un rôle à jouer. Toute contribution est importante, toute expérience est importante. Ensemble, en tant qu'individus de cette nation, nous nous devons de faire le serment mutuel qu'aucun d'entre nous ne laissera l'autre au bord du chemin. Si nous nous donnons les moyens de travailler ensemble, dans le respect de l'autre, alors tout devient possible, et avec le talent de notre jeunesse, ce pays se développera à une vitesse fulgurante.

Tel est la finalité de mon engagement politique, tel est la vision d'une Mauritanie apaisée, dynamique, prospère, au carrefour du monde que je porterai si les habitants de Nouakchott Ouest m'en donnez le mandat.

Mauritanies1 : votre vision de l’engagement politique n'est-elle pas idéalisée ? N'est-elle pas trop éloignée du terrain ?

En fait, c'est tout le contraire et je vais vous expliquer pourquoi. Dans mon parcours professionnel, j'ai traité de nombreux dossiers, notamment la mise en place d'accords commerciaux et la négociation d'accords bilatéraux ou multilatéraux entre États. J'ai également beaucoup contribué à la valorisation de notre artisanat et de notre commerce. Cependant, j'airéalisé que la mise en place de ces mesures prend du temps avant d’être ressentie par les citoyens de Basra ou de Sebkha. D'un autre côté, j'ai aidé beaucoup associations de jeunes et de femmes à monter des dossiers et à structurer des projets, et là l'impact a été direct et immédiatement visible.

En d'autres termes, il est important d'être agiles et d'adapter notre façon de faire de la politique à la réalité du terrain afin d’avoir un impact rapide et maximal. Votre question est pertinente et vous avez raison de souligner qu’aujourd'hui la politique ne peut plus se limiter à la définition d'objectifs globaux et à la tenue de grands discours. Nous devons être plus concrets et plus proches du terrain, c'est à cela que je veux me consacrer.

Certes, il est important de définir des objectifs, mais notre génération a aussi la responsabilité de les décliner en actions concrètes sur le terrain qui ont un impact positif sur la vie de nos concitoyens. Je vais vous citer quelques exemples concrets dans cinq domaines qui me tiennent à cœur :

• La Santé : Collaborer avec des professionnels libéraux de la santé pour instaurer des mécanismes qui offrent l'accès à une première consultation médicale gratuite. En matière de santé, il est plus efficace de prévenir que de guérir. Il ne faut pas attendre qu’un enfant soit gravement malade pour aller à l’hôpital. Il faut anticiper et voir un médecin de ville avant c’est beaucoup plus efficace. La difficulté en matière de santé est que c’est un domaine qui nécessite beaucoup de ressources financières. Cela ne m’empêche pas de penser que les communautés peuvent s’organiser localement pour amender un fonds destiné à offrir une consultation annuelle gratuite à chaque enfant de la communauté. Le rôle des élus est aussi d’impulser et d’aider les communautés à se structure. C’est à cela que je souhaite consacrer mon énergie, c’est à cela que je souhaite contribuer au travers de mon expérience d’organisateur et de management de projets.

• L’éducation : Nous constatons des inégalités territoriales liés à la classe sociale. Un jeune de Sebkha n’a pas le même accès à l’information qu’un jeune de l’Îlot K. Nous pouvons nous organiser pour permettre à des jeunes issus de milieux moins favorisés d’accéder a du soutien scolaire régulier pour les plus jeunes, à des conseils d'orientation pour ceux qui veulent poursuivre des études supérieures. Bon nombre de jeunes talents n’ont pas un oncle ingénieur ou un frère expatrié en capacité de leur procurer retour d’expérience et conseils sur les perspectives d’orientations. Nous pouvons chacun à notre niveau y remédier et contribuer à gommer ces inégalités en organisant des systèmes de tutorats voir de mentorat. C’est un levier puissant pour adresser en partie la problématique de la représentativité des jeunes issus des milieux non favorisés dans les écoles d'excellence.

• Les jeunes porteurs de projets : La problématique est similaire à celle de l’éducation. Il faut aider nos jeunes porteurs de projets à se réaliser via un système de coaching, de tutorat pour les aider à lancer et pérenniser leurs activités. Là encore, nous devons pouvoir organiser des ateliers pour aider les jeunes porteurs de projets à monter des dossiers et à trouver des financements. Les entreprises de la place ainsi que les expatriés ont aussi toute leur place dans ce dispositif. Post création, il faut suivre l’activité et l’aider à grandir. J’imagine aisément un entrepreneur mauritanien établi en France coacher 2 ou 3 jeunes pousses. Dans l’idéal ce type de relation peut même à terme se conclure par l’investissement financier de l’expatrié mauritanien qui souhaiterait investir au pays.

• L’emploi des femmes : C’est un très puissant levier de développement local. Toute communauté qui augmente l’employabilité de ses femmes améliore immédiatement son bien-être. La raison en est qu’elles consacrent l’essentiel de leurs revenus à la santé, à l’éducation et au bien-être de leurs familles. Bien souvent, elles ont un peu de capital, car déjà organisées en tours ou en tontines. Enfin elles ont souvent déjà une idée claire des activités dans lesquelles elles souhaitent s’inscrire. C’est un sujet que je connais bien de par mon parcours professionnel. Nous devons les aider à s’organiser en association, G.I.E ou T.P.E afin d’accéder à de nouvelles sources de financement notamment par le levier du micro-crédit.

• L’environnent : C’est un domaine riche ou tout reste à faire mais si je devais retenir qu’une mesure, ce serait d’inciter nos concitoyens à planter des arbres aussi bien à l’intérieur qu’a l’extérieur de leurs maisons. C’est un point très important en matière d’amélioration du cadre de vie, de la lutte contre la pollution et de la perméabilité des sols, surtout dans nos villes qui sont souvent exposées aux inondations.

Voici des exemples concrets d'une nouvelle approche, d'une nouvelle manière de faire de la politique qui fait sens. Il ne s'agit pas de résoudre tous les problèmes en une fois ni de déverser des torrents d'argent, nous n'en avons pas les moyens. Mais chacun d'entre nous peut consacrer un peu de son temps et de son énergie à une démarche citoyenne. Le menuisier qui accueille deux apprentis et les forme à un métier est utile, c'est positif. L'ingénieur Mauritanien qui conseille 10 jeunes bacheliers sur leurs choix de formations, sur les perspectives professionnelles et les bonnes écoles, c'est inestimable. Le cadre de la fonction publique qui prend deux heures de son temps pour aider une association de femmes à monter un dossier de financement de microcrédit pour lancer une activité de tissage ou de broderie, cela fait toute la différence.

Toute expérience est utile, toute contribution est inestimable. Chacun d'entre nous a sa pierre à apporter à l'édifice. Ainsi, chaque citoyen, où qu'il soit et quel que soit son expérience de vie, peut contribuer positivement pour le bien de tous. Voilà les sujets qui me tiennent à cœur, voilà les défis qui nous attendent, voilà ce à quoi je veux consacrer mon expertise et mon énergie pour rendre à ce pays, à cette ville, à ces quartiers, à tous ces gens, tout ce qu’ils m’ont apportées.

Mauritanies1 : que souhaitez-vous dire à vos concitoyens ?

• J'en appelle à tous mes concitoyens du Ksar, de Sebkha et Tevragh-Zeina. Je leur demande de nous soutenir le 13 mai et de nous donner mandat à l'Assemblée Nationale pour porter des demandes visant à promouvoir l'égalité des chances.

• Si je suis élu, je prends l’engagement ici devant vous de consacrer une partie de mon salaire de député, pour abonder un fonds qui servira à aider des associations de femmes ou de jeunes entrepreneurs à démarrer une activité et j’inviterais nombre de mes soutiens ici et à l’extérieur à œuvrer dans ce sens pour faire émerger les jeunes talents de nos beaux quartiers. Je souhaite impulser cette dynamique de sponsorship qui nous verrait tous les trimestres, récompenser le meilleur projet féminin et le meilleur projet jeune entrepreneur par une dotation financière qui leur permettrait de se lancer. Il est donc normal si vous me faites confiance, que je donne l’exemple et contribue à cet effort collectif en tout premier lieu. Nous devons prendre soins de nos femmes, de nos jeunes et de nos quartiers et nous pouvons le faire si nous le voulons.

• Plus généralement, j'en appelle à l'ensemble des élus de tous bords et de toutes localités pour embrasser cette approche pragmatique et inclusive, car c'est un gage d'impact positif immédiat. Au-delà de nos divergences, je les appelle à construire ensemble une vision porteuse d'avenir pour tous. Nous avons des atouts inestimables.

• Mes chers concitoyens, chers habitants de Nouakchott Ouest, n'oubliez pas : Aller voter, c'est déjà construire votre avenir et celui de vos enfants. Ensemble, nous pouvons et ensemble nous le ferons, Inchallah !

Propos recueillis par Dia El Hadj Ibrahima

« Mauritanies1 »





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Source : Mauritanies1
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