25-08-2024 18:37 - Point de mire : Quand les halpoulars « s’entretuent » politiquement

Point de mire : Quand les halpoulars « s’entretuent » politiquement

Jusqu’au moment où elle rendait son dernier souffle, Mother Houleye, le visage illuminé par un mélange de piété, de croyance et de tristesse tenait dans sa main son chapelet, un chapelet dont elle ne s’était jamais plus séparée depuis le jour où elle avait appris que son fils le lieutenant Sall Abdoulaye était mort assassiné.

Son fils, à la fleur de l’âge avait été pendu dans la nuit du 27 au 28 novembre 1990 en même temps que 27 autres négros-mauritaniens. Évidemment qu’il ne s’agissait là malheureusement que d’un crime raciste et cruel commis par des maures qui à l’époque étaient sous dépendance d’idéologies importées.

La perte de la Sainte Houleye a causé une douleur profonde dans les milieux de toutes les communautés. Malgré son âge très avancé et sa faiblesse physique, cette femme d’exception s’était toujours battue au quotidien pour que Vérité et Lumière sur les atrocités commises sur les négros mauritaniens noirs en 90 et 91 soient connues de tous et que leurs auteurs soient punis.

Tout au long de sa bataille sans relâche et jusqu’à sa mort, Mère Houleye amplifiait la voix de ces milliers de femmes noires auxquelles, la cruauté et la barbarie de quelques maures racistes avaient arrachées ce qu’elles avaient de plus cher.

Une femme religieuse transformée en femme politique pour être abusée.

Je garde de cette femme l’image d’une Jeanne D’arc mauritanienne. Une femme battante, pleine de dignité et de courage qui n’avait jamais cessé de poser des actes conciliants et apaisés pour que plus jamais de telles ignominies ne se répètent. Son noble combat a laissé des marques indélébiles dans les Annales de l’Histoire de cette lutte des négros-mauritaniens opprimés, pour que les droits humains dans notre pays naissent des cendres du racisme et de la ségrégation et se restituent.

La Mauritanie vient de perdre donc un grand symbole. Un symbole de la Lutte contre l’injustice et l’impunité. J’ai connu cette icône dans le cadre de mes activités professionnelles. Je l’avais rencontrée à plusieurs reprises. Je peux même affirmer sans me tromper que je connais beaucoup plus sur les valeurs morales, les valeurs religieuses et les valeurs sociales de cette femme que de très nombreux Halpoulars, (des grandes gueules pour la plupart), qui n’approchaient cette sage femme que pour abuser de sa confiance, de sa générosité et de son honnêteté. Certains pour s’enrichir en évoluant dans la migration clandestine des personnes, d’autres pour arracher dans son dos et à son insu des sous à des organisations caritatives ou humanitaires par la collecte.

Les halpoulars. De l’activisme de Communication qui n’avance à rien.

J’ai eu l’occasion de rencontrer à plusieurs reprises Alassane Dia, le leader du Mouvement “touche pas à ma nationalité”. Alassane est un jeune intellectuel intelligent, né dans cet environnement des années de braise qui fait de la Mauritanie un pays, où certains activistes négros-mauritaniens de tous bords sont parfois profondément divisés par des intérêts personnels et égoïstes et qui, le plus souvent, se lancent dans une guerre fratricide les uns contre d’autres dans la course à la solution du même problème.

Pour la petite anecdote, la dernière fois qu’Alassane Dia et moi nous nous sommes rencontrés, c’était à l’occasion d’une réunion au cours de laquelle des activistes pour l’égalité des chances pour tous et pour la lutte contre le racisme s’étaient rencontrés pour échanger de points de vue sur des questions d’intérêt national.

A cette occasion, j’avais dit à mon frère Alassane Dia, que si les halpoulars pensent que le problème du Passif Humanitaire est leur problème à eux seuls, qu’ils se trompent et ils ne parviendront jamais à régler le problème même en l’attaquant sous tous ses différents angles.

Ce qui est arrivé les années « dites de braise » n’est arrivé qu’aux halpoulars. C’est vrai. C’était donc une bataille livrée par des maures contre des halpoulars qui malheureusement en ont payé un prix qui donne froid dans le dos ; Des personnes assassinées de sang-froid, des soldats pendus dans une caserne (Inal), des militaires exécutés manu-militari (Sory, Wothii et Azlatt), des femmes violées, des innocents déportés, des autochtones expropriés injustement de leurs terres et de leurs biens. J’avais dit donc à mon frère que les mauritaniens devaient regarder ce problème comme un problème qui aurait pu arriver à n’importe laquelle des autres communautés. C’est pourquoi, j’avais dit que tous les mauritaniens, toutes races et ethnies confondues doivent lutter ensemble pour que plus jamais de telles choses n’arrivent dans ce pays où il faisait bon de vivre avant 1966, début de la « déchirure » entre les communautés.

Evidemment que Monsieur Dia m’avait pris pour un con. Et, poliment il n’avait pas réagi à mes propos et n’avait donc pas commenté. Et pourtant, il savait très bien que j’avais bien raison. Et le temps me donne maintenant raison. Parce que je pense que maintenant beaucoup de mauritaniens maures ou harratines pensent la même chose que moi et c’est pourquoi, on les voit de plus en plus présents sur tous les fronts des protestations et des manifestations pour exiger une Mauritanie égalitaire, c’est-à-dire une Mauritanie de tous.

Mother Houleye, partie à l’au-delà déçue par les siens.

Je dis tout cela parce que le parcours de la combattante Houlèye, (qu’Allah l’accueille dans son paradis), nous a appris tellement de choses. D’abord son parcours nous rappelle ce que moi je savais déjà et que je disais toujours, que d’ailleurs des halpoulars de l’extrême droite raciste radicale m’ont fait ravaler très pimenté.

J’avais dit dans un audio largement partagé à l’époque, « que le problème des halpoulars était les halpoulars eux-mêmes qui commençaient à nous faire chier ». Excusez-moi pour l’expression maladroite employée. En fait on m’avait reproché d’avoir généralisé en mettant tous les halpoulars dans le même panier et en les traitant tous de la même manière. Ils avaient raison. Ce n’était pas juste. Je l’avais reconnu, je l’avais regretté sincèrement et même les larmes aux yeux j’avais demandé pardon à tous.

N’empêche même après mon mea-culpa, j’avais reçu des menaces de mort d’un activiste halpoular réfugié en France et beaucoup de mes intimes amis halpoulars ne m’ont jamais pardonné cette sortie maladroite.

Cela se comprend. Parce que moi, Je ne vois pas le problème du passif humanitaire sous le même angle que certains amis de la Vallée. Moi, j’ai toujours soutenu que ce sont les halpoulars eux-mêmes qui sont à l’origine des conséquences graves qui ont découlé des événements qui ont précédé 89, les événements de 89 et ceux qui les ont suivis en 90 et en 91.

Je l’ai dit parce que les halpoulars qui se savaient déjà dans le collimateur de maures (animés psychologiquement par des idéologies arabes importées), avaient commis la très grave erreur de se lancer dans des opérations kamikazes et suicides comme celle de septembre 1986 (affaire des Flam, le manifeste des négros-mauritaniens opprimés) et celle d’octobre 1987 (le coup d’état halpoular avorté). Ce sont les conséquences de ces événements qui se sont chevauchés dans une fourchette de treize mois, pour lesquels ont payé le prix macabre les 28 pendus d’Inal, les trois exécutés du 6 décembre 87 (Sarr Amadou, Sy Saydou, Bathily) et les quatre morts de Oualata (Ba Alassane, Ba Abdel Khoudouss, Tène Youssouf Gueye et Djigo Tafsirou) ainsi que les 244 militaires victimes de sang reconnus officiellement.

D’ailleurs Alassane Harouna Boye (activiste halpoular réfugié en France) avait reconnu lui-même que le coup d’Etat avorté de 1987, était le déclencheur de tous les actes de barbarie qui ont suivi cet événement. Cette déclaration, il l’avait faite au cours d’un débat organisé sur la tentative du coup d’état des négros-mauritaniens le 14 décembre 2013, au Centre Harmattan de Paris.

En effet les négros-mauritaniens ont payé le prix fort des conséquences de leurs agissements parce que, le conflit qui avait éclaté entre deux communautés (peuhle et Soninké) à la frontière entre le Sénégal et la Mauritanie a servi de contexte et de prétexte pour que des extrémistes racistes maures se vengent sur les halpoulars en organisant ces massacres de 1989 et en provoquant des déportations massives injustifiées.

On ne m’aime pas beaucoup pour ce que je dis. Les maures ne m’aiment pas pour mes positions tranchées et les négros-mauritaniens me détestent. C’est bien comme ça. Mais j’ ai toujours dit ce que je crois devoir dire même à ceux qui ne veulent pas l’entendre parce que c’est la vérité.

Il faut préciser que durant ces événements (1986-1991) certains halpoulars (considérés comme des traitres, des lâches ou des collabos) avaient « combiné » avec les maures indexés comme auteurs du mal et des crimes dont ont été victimes les halpoulars.

Ce que je dis là, est peut-être amer mais c’est la vérité. Et la preuve (entre autres), c’est ce que nous a révélée Mère Houlèye qui avait enduré la souffrance de l’assassinat ignoble de son fils le lieutenant Abdoulaye Sall trente-quatre ans durant. Cette mère meurtrie avait été abusée par des pseudos politiciens de sa propre communauté halpoularène probablement corrompus par des maures pour rouler leurs cousins et cousines dans la farine.

Le Prière de Kaédi. Un événement politique aux couleurs d’intérêts égoïstes.

Ce n’est pas moi qui le dit c’est la défunte disparue Houleye qui le dit elle-même. Dans un entretien accordé à mon confrère Dalay Lam le 7 décembre 2017 pour Cridem. Dans cet entretien Mère Houlèye était revenue sur l’accord clando qu’on lui avait fait signer à la Présidence de la République en 2009, tard dans la nuit à la veille de la prière sur les morts de la capitale du Gorgol.

Elle avait déclaré dans cet entretien que, « pour assouvir leur objectif, le président de COVIRE, Sy Abou et son groupe l’avaient « roulée dans la farine ».

Ce « rouler dans la farine » signifiait pour elle, qu’illettrée, malvoyante, malade, dans une mise en scène mascarade orchestrée par ses parents de couleur, elle avait été « prise pour otage » et séquestrée au Palais de Ould Abdel Aziz pour signer un document dont elle ignorait complètement le contenu et dont elle n’était jamais entrée en possession d’une copie.

Houlèye Sall jusqu’à sa mort n’avait jamais pardonné à ceux qui l’ont conduite au palais présidentiel, à quatre heures du matin pour lui faire signer, un « soit disant » accord, par lequel elle pardonnait ceux qui ont assassiné son fils et elle déclarait mettre fin à toute poursuite dans cette affaire.

Pour Houlèye, ce sont, le président de COVIRE (le démarcheur), son groupe et le général Dia (celui par qui selon certains tout le malheur est arrivé), portent sur eux la lourde responsabilité dans cette affaire de l’abus de sa confiance et ils répondront tous devant Dieu et devant les hommes de leur « acte ignoble ».

Il faut peut-être préciser qu’au départ, par rapport aux indemnisations, les réparations financières annoncées étaient fixées à 15 millions pour les officiers assassinés (mariés et qui ont des enfants), 10 millions pour ceux qui n’ont pas d’enfants, 8 millions pour les sous-officiers et 5,5 millions, pour les caporaux et soldats.

Il parait maintenant qu’une partie de ces montants avait fondu comme du beurre, passant de 15 et 10 millions à 2 millions pour les officiers mariés et 800 000 pour les soldats. Depuis ces dégrèvements opérés sur les montants c’était la rupture totale entre Houleye et COVIRE.

Règlement honteux du passif meurtrier par une arnaque en bande organisée ?

Donc pour résumer un peu, en ce qui concerne le problème des veuves et des ayant droits, (à l’époque de Ould Abdel Aziz en 2009), au sommet de l’Etat, il avait été décidé d’indemniser les crimes de sang pour les victimes militaires assassinées. Le nombre de ces victimes recensées par une commission qui avait sillonné la vallée pendant six mois était arrêté à 244 victimes.

Bien entendu le groupe des négros-mauritaniens qui pilotait ce projet d’indemnisations, n’avait pas eu du mal à faire accepter aux victimes et aux ayants-droits la solution proposée à quatre heures du matin. Ces victimes qui avaient été laissées à l’abandon pendant plus dix ans dans la misère et la pauvreté n’avaient pas le choix. Elles ne pouvaient donc qu’accepter aveuglément les propositions avancées par les pouvoirs publics par nécessité absolue.

Quoiqu’il en soit, l’accord obtenu à l’arrachée en 2009 par les intermédiaires-démarcheurs (Abou Sy et Dia), ne semble être qu’une partie du problème. Et c’est peut-être ce qui explique l’intérêt que le président Ghazouani avait accordé à une revue globale du problème, à un état des lieux de cet épineux problème et à la recherche d’une solution définitive à ce conflit social et humanitaire, qui en réalité n’oppose qu’une poignée de racistes extrémistes maures à une poignée de racistes extrémistes halpoulars qui s’affrontent sur un champ de bataille politique depuis 1958.

C’est d’ailleurs pourquoi, le président Ghazouani avait mis en place un comité restreint (Yahya Ould Waghev et Kane Ousmane qui avaient fait un excellent travail) pour trouver les goulots d’étranglements qui obstruaient encore le règlement définitif de ce problème qui envenime la vie au quotidien des mauritaniens.

Un accord avait été trouvé après des séries de rencontres avec les veuves et les ayants-droits et un accord additif-avenant était sur le point d’être signé lorsque (parait-il), depuis l’étranger tout a été remis en cause par des activistes réfugiés en France, au Canada et aux Etats-Unis, qui eux ne souffrent pas du mal de la pauvreté et de la misère comme ces veuves qui, pour la plupart mendient aux carrefours de Nouakchott pour survivre dans un pays multiracial où certains maures sont allergiques à la couleur noire.

Certains pensent que ces obstacles et ces goulots d’étranglements sont dressés par des racistes activistes d’extrême droite Halpoulars engagés sur la ligne de front de la lutte contre ce qu’ils appellent le système raciste « baydane » de Mauritanie.

Aujourd’hui Mère Houlèye la Sainte femme repose en Paix au Paradis à côté de son fils, loin des magouilles d’une poignée de maures et d’une poignée de halpoulars, des racistes tous tant qu’ils sont qui se livrent une guerre d’idéologies diamétralement opposées dans le fond comme dans la forme.

Mohamed Ould Chighali.
Journaliste indépendant






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Commentaires (1)

  • mystere1 (F) 26/08/2024 11:26 X

    L’ethnie puular, a été maudite, depuis la nuit des temps, on ne sait, pourquoi ? mais, il doit y avoir, une raison, pour laquelle, cette communauté est haït, et est antipathique, aux autres ! d’ailleurs, même, Louis Faidherbe, avait dit, ces jurons de malédictions, sur la communauté peulh ! mais une chose, est certaine, c’est l’une des grandes ethnies, qui de par sa sagesse, et grandeur, a gâché, son image, à cause, de la désunion, entre ses gens de la communauté, la cruauté, l’égoïsme, la jalousie, la féodalité, et l’orgueil, ainsi, voila les maux, caractérisés, par cette ethnie, dont, hélas, je fais partie, même si, mes origines, sont wolofs, et c’est regrettable, ça fait mal, très mal ! donc, je ne vous blâme pas, monsieur l’écrivain ! tout à fait raison, au sujet de cette communauté, et en particulier, parmi, elle, certains, qui en abusaient, en dessous, en relation, avec la défunte doyenne brave militante, feu Dame Houlèye Sall, c’est désolant, et écœurant, pour ma communauté ! que Dieu, nous Guide, et Parfait, nos caractères et mœurs mesquins !