04-09-2024 19:30 - La Mauritanie est-elle devenue une terre d’asile pour les migrants subsahariens ?

La Mauritanie est-elle devenue une terre d’asile pour les migrants subsahariens ?

Sahara Médias - Sous le soleil brûlant de la route de Nouadhibou, dans la capitale Nouakchott, Aboubakr, jeune Malien arrivé en Mauritanie en 2022, guette les voitures qui passent dans l’espoir de se faire solliciter par un éventuel client pour effectuer des travaux de plomberie dans son domicile.

Aboubakar a fui le Mali à cause de la guerre entre l’armée et les groupes rebelles armés, contraint par la détérioration de la situation économique et sociale de son pays à prendre la difficile décision d’émigrer en Mauritanie.

Il a d’abord été employé de maison avant d’occuper de s’orienter vers les travaux de plomberie, la maçonnerie et autres travaux manuels.

C’est également le cas pour des dizaines d’ouvriers africains le long de l’axe Nouadhibou-Nouakchott agitant leurs outils qui constituent leurs marques déposées dans une course effrénée pour attirer l’attention des conducteurs dans l’espoir d’obtenir le travail d’un jour afin de faire face aux difficultés de la vie.

Interrogé par Sahara 24, Abubakr a déclaré dit qu’il était venu en Mauritanie en quête d’une opportunité d’emploi, et que grâce au travail manuel, il a pu se procurer un revenu stable et une vie décente, réaffirmant qu’il préfère rester en Mauritanie et travailler tant qu’il a une opportunité, ne quittant ce pays que pour rentrer chez lui au Mali.

Comme beaucoup d’autres migrants clandestins, Boubacar voit en la Mauritanie un pays qui lui offre une chance de travailler et de s’installer loin d’un pays en guerre comme le sien.

Destination stable


Ces dernières années, la Mauritanie est devenue une destination prisée pour les migrants irréguliers d’Afrique subsaharienne, notamment le Mali, fuyant la guerre entre son armée et les groupes rebelles et les graves conséquences d’une crise économique aigue.

Selon le gouvernement mauritanien, le pays accueille plus de 150 000 migrants, ayant fui la guerre dans le nord du Mali, et selon les données des Nations Unies, le nombre de migrants en provenance des pays du Sahel en Mauritanie est passé de 57 000 en 2019 à plus de 112 000 en 2023.

La Mauritanie n’est plus seulement un pays de transit pour les migrants, mais elle est devenue une terre d’asile comme le prouve d’ailleurs leur nombre croissant engendrant une grande pression sécuritaire, économique et politique sur le pays, selon Abdellahi Isselmou, expert en médias sécuritaires.

Un changement démographique dans de nombreuses régions de la Mauritanie dont la capitale Nouakchott est à craindre, car l’afflux constant de migrants provoque une pression accrue sur le marché et accapare pour ces immigrés les opportunités d’emploi dans les secteurs a-t-il déclaré à Sahara 24.

Première alerte

Face à l’augmentation constante du nombre de migrants, le gouvernement mauritanien a exprimé son inquiétude face à ce phénomène et le Premier ministre Mokhtar Ould Djay a déclaré que la situation actuelle ne peut perdurer et qu’il est urgent de prendre des mesures urgentes pour lui faire face.

Le Premier ministre a chargé un comité technique de préparer un rapport détaillé dans les quinze jours, visant à réviser les lois et à proposer de nouvelles mesures pour renforcer le cadre juridique de la lutte contre l’immigration clandestine.

Parallèlement, le parlement prévoit de discuter d’un projet de loi visant à créer un tribunal spécialisé dans la lutte contre la traite des êtres humains et le trafic de migrants, et à modifier certaines dispositions légales relatives aux migrants.

Cet appel du Premier ministre, mettant en garde contre les dangers de la migration irrégulière est le premier avertissement sérieux de l’ampleur du danger auquel le pays est confronté, a déclaré Ould Isselmou.

Il a ajouté que la Mauritanie fait face à trois types de migration, le premier celui de la migration circulaire entre la Mauritanie et les pays avec lesquels elle a conclu des accords qui permettent la libre entrée et sortie de ses citoyens ce qui offre à ceux-ci de bonnes conditions de travail et de stabilité dans le pays.

Depuis le début de l’année, les responsables gouvernementaux ont exprimé à plusieurs reprises ces préoccupations, soulignant le lourd fardeau que la Mauritanie doit supporter en raison de l’afflux de migrants dans des conditions de sécurité compliquées.

Plan d’urgence

En réponse à ce phénomène, les autorités ont préparé un plan d’urgence pour faire face au phénomène de la migration irrégulière, prévoyant le renforcement de la résilience des réfugiés et leur intégration dans la société mauritanienne.

Le plan prévoit de fournir une protection et une assistance aux groupes de migrants les plus vulnérables, tout en tenant compte des besoins des communautés d’accueil.

Dans le cadre de ce plan, le HCR en Mauritanie a annoncé en février la réception de 4 millions de dollars de l’Agence coréenne de coopération internationale (KOICA) au Maroc pour soutenir les réfugiés dans le Hodh Chargui.

La représentante du HCR à Nouakchott, Elisabet Esther, a déclaré que ce financement soutiendra les interventions du HCR entre 2024 et 2028 pour 153 000 réfugiés dans cette wilaya à travers le projet TEMASSOUK (cohésion) , qui vise à autonomiser les réfugiés et les populations d’accueil, à renforcer leur résilience, à protéger l’environnement et promouvoir le développement local.

A la signature de l’accord, la représentante du HCR avait déclaré que « ce soutien permettra d’atteindre les objectifs du HCR visant à soutenir les projets menés par les communautés et les programmes et initiatives de renforcement des capacités qui améliorent l’accès aux services de base tels que les soins de santé, l’éducation et l’eau potable ».



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