27-02-2025 22:30 - Orpaillage artisanal, les défis de la contamination mercurielle en Mauritanie

La campagne de sensibilisation lancée par la Ministre de l’Environnement et du Développement Durable, Mme Messouda Baham Mohamed Laghdaf, sur les risques des produits chimiques utilisés dans l’exploitation minière artisanal, notamment le mercure, est une initiative essentielle. Elle s’inscrit pleinement dans la mise en œuvre des objectifs et mesures clés de la Convention de Minamata, visant à protéger la santé humaine et l’environnement des effets néfastes de ce métal toxique.
Le mercure, un métal persistant, est libéré par diverses activités humaines, notamment l’extraction aurifère artisanale et à petite échelle (ASGM), ainsi que par des processus industriels. Il est utilisé dans plusieurs produits et procédés industriels et rejeté dans l'air, l'eau et le sol, causant ainsi des dommages environnementaux et sanitaires graves.
La Convention de Minamata, adoptée le 10 octobre 2013 à Kumamoto, au Japon, et entrée en vigueur le 16 août 2017, constitue un cadre international visant à limiter les émissions et les rejets de mercure tout au long de son cycle de vie. Elle repose sur trois axes majeurs :
1. L’élimination progressive du mercure dans certains produits (thermomètres, piles, cosmétiques).
2. Le contrôle des émissions atmosphériques et des rejets dans l’eau.
3. La gestion écologique des déchets contenant du mercure et la réhabilitation des sites contaminés.
Depuis 2017, des avancées notables ont été réalisées, notamment l'adoption de plans d’action nationaux pour l’ASGM et la réduction de l’usage du mercure dans les produits industriels. Cependant, plusieurs défis subsistent, notamment le manque de données précises dans certaines régions critiques comme l’Afrique et l’Asie, rendant difficile une évaluation exhaustive de la convention.
L'importance des données scientifiques et de l’expertise technique
Des données de qualité, complètes et fiables sont essentielles pour assurer un suivi et une évaluation rigoureuse des politiques environnementales. Elles constituent une base objective pour :
• Mesurer les progrès réalisés.
• Identifier les domaines nécessitant des améliorations.
• Prendre des décisions stratégiques fondées sur des éléments scientifiques solides.
• Assurer une gestion proactive des risques liés au mercure.
Outre le manque de données, d’autres défis persistent, notamment le déficit de sensibilisation et de formation dans les zones ASGM et l’impact du changement climatique sur les écosystèmes déjà fragilisés par l’exposition au mercure. Ces enjeux complexes soulignent la nécessité d’un accompagnement technique et financier pour faciliter la mise en conformité avec la convention.
Face à ces défis, il est indispensable d’adopter des stratégies reposant sur des bases scientifiques solides, tout en les ajustant continuellement à la lumière des avancées techniques et des nouvelles données disponibles.
La valorisation de l’expertise scientifique et la mobilisation d’acteurs spécialisés sont des leviers majeurs pour assurer une gestion efficace du mercure et une mise en œuvre réussie des engagements internationaux.
Dr Mohamedou SOW
Consultant, chercheur et spécialiste en biostatistique
Email : mohamedou.sow@gmail.com
Références
1- https://minamataconvention.org/fr/resources/convention-de-minamata-sur-le-mercure-texte-et-annexes
2- https://www.un.org/fr/delegate/convention-de-minamata-sur-le-mercure-rapport-d%C3%A9tape-pour-2022
3- https://www.sciencedirect.com/science/article/abs/pii/S0025326X23011189?via%3Dihub
4- https://www.sciencedirect.com/science/article/pii/S0048969720313449