Apanews -- Des délégations du Sénégal, du Mali et de la Gambie se sont récemment rendues à Nouakchott pour aborder la gestion des expulsions et le renforcement de la coopération en matière migratoire.

La gestion des flux migratoires en Mauritanie suscite une intense activité diplomatique dans la sous-région, alors que des accusations d’expulsions massives et de traitements dégradants de migrants subsahariens, notamment sénégalais, maliens et gambiens, se multiplient.

Dans ce contexte, une délégation malienne de haut niveau, composée du ministre des Maliens Établis à l’Extérieur et de l’Intégration Africaine, Mossa Ag Attaher, du ministre des Affaires Étrangères et de la Coopération Internationale, Abdoulaye Diop, ainsi que du général Modibo Koné, directeur général de le l’Agence nationale de la sécurité d’État (ANSE), s’est rendue à Nouakchott pour discuter avec les autorités mauritaniennes.

Cette mission a mis en avant la nécessité de renforcer la coopération bilatérale et de mieux coordonner la gestion des reconduites aux frontières.

Quelques jours plus tôt, la ministre sénégalaise de l’Intégration Africaine et des Affaires Étrangères, Yassine Fall, s’était rendue en Mauritanie en tant qu’émissaire du président Bassirou Diomaye Faye.

Accompagnée d’une délégation parlementaire, elle avait rencontré le président Mohamed Ould Cheikh El Ghazouani et échangé avec la communauté sénégalaise sur leur situation et leurs préoccupations.

Parallèlement, la Gambie a également réagi face aux témoignages de migrants gambiens dénonçant des traitements inhumains en Mauritanie. Le président Adama Barrow a dépêché son ministre des Affaires Étrangères, Dr Mamadou Tangara, pour plaider en faveur de la protection de ses ressortissants. L’ambassade gambienne à Nouakchott a été instruite de renforcer son accompagnement et de recenser ses ressortissants en difficulté.

Les justifications des autorités mauritaniennes

Pendant que ces initiatives diplomatiques se multiplient, le consul honoraire du Sénégal à Nouadhibou, Boughourbal Moulaye Abasse, a pris la parole lundi pour appeler à une coopération renforcée entre Dakar et Nouakchott. Il a rappelé que la Mauritanie fait face à un afflux sans précédent de migrants irréguliers et que cette pression migratoire compromet la stabilité et la sécurité du pays.

« Quand un pays de 4,5 millions d’habitants se retrouve avec 1,2 million de migrants irréguliers, cela pose un réel problème. Nous n’avons jamais eu autant de violences dans ce pays. C’est un problème sérieux », a-t-il déclaré dans un entretien avec le média sénégalais, Le Quotidien.

Selon lui, la Mauritanie est devenue un point de transit majeur vers l’Europe après la fermeture des routes migratoires du Maroc et du Sénégal. Malgré l’appui logistique et financier de l’Union européenne et la présence de la police espagnole pour lutter contre l’immigration clandestine, les flux migratoires restent difficiles à maîtriser.

« Aujourd’hui, ceux qui n’ont aucun document sur eux, qu’ils soient sénégalais, maliens ou burkinabè, ont des problèmes. Lorsqu’ils sont arrêtés, ils sont renvoyés à la frontière », a-t-il expliqué.

Un appel à une réponse concertée

Face à l’ampleur de la situation, le consul honoraire sénégalais a plaidé pour une coopération interétatique plus structurée, accompagnée d’un budget dédié à la gestion des migrations.

« Aujourd’hui, il faut une coopération inter-États avec un budget spécifique. En plus des moyens financiers, il faut des conditionnalités claires sur le rapatriement des migrants », a-t-il insisté, alertant sur les conditions de vie déplorables des migrants bloqués à Las Palmas, où ils seraient plus de 30 000 à errer sans assistance.

Alors que la Mauritanie met en avant des considérations de sécurité et de gestion de l’immigration irrégulière, les échanges diplomatiques avec le Sénégal, le Mali et la Gambie soulignent l’importance d’un cadre régional de concertation pour une meilleure coordination et une gestion apaisée de la situation.

AC/APA