Aqlame -- Le président du Centre Deyloul pour les études stratégiques, Ahmed Ould M'bareck, a soulevé d'importantes questions concernant les motivations de la France quant à sa focalisation sur la surveillance aérienne des côtes mauritaniennes, plutôt que sur le renforcement des capacités de défense terrestres, où se manifestent les véritables menaces sécuritaires.

Paris cherche-t-elle exclusivement à protéger ses intérêts maritimes, ou existe-t-il une dimension de renseignement plus complexe derrière cette approche ?

L'ancien officier du renseignement de l'armée mauritanienne a également exprimé des préoccupations suite à des informations relayées par la presse, évoquant un éventuel transfert de l'aviation française du Sénégal vers la Mauritanie.

Il s'interroge : la Mauritanie se trouve-t-elle confrontée à un repositionnement stratégique des troupes françaises sous prétexte de coopération sécuritaire, ou bien s'agit-il d'une tactique de "retrait déguisé" visant à préserver l'influence militaire française dans la région ?

Il a également mis en lumière l'absence de discours français concernant le soutien à la Mauritanie pour sécuriser ses frontières terrestres, une zone où des groupes armés peuvent s'infiltrer et où l'immigration illégale pourrait augmenter. Les décideurs français ne comprennent-ils pas que la sécurité maritime est intrinsèquement liée à la stabilité des profondeurs du territoire ? Faut-il alors abandonner la Mauritanie à ses défis terrestres jusqu'à ce que le littoral devienne un nouveau point de pression, justifiant ainsi un maintien de la présence militaire française sous un autre format ?

Quelles sont les conditions pour la Mauritanie dans ce partenariat supposé ? S'agit-il d'une coopération équitable ou de simples diktats français déguisés en accords de sécurité ? La Mauritanie recevra-t-elle des équipements permettant une gestion complète de son espace aérien, ou la France continuera-t-elle à maîtriser les clés de fonctionnement, comme cela a été le cas dans ses anciennes colonies ?

L'ancien officier s'est également dit préoccupé par l'absence d'une voix officielle mauritanienne clarifiant la nature de ces négociations. Pourquoi la version mauritanienne est-elle absente de la narration médiatique française ?

Les Mauritaniens ont-ils le droit de savoir ce qui se trame dans ces accords, ou la souveraineté nationale est-elle gérée dans l'ombre ? Combien de temps Paris continuera-t-elle à traiter les pays du Sahel sur la base d'une "tutelle sécuritaire", ignorant que ses précédentes interventions dans la région ont été marquées par des échecs retentissants ?

Il a conclu en soulignant que, si cette démarche s'inscrit dans une stratégie française plus globale de repositionnement sur le continent, quelles sont alors les garanties que la Mauritanie ne se retrouvera pas, à l’avenir, au cœur d'un conflit international dont elle pourrait être impliquée.