14-05-2025 10:03 - Trump a rencontré le dirigeant syrien al-Charaa après avoir levé les sanctions contre Damas

FRANCE24 -
Donald Trump a rencontré, mercredi 14 mai, à Riyad le président syrien islamiste Ahmed al-Charaa après avoir annoncé une spectaculaire levée des sanctions contre Damas, qui a salué un "tournant décisif".
Le nouveau chef de l'État syrien est arrivé au pouvoir en décembre 2024 à la tête d'une coalition de forces islamistes qui ont renversé Bachar al-Assad.
L'entrevue entre al-Charaa et Trump, annoncée comme brève et informelle par Washington, a débuté autour de 10 h 15 (7 h 15 GMT) peu avant une réunion du Conseil de coopération du Golfe (CCG), organisation de six pays de la région.
Un "tournant décisif" selon Damas
le président américain a annoncé mardi qu'il allait "ordonner l'arrêt des sanctions contre la Syrie" en vigueur depuis des décennies et renforcées sous le pouvoir d'Assad. Il a vanté le fait que ce geste fort pourrait "donner (à la Syrie) une chance de grandeur", en allusion à son fameux slogan "Rendre sa grandeur à l'Amérique".
Il s'agit d'un "tournant décisif", s'est réjouie la diplomatie syrienne après que l'Union européenne, le Royaume-Uni et le Canada ont déjà assoupli leurs propres régimes de sanctions.
Ahmed al-Charaa avait aussi été reçu avec les honneurs à l'Élysée par le président français Emmanuel Macron qui l'avait exhorté, le 7 mai, à protéger "tous les Syriens sans exception" face aux violences et exactions entre diverses communautés syriennes.
"Bonne chance à la Syrie", a proclamé Donald Trump avec cette levée spectaculaire des sanctions, réclamée par le prince héritier d'Arabie saoudite Mohammed ben Salmane.
Le tempétueux milliardaire américain avait plaidé lundi pour "un nouveau départ" pour Damas.
La brève rencontre entre Trump et al-Charaa aura lieu malgré les réticences d'Israël, allié indéfectible des États-Unis qui frappe en Syrie depuis bien avant la chute du régime d'Assad.
Le nouveau pouvoir islamiste syrien cherche à reconstruire le pays ravagé par près de 14 années de guerre civile.
Le président américain, qui a livré mardi une louange appuyée des régimes de la région, en fustigeant les stratégies diplomatiques occidentales basées sur la promotion de la démocratie, aura aussi l'occasion de s'entretenir en Arabie saoudite avec des dirigeants des pays du Conseil de coopération du Golfe. C'est-à-dire l'Arabie saoudite, les Émirats arabes unis, Bahreïn, le Qatar, le Koweït et Oman, autant d'États en pleine transformation économique et dont le poids diplomatique déborde largement désormais la seule région du Golfe.
Après l'Arabie saoudite, le président des États-Unis se rendra au Qatar voisin, où il pourrait être rattrapé par un scandale politique lié à un luxueux avion offert par la famille régnante à Doha.
Un scandale politique couve à Washington
Donald Trump, qui mène une diplomatie résolument transactionnelle, vient d'abord dans la région pour signer de gros accords économiques.
En Arabie saoudite, la Maison Blanche a clamé avoir glané pour 600 milliards de dollars d'investissements, avec d'énormes contrats d'armement ou des projets dans l'intelligence artificielle et l'énergie.
Riyad a déployé tous ses fastes pour Donald Trump, et Doha, où il se rendra plus tard mercredi, devrait faire de même.
Mais les échanges de l'ancien promoteur immobilier avec les dirigeants qataris auront pour arrière-plan un scandale politique qui couve à Washington.
L'opposition démocrate aux États-Unis, qui lui reproche d'avoir accepté "le plus gros pot-de-vin étranger de l'histoire récente", entend retarder certaines nominations présidentielles au Sénat.
En cause : un Boeing 747-8 offert à Donald Trump par la famille royale qatarie pour remplacer au moins provisoirement son avion officiel, et pour l'utiliser après son mandat. Le président a répliqué que l'avion était un "cadeau temporaire".
Au-delà des soupçons de corruption que suscite ce cadeau de très grande valeur, l'offre qatarie a suscité des interrogations sur la sécurité de l'appareil qui transportera le président de la première puissance mondiale.
Avec AFP