19-05-2025 08:00 - Mauritanie : l’appel qui a coulé le général!

Wakat Séra - En attendant le pourvoi en cassation annoncé par ses avocats, l’ancien chef de l’Etat mauritanien, le général Mohamed Ould Abdel Aziz, 68 ans, dont 10 passés à la tête de son pays, continue sa vie derrière les barreaux.
Alors qu’il n’avait écopé que de 5 ans en premier jugement pour avoir amassé, profitant de sa position de président de la république de Mauritanie, une immense fortune, le puissant, donc intouchable de l’époque, il vient de ramasser, en appel, ce mercredi 14 mai, 15 ans ferme, pour «enrichissement illicite», «trafic d’influence» et, chef d’accusation nouveau, «blanchiment d’argent».
Le général en a donc pris pour son grade, peut-on dire, sans risque de se tromper! Le procès, que lui et ses conseils ont toujours qualifié de harcèlement politique, continue de l’enfoncer dans les labyrinthes de la prison où il a passé en 2021, plusieurs mois, et vit depuis 2023, jour et nuit.
Dépossédé de tous ses biens et déchu de ses droits civiques, le général doit bien se dire que c’est le ciel qui lui tombe sur la tête! Car, celui qui occupe actuellement le fauteuil présidentiel qui était sien, n’est autre que Mohamed Ould Cheikh El Ghazouani, celui-là même qui tenait une place de choix au sein de son carré de fidèles. Comme quoi, la vie, comme l’énoncent des paroles du sage, réserve bien des surprises.
Si c’est réellement un procès politique, comme il le qualifie, qui le cloue au pilori, le général Aziz, doit pouvoir se convaincre que la justice, qui a toujours été celle des vainqueurs, ne se muera pas en celle des vaincus, pour un homme en pleine descente aux enfers. Une géhenne que pourra difficilement transformer en paradis, le pourvoi en cassation, promis par les avocats du général dont les étoiles ont cessé de briller depuis sa chute en 2019, alors qu’il a utilisé tout ce qui lui restait de pouvoir, pour faire élire le dauphin qu’il s’était choisi, en l’occurrence, Mohamed Ould Cheikh El Ghazouani.
Il doit bien ronger ses ongles de regret, ayant oublié, alors qu’il était considéré comme un véritable stratège politique, que le dauphin, en Afrique, ne s’en prend, avant toute autre personne, qu’à son prédécesseur, surtout quand celui-ci affirme qu’il lui est redevable de sa place! Si les pouvoirs, en démocratie, sont, officiellement séparés, dans la réalité, surtout en Afrique, ils sont imbriqués, et même entrelacés.
Quelles sont les chances du général Mohamed Ould Abdel Aziz de se sortir de pétrin? Elles sont bien minces, voire inexistantes. Parce que, d’abord la loi, même si elle est dure, c’est la loi, et ensuite, parce que le général est devenu un paria du pouvoir de Nouakchott.
Ce qui est certain, Mohamed Ould Abdel Aziz aurait bien préféré se passer de ce titre peu glorieux, d’un des rares anciens chefs d’Etat africains à être accusé, jugé et condamné pour s’être constitué un colossal trésor de guerre digne de Crésus, alors qu’il était en mandat. Car c’était ça la coutume!
Par Wakat Séra