25-05-2025 20:16 - Corruption : un député dénonce « une caste de commerçants déguisés en élus » au cœur du Parlement

Corruption : un député dénonce « une caste de commerçants déguisés en élus » au cœur du Parlement

SHEMS MAARIF - Lors de la séance parlementaire consacrée à l’examen des projets de loi sur la lutte contre la corruption et la déclaration de patrimoine, le député Mohamed Lemine Sidi Maouloud a livré un réquisitoire cinglant contre une partie de ses collègues.

Selon lui, certains députés se seraient enrichis de manière fulgurante ces cinq à six dernières années grâce à l’obtention de marchés publics, au point de changer radicalement de statut social. Il a qualifié de scandaleux le fait que des membres de la majorité bloquent des lois censées renforcer la transparence.

Pour le parlementaire, le clivage ne se situe plus entre opposition et majorité, mais entre ceux qui se battent sincèrement pour l’intérêt général — avec leurs erreurs et leurs réussites — et ceux qui ne cherchent qu’à s’enrichir, légalement ou non.

Il a invité le peuple mauritanien à prendre position, à ne pas se laisser berner par ceux qui se prétendent défenseurs de leurs intérêts depuis trente ans, alors qu’ils ne sont, selon lui, que des opportunistes attirés par les contrats et les privilèges.

Il a également dénoncé les pressions exercées par certains députés sur le gouvernement pour qu’il retire les parlementaires du champ d’application de la loi, avant de faire mine de vouloir les y réintégrer. Une manipulation évidente, d’après lui, puisque si l’initiative venait réellement des députés eux-mêmes, ils n’auraient pas cherché à se soustraire à la loi au départ.

Autre point d’achoppement : le délai de trois ans prévu pour appliquer la loi aux responsables concernés. Pour Sidi Maouloud, ce report n’a qu’un objectif : éviter que les élus actuels ne soient soumis à ces nouvelles obligations.

S’adressant au représentant du gouvernement présent lors des débats, il a déclaré :

« Quand certains députés de la majorité vous empêchent d’avancer dans la lutte contre la corruption et sabotent vos efforts législatifs, c’est une faute grave. »

Il a enfin exigé que les autorités révèlent publiquement qui, au sein du pouvoir exécutif, a exigé le retrait des députés du texte initial adopté en Conseil des ministres.

À travers cette intervention, Mohamed Lemine Sidi Maouloud pose une question centrale : le Parlement est-il encore un espace de régulation démocratique ou est-il devenu un instrument aux mains d’intérêts privés déguisés en représentants du peuple ?





Les articles, commentaires et propos sont la propriété de leur(s) auteur(s) et n'engagent que leur avis, opinion et responsabilité


Commentaires : 3
Lus : 1400

Postez un commentaire

Charte des commentaires

A lire avant de commenter! Quelques dispositions pour rendre les débats passionnants sur Cridem :

Commentez pour enrichir : Le but des commentaires est d'instaurer des échanges enrichissants à partir des articles publiés sur Cridem.

Respectez vos interlocuteurs : Pour assurer des débats de qualité, un maître-mot: le respect des participants. Donnez à chacun le droit d'être en désaccord avec vous. Appuyez vos réponses sur des faits et des arguments, non sur des invectives.

Contenus illicites : Le contenu des commentaires ne doit pas contrevenir aux lois et réglementations en vigueur. Sont notamment illicites les propos racistes ou antisémites, diffamatoires ou injurieux, divulguant des informations relatives à la vie privée d'une personne, utilisant des oeuvres protégées par les droits d'auteur (textes, photos, vidéos...).

Cridem se réserve le droit de ne pas valider tout commentaire susceptible de contrevenir à la loi, ainsi que tout commentaire hors-sujet, promotionnel ou grossier. Merci pour votre participation à Cridem!

Les commentaires et propos sont la propriété de leur(s) auteur(s) et n'engagent que leur avis, opinion et responsabilité.

Identification

Pour poster un commentaire il faut être membre .

Si vous avez déjà un accès membre .
Veuillez vous identifier sur la page d'accueil en haut à droite dans la partie IDENTIFICATION ou bien Cliquez ICI .

Vous n'êtes pas membre . Vous pouvez vous enregistrer gratuitement en Cliquant ICI .

En étant membre vous accèderez à TOUS les espaces de CRIDEM sans aucune restriction .

Commentaires (3)

  • analagjar (H) 26/05/2025 08:21 X

    Effectivement, lors du prochain dialogue, des mesures doivent suggérer pour faire barrage aux effets néfastes de l'argent sur la vie politique... -les hommes d'affaires ayant un chiffre d'affaires de plus de 10 millions d'ouguiyas anciens ne peuvent pas être parlementaires afin d'éviter les conflits d'interets - toute personne ayant eu affaire àla justice sur le plan national ou international ne peut etre parlementaire pour éviter de lui donner une immunité parlementaire - les futurs parlementaires doivent être choisis parmi les cadres actifs ou retraités ayant un niveau de bac + 4 et n'ayant pas d'antécédents judiciaires -

  • Hartaniya Firilile (H) 25/05/2025 23:12 X

    Monsieur le député, Personne en Mauritanie n'est surpris de votre prise de position sur la corruption. Cette lutte doit effectivement commencer par les élus - vous-même et tous ceux choisis par le peuple. Il est troublant que certains de ces représentants aient ouvertement admis avoir acheté les voix qui leur ont permis d'accéder à l'Assemblée nationale. Pourtant, nous devons rappeler que le véritable mandat d'un élu est de servir l'intérêt collectif. Chaque représentant a non seulement le droit mais surtout le devoir de défendre les aspirations de tous les citoyens, qu'elles soient régionales ou nationales. C'est en honorant cette responsabilité que nous pourrons bâtir ensemble une Mauritanie plus juste et plus prospère.

  • Hartaniya Firilile (H) 25/05/2025 23:08 X

    Monsieur le député, Cette loi ne connaîtra pas un parcours facile. Elle sera confrontée à des obstacles majeurs dans son application et risque de devenir la législation la plus contestée de notre histoire, car elle touche directement aux intérêts établis. Si elle est rigoureusement appliquée, elle empêchera effectivement tout représentant impliqué dans des affaires de corruption de siéger au Parlement. La résistance à cette initiative est prévisible dans un pays où la corruption s'est malheureusement profondément enracinée dans nos structures. Le virus de la corruption a infiltré notre société, particulièrement certains groupes spécifiquement mentionnés par le député. Combattre ce fléau représente un défi considérable que personne n'a encore relevé avec succès. Cette pratique s'est tristement intégrée à nos habitudes culturelles, au point que certains compatriotes associent systématiquement réussite économique et corruption. Cette mentalité s'est infiltrée jusque dans nos pratiques religieuses, où même les services spirituels sont devenus monnayables, nos imams ayant transformé leurs fonctions en services rémunérés, légitimant ainsi indirectement ces pratiques condamnables.