27-05-2025 13:51 - À sa sortie de prison, Seyidna Ali Ould Mohamed Khouna dénonce une dérive politique et appelle à la mobilisation

SHEMS MAARIF -
Quelques heures seulement après sa libération, Seyidna Ali Ould Mohamed Khouna, ancien ministre sous le président Mohamed Ould Abdel Aziz, a tenu à s’exprimer publiquement. Dans une première déclaration, il a tenu à remercier « tous les Mauritaniens qui [l’ont] soutenu durant cette épreuve », saluant également la police nationale pour le traitement respectueux dont il affirme avoir bénéficié en détention.
Mais très vite, le ton de son intervention s’est voulu politique et déterminé. Revenant sur les raisons de son arrestation, Seyidna Ould Mohamed Khouna a affirmé n’avoir fait qu’exercer un droit fondamental garanti par la Constitution mauritanienne : celui de s’exprimer librement sur la situation du pays.
Il a réitéré les propos qui, selon lui, ont conduit à son arrestation, notamment sa remise en cause du verdict prononcé à l’encontre de l’ancien président Mohamed Ould Abdel Aziz. D’après lui, cette condamnation est « nulle et non avenue », car la juridiction qui l’a prononcée « n’était pas compétente ». Il rappelle que, conformément à la Constitution, seule la Haute Cour de Justice est habilitée à juger un ancien président de la République.
Il a insisté sur le fait que Mohamed Ould Abdel Aziz n’est pas jugé pour corruption, dans la mesure où la procédure engagée ne repose pas sur une base constitutionnelle légitime, selon lui. Il estime que le jugement rendu ne peut avoir de validité, l’ancien chef de l’État devant être poursuivi uniquement par la voie exceptionnelle prévue pour les anciens présidents.
Il a également évoqué la détérioration des relations entre Mohamed Ould Abdel Aziz et son successeur, le président Mohamed Ould Cheikh El Ghazouani, qu’il attribue à l’action d’un groupe de responsables politiques déterminés à semer la discorde entre les deux hommes.
Plus grave encore, Seyidna Ould Mohamed Khouna a accusé l’État mauritanien d’avoir « renoncé à une partie de son territoire national », qualifiant cet abandon de « trahison » au regard de la loi fondamentale. Il a affirmé que plusieurs villages mauritaniens ont été délaissés par les pouvoirs publics, empêchant les enseignants, médecins et autres fonctionnaires affectés dans ces zones d’y exercer leur mission.
Selon lui, ces localités sont bel et bien reconnues comme mauritaniennes, conformément à des décrets ministériels signés par le Premier ministre et le ministre de l’Intérieur, et publiés dans le Journal Officiel de la République Islamique de Mauritanie.
« Je persiste et je signe : ces territoires sont mauritaniens, et ils ont été abandonnés par l’État. C’est une réalité qui engage la responsabilité du pouvoir face à la détérioration de la situation nationale », a-t-il déclaré.
Un appel à l’opposition
En conclusion, Seyidna Ali Ould Mohamed Khouna a lancé un appel solennel à l’opposition mauritanienne. Sans détailler la nature de cet appel, il a invité les forces politiques du pays à « prendre leurs responsabilités » face à ce qu’il décrit comme une crise profonde de gouvernance et de souveraineté.