05-06-2025 18:00 - Mali: couvre-feu à Nioro, Diéma et Sandaré après plusieurs attaques

Apanews -- Les autorités maliennes ont instauré un couvre-feu dans les localités de Nioro, Diéma et Sandaré, situées dans l’ouest du pays, à la suite d’une recrudescence d’attaques armées qui affecte plusieurs régions. La décision, annoncée ce jeudi par le gouverneur de la région de Nioro, vise à renforcer la sécurité nocturne dans un contexte de dégradation continue de la situation sécuritaire.
Un nouveau dispositif adopté par le Mali face à une recrudescence des attaques armées interdit la circulation des personnes, véhicules et engins motorisés entre 20 heures et 6 heures du matin.
Seuls les véhicules des forces de sécurité, les ambulances, les convois disposant d’un ordre de mission officiel, ainsi que les poids lourds empruntant les axes nationaux, sont exemptés. Ce couvre-feu, qui entre en vigueur immédiatement, remplace un précédent arrêté daté du 9 janvier 2025, mais son périmètre d’application a été élargi pour inclure de nouvelles zones jugées vulnérables.
Une insécurité désormais diffuse à l’échelle nationale
Cette mesure intervient alors que les violences armées s’intensifient, non seulement dans les zones traditionnellement affectées du centre et du nord du pays, mais aussi dans des régions autrefois considérées comme relativement stables.
Depuis la fin mai, une série d’attaques sanglantes ont été recensées dans plusieurs localités : à Dioura, dans la région de Mopti, sept civils ont été tués dans une embuscade le 27 mai ; le même jour, une position de l’armée a été visée près de Boulkessi.
D’autres foyers d’insécurité ont émergé à Koulikoro, Sarakorola et jusqu’à Tombouctou, où un couvre-feu a également été imposé. Gourma Rharous, Ségou, et plusieurs autres localités ont suivi, confrontées à des incursions nocturnes de groupes armés non identifiés, souvent lourdement armés.
Face à cette multiplication des attaques, les autorités régionales maliennes adoptent une approche territorialisée de la réponse sécuritaire. Les gouvernorats, en coordination avec les préfets et les commandements militaires locaux, prennent des mesures ciblées afin de contrôler les flux nocturnes, période privilégiée pour les mouvements suspects et les opérations armées.
« Ces restrictions visent à créer un environnement moins favorable aux infiltrations et à protéger les populations civiles », a déclaré une source sécuritaire locale. En zone rurale, où la présence étatique est parfois quasi inexistante, ces mesures sont perçues comme un signal d’alerte mais aussi comme une tentative de regagner le contrôle du terrain.
Une situation préoccupante à l’ouest, aux portes du Sénégal et de la Mauritanie
Le couvre-feu décrété dans les villes de Nioro, Diéma et Sandaré survient alors que des mouvements suspects ont été signalés dans la région de Kayes, proche des frontières sénégalaise et mauritanienne. La porosité de ces frontières inquiète les autorités locales, qui redoutent une extension des violences à ces zones transfrontalières.
Les populations locales, déjà confrontées à des difficultés économiques, s’inquiètent de la montée en puissance de groupes armés dans cette partie du pays, longtemps épargnée par les conflits.
Ce nouveau couvre-feu s’ajoute à une liste croissante de mesures similaires prises ces dernières semaines à travers le Mali. Il traduit une stratégie sécuritaire plus fragmentée, faute d’un retour effectif de l’autorité de l’État sur l’ensemble du territoire. En l’absence de solution politique durable, les autorités misent sur le renforcement de la surveillance et des restrictions de mouvement pour contenir une menace de plus en plus diffuse.
MD/te/Sf/APA