03-07-2025 15:30 - Mali : le Parlement accorde un mandat de cinq ans renouvelable au chef de la junte

Le Figaro -- Arrivés au pouvoir à la suite de deux coups d’État successifs en 2020 et 2021, les militaires s’étaient engagés à remettre le pouvoir aux civils au plus tard en mars 2024, mais ont depuis manqué à leur promesse.
Le régime militaire au pouvoir au Mali a accordé un mandat de cinq ans renouvelable plusieurs fois sans élection au chef de la junte, le général Assimi Goïta, après l'adoption jeudi d'un projet de loi par l'organe législatif en place, a constaté un journaliste de l'AFP. La loi doit désormais être promulguée par le chef de la junte lui-même pour entrer en vigueur, ce qui devrait être une formalité.
Le général Assimi Goïta, qui est actuellement président de la Transition, deviendra président de la République du Mali après l'entrée en vigueur de cette loi. Arrivés au pouvoir à la suite de deux coups d'État successifs en 2020 et 2021, les militaires s'étaient engagés à remettre le pouvoir aux civils au plus tard en mars 2024, mais ont depuis manqué à leur promesse.
«Avancée majeure dans la refondation du Mali»
L'adoption de ce projet de loi les maintient au pouvoir au moins jusqu'en 2030 sans passer par un processus électoral. Le Conseil national de transition (CNT) a voté jeudi ce projet de loi qui avait été adopté en conseil des ministres le 12 juin.
Cette mesure vient appliquer les recommandations faites à l'issue d'une concertation nationale organisée par la junte fin avril, qui avait préconisé la proclamation, sans élection, du général Goïta pour un mandat de cinq ans renouvelable.
«Il s'agit là d'une avancée majeure dans la refondation du Mali», a déclaré à l'AFP à l'issue du vote jeudi Malick Diaw, président du CNT. «L'adoption de ce texte est conforme à la volonté populaire, puisqu'il émane des assises nationales de la refondation», a-t-il estimé.
Série de restrictions aux libertés
Cette mesure est la dernière d'une série de restrictions aux libertés prises par les militaires pour consolider leur régime dans ce pays sahélien.
La concertation nationale - marquée par la présence des soutiens du régime, mais boycottée par la plupart des formations politiques - avait également demandé la dissolution des partis et des restrictions à leur possibilité d'en créer. Le 13 mai, les partis politiques ont été dissous par décret présidentiel.
Le projet de loi voté jeudi enterre la perspective d'élections prochaines dans le pays. Le Mali est en proie depuis 2012 à une profonde crise sécuritaire nourrie notamment par les violences de groupes affiliés à Al-Qaïda et à l'organisation État islamique (EI), ainsi que de groupes criminels communautaires.
Par Le Figaro avec AFP