15-07-2025 07:01 - Seidik Abba dénonce la «violence» d’un éditorial algérien visant Ghazouani

Apanews - Le journaliste et universitaire nigérien Seidik Abba, président du Centre international de réflexions et d’études sur le Sahel, a vivement critiqué la tribune d’un éditorialiste algérien visant le président mauritanien Mohamed Ould Cheikh El Ghazouani, après sa participation à une rencontre de chefs d’État africains avec le président américain Donald Trump à la Maison-Blanche.
Dans un texte publié ce week-end, Seidik Abba s’indigne des attaques de Cherfaoui Mohamed Rachid, publiées le 10 juillet sur le site Le Matin d’Algérie, dénonçant une « diatribe » violente, infondée et humiliante pour le chef de l’État mauritanien.
L’auteur algérien avait accusé Ghazouani d’avoir « collaboré avec son propre effacement » lors de la rencontre, interprétant son silence et son attitude comme des signes de soumission.
Pour Seidik Abba, cette lecture trahit une amertume personnelle et une incompréhension des subtilités diplomatiques. Il dénonce « une scène artificielle, théâtralisée à l’excès », où le moindre souffle, geste ou silence est présenté comme un aveu de faiblesse. À ses yeux, ces accusations ne relèvent ni d’une analyse politique crédible ni d’une critique constructive, mais d’une « blessure inutile » et gratuite.
Il rappelle que le président Ghazouani n’est pas un tribun populiste ni un acteur tapageur, mais un homme d’État pondéré, « maître de ses mots comme de ses silences ». Selon lui, ceux qui l’ont entendu s’exprimer à Addis-Abeba, Riyad ou Bruxelles savent qu’il est capable de parler avec autorité, mais aussi de garder le silence lorsque les circonstances l’exigent.
« Dans certaines configurations diplomatiques, le silence est une manière subtile d’imposer la distance et de préserver la souveraineté », écrit-il.
Abba reproche également à la tribune du Matin d’Algérie de refuser toute marge stratégique aux dirigeants africains, préférant leur attribuer des postures de dignité spectaculaires — comme claquer la porte — au lieu de reconnaître l’intelligence de leur retenue.
« Gouverner, ce n’est pas jouer une scène d’orgueil devant les caméras. C’est défendre, dans la durée, les intérêts d’un État, parfois en parlant peu, mais en agissant avec constance », souligne-t-il.
Il estime aussi que la réalité de la rencontre à Washington a été déformée. Loin de la « mise en scène impériale » décriée par l’éditorialiste algérien, les échanges entre Nouakchott et Washington ont été « respectueux, sérieux » et ont porté sur des dossiers essentiels pour la région, tels que la sécurité au Sahel et la coopération énergétique.
Pour le journaliste nigérien, la véritable indignité réside dans l’humiliation publique d’un chef d’État africain au nom d’une dignité que l’on prétend défendre. « C’est le paradoxe d’une parole qui prétend affranchir mais qui, ce faisant, reproduit le geste dominateur qu’elle prétend dénoncer », écrit-il, dénonçant l’instrumentalisation de la mémoire coloniale pour régler des rancunes personnelles.
Il conclut que la dignité africaine ne se construit ni par des cris ni par des répliques improvisées, mais par la constance, la compréhension du contexte et la retenue. À ses yeux, le président Ghazouani, ce jour-là , a incarné une forme de résistance sobre, refusant le spectacle pour avancer discrètement mais sûrement.
AC/Sf/APA