25-08-2025 17:17 - Cinq journalistes tués dans des frappes israéliennes sur l’hôpital Nasser à Gaza

FRANCE 24 -
Au moins vingt personnes, dont cinq journalistes, ont été tuées, lundi, dans des frappes israéliennes sur l’hôpital Nasser de Khan Younès, dans la bande de Gaza, selon les autorités sanitaires locales. La chaîne qatarie Al Jazeera, les agences de presse canado-britannique Reuters et américaine Associated Press ont chacune déploré la mort d'un collaborateur.
Cinq journalistes, dont certains collaboraient avec Al Jazeera, Reuters et AP, ont été tués, lundi 25 août, dans des frappes israéliennes sur un hôpital du sud de la bande de Gaza ayant fait au total 20 morts, a annoncé la Défense civile du territoire palestinien.
La chaîne qatarie Al Jazeera, les agences de presse canado-britannique Reuters et américaine Associated Press ont chacune déploré la mort d'un collaborateur, exprimant choc et tristesse.
L'armée israélienne a reconnu avoir mené "une frappe dans la zone de l'hôpital Nasser", et annoncé une "enquête". Regrettant "tout dommage causé à des personnes non impliquées", elle a affirmé qu'elle "ne ciblait pas les journalistes en tant que tels".
Reuters perd un collaborateur en plein direct
Des images de l'AFP prises immédiatement après les raids montrent de la fumée couvrant l'air et des débris à l'extérieur de l'hôpital. Des Palestiniens se précipitent pour aider les victimes, transportant des corps ensanglantés dans le complexe médical.
Un corps est montré suspendu au dernier étage du bâtiment, tandis qu'un homme hurle en contrebas. Une femme en blouse blanche blessée est transportée à l'intérieur de l'hôpital sur une civière, la jambe bandée et les vêtements couverts de sang.
Reuters a indiqué qu'au moment de la première frappe, son collaborateur était en train de diffuser de l'hôpital un flux vidéo en direct, qui a été coupé brusquement.
Plus tard dans la journée, une foule a porté les corps de certains des journalistes tués. Ils étaient enveloppés dans des linceuls blancs avec leurs gilets pare-balles placés au-dessus.
Le porte-parole de l'organisation de premiers secours, Mahmoud Bassal, a révisé à la hausse un premier bilan, annonçant 20 morts dont "cinq journalistes" – contre quatre recensés précédemment – "et un membre de la Défense civile". Selon lui, l'hôpital Nasser de Khan Younès a été frappé à deux reprises par l'armée israélienne, d'abord par un drone explosif, puis par un bombardement aérien alors que les blessés étaient évacués.
"Choquée et attristée"
Al Jazeera a annoncé la mort sur place d'un de ses photojournalistes et reporter d'images, Mohammad Salama, deux semaines après qu'elle a perdu quatre journalistes et deux pigistes, dans une frappe ciblée de l'armée israélienne qui accusait l'un d'entre eux d'être un membre actif de la branche armée du mouvement islamiste palestinien Hamas. La chaîne avait rejeté cette allégation.
"Nous sommes dévastés d'apprendre le décès de Hossam al-Masri, collaborateur de Reuters, et les blessures infligées à un autre de nos collaborateurs, Hatem Khaled, lors des frappes israéliennes contre l'hôpital Nasser", a déclaré un porte-parole de l'agence de presse canado-britannique dans un communiqué.
Associated Press (AP) s'est elle dite "choquée et attristée" du décès de Mariam Dagga, 33 ans, journaliste photo indépendante qui collaborait avec l'agence depuis le début de la guerre. Cette pigiste n'était pas en mission pour l'agence au moment des faits, a-t-elle précisé.
Le syndicat des journalistes palestiniens a identifié les deux autres victimes comme Moaz Abou Taha et Ahmad Abou Aziz. Selon un journaliste de l'AFP à Gaza, ce dernier travaillait pour des médias palestiniens et internationaux.
"Nous exigeons des explications immédiates de [l'armée israélienne] et du bureau du Premier ministre", a exhorté dans un communiqué l'Association de la presse étrangère à Jérusalem (FPA) qui se dit "scandalisée et choquée".
Le texte appelle Israël "à abandonner une fois pour toutes sa pratique abjecte constituant à prendre des journalistes pour cible" et soulignant que "trop de journalistes ont été tués à Gaza sans la moindre justification."
Les frappes à Khan Younès visent à "faire taire les dernières voix qui dénoncent la mort silencieuse d'enfants victimes de la famine" à Gaza, a dénoncé Philippe Lazzarini, chef de l'agence de l'ONU pour les réfugiés palestiniens (Unrwa). "L'indifférence et l'inaction du monde sont choquantes."
"Les journalistes ne sont pas une cible. Les hôpitaux ne sont pas une cible", a réagi Ravina Shamdasani, porte-parole du Haut-Commissariat de l'ONU aux droits de l'homme. "L'assassinat de journalistes à Gaza devrait choquer le monde, non pas en le plongeant dans un silence stupéfait mais en le faisant agir".
Plus de 200 journalises tués
Avant l'annonce de ces morts, le Comité pour la protection des journalistes (CPJ) et Reporters sans frontières (RSF) recensaient près de 200 journalistes tués depuis le début de la guerre à Gaza, déclenchée par l'attaque sans précédent du Hamas sur Israël le 7 octobre 2023.
L'accès de la presse internationale à Gaza est bloqué par Israël, empêchant les journalistes étrangers de couvrir la situation sur le terrain. En juin, 130 ONG et médias, dont France 24 et RFI, avaient réclamé l'accès et la protection des journalistes à Gaza.
Mahmoud Bassal a également mentionné la mort d'un soignant parmi les victimes de ces frappes. Plusieurs personnes blessées, certaines couvertes de sang, ont été prises en charge à l'hôpital, a constaté un photographe de l'AFP sur place.
L'hôpital Nasser est l'un des derniers établissements de santé encore partiellement fonctionnels dans la bande de Gaza. Ce complexe hospitalier a été ciblé à plusieurs reprises par Israël depuis le début de la guerre, tout comme d'autres hôpitaux de l'enclave. L'armée israélienne affirme que ces attaques visaient des combattants opérant à l’intérieur des établissements médicaux, sans toutefois fournir de preuves.
La Défense civile recensait au total 28 morts en début d'après-midi dans des tirs ou frappes de l'armée israélienne lundi sur l'ensemble du petit territoire côtier palestinien, ravagé par près de deux ans de guerre, qui ont fait des dizaines de milliers de morts et ont provoqué un désastre humanitaire.
Avec AFP