27-08-2025 09:12 - Ahmed Ould Haroun défie le système : son parti “Forces de la Libération” entre en scène

SHEMS MAARIF - Il avait secoué le pays avec quelques vocaux devenus légendaires. Trois ans plus tard, Ahmed Ould Haroun revient avec une nouvelle ambition : imposer sa vision dans l’arène politique mauritanienne. Le fondateur du parti Forces de la Libération a annoncé vendredi avoir finalisé les parrainages nécessaires à l’enregistrement officiel de sa formation auprès du ministère de l’Intérieur.
Le dossier a été soumis en juin via la plateforme numérique Houiyyati, conformément à la loi n°010-2025 régissant les partis politiques. Cette étape marque une nouvelle phase dans le parcours de celui que beaucoup considèrent aujourd’hui comme une figure iconoclaste de la scène nationale.
C’est en pleine présidence Ghazouani qu’Ahmed Ould Haroun s’était fait connaître du grand public. Ses messages vocaux, largement diffusés via WhatsApp, offraient une analyse directe, cinglante, et souvent implacable des trois premières années du mandat présidentiel.
Ce qui avait frappé encore davantage, c’était le contexte familial dans lequel cette prise de parole avait eu lieu : sa propre sœur occupait alors un poste ministériel dans le gouvernement Ghazouani.
« Tout ce qu’il fait est à côté de la plaque »
Il y citait notamment une phrase attribuée à feu Ould Beïdelil, devenue virale : « Tout ce qu’il fait est à côté de la plaque. » Ces sorties lui avaient coûté son poste de conseiller au ministère de la Justice, et provoqué une rupture immédiate au sein de son entourage. Son père et plusieurs membres de son cercle familial s’étaient publiquement désolidarisés de lui, affichant leur soutien “inconditionnel” au président en exercice.
Mais cette disgrâce institutionnelle a rapidement propulsé Ahmed Ould Haroun au rang de personnalité médiatique incontournable. Invité fréquent des plateaux télé, il avait été brièvement interpellé après une interview accordée à la chaîne El Mourabitoune, sans jamais renoncer à ses positions. Sa verve, sa liberté de ton, et son audace dans la critique avaient alors marqué les esprits au point que certains observateurs l’avaient surnommé “le nouveau Ahmed Ould Daddah”, en référence à l’historique opposant au régime de Maaouiya Ould Taya.
Lors de la présidentielle de 2024, il avait pris le pari risqué de soutenir le candidat Soumaré, arrivé dernier avec seulement 1 % des suffrages.
Avec Forces de la Libération, Ahmed Ould Haroun tente désormais de transformer sa voix dissidente en force politique structurée. Une aventure audacieuse dans un paysage politique verrouillé, portée par un homme que ni la pression familiale, ni les sanctions officielles, ni les revers électoraux, n’ont jamais fait taire.