AFRICA RADIO - Des jihadistes affiliés à Al-Qaïda contrôlent désormais Farabougou, localité stratégique du centre du Mali, une semaine après la chute de son camp militaire. Les habitants, contraints à fuir puis à revenir, vivent désormais sous la loi imposée par le JNIM.

Des jihadistes affiliés à Al-Qaïda ont pris le contrôle de la localité stratégique de Farabougou, dans le centre du Mali, où ils imposent désormais leur loi, a appris jeudi 28 août l’AFP de sources locales.

L’annonce intervient une semaine après l’attaque qui a contraint l’armée à abandonner son camp militaire, l’un des plus importants de la région de Ségou.

Un symbole de la crise sécuritaire

La prise de Farabougou, située à environ 400 kilomètres au nord de Bamako, revêt une forte charge symbolique. À l’arrivée de la junte au pouvoir en 2020, l’une de ses premières mesures avait été de lever le blocus jihadiste qui frappait ce village de quelques centaines d’habitants. Sa perte marque un nouveau revers pour les autorités de transition, confrontées à la recrudescence des violences dans le pays sahélien.

Le Groupe de soutien à l’islam et aux musulmans (JNIM), branche locale d’Al-Qaïda, a revendiqué la conquête dans un message diffusé sur sa plateforme de propagande Al-Zallaqa. Des élus locaux en fuite ont confirmé à l’AFP que la localité est désormais sous leur contrôle.

Une population sous contrainte

Après l’attaque, de nombreux habitants ont fui, mais une partie d’entre eux a commencé à revenir. "Le chef du village a signé avec les jihadistes pour dire que nous allons respecter leurs lois. Donc ils ont dit que nous pouvions revenir", a expliqué un habitant joint par téléphone. L’armée n’a toujours pas réinvesti les lieux.

Selon des témoignages, les civils doivent désormais s’acquitter d’un impôt au profit du JNIM et se plier à ses règles : interdiction de musique profane, d’alcool ou de cigarettes, et obligation pour les femmes de se couvrir la tête avant de sortir.

Une crise durable

Depuis 2012, le Mali est plongé dans une profonde crise sécuritaire nourrie par l’activité de groupes affiliés à Al-Qaïda, à l’organisation État islamique (EI) ainsi qu’à des milices criminelles et communautaires. La perte de Farabougou illustre une fois de plus l’incapacité de l’armée malienne à tenir le terrain face à ces mouvements armés.