07-09-2025 16:23 - Mali: attaque à Mopti, poursuite du blocus jihadiste à Kayes et citernes incendiées à Sikasso

RFI AFRIQUE -
Au Mali, plusieurs incidents sécuritaires ont été rapportés samedi 6 septembre 2025. Les jihadistes du Groupe de soutien à l'islam et aux musulmans (Jnim, lié à al-Qaïda) poursuivent l'application du blocus décrété la semaine dernière sur Kayes et Nioro du Sahel, dans le sud-ouest du pays.
Des camions citernes ont été incendiés à Sikasso (Sud-Est) et la circulation a été bloquée sur une route proche de Bamako. Les jihadistes ont surtout mené dans la soirée une attaque à Mopti, principale ville du centre du pays.
Les habitants rapportent des tirs très nourris : « Ça n'arrête pas », s'alarmait l'un d'entre eux.
Selon les informations recoupées auprès de sources locales, civiles et sécuritaires maliennes, il est environ 22h lorsqu'un groupe de jihadistes, à moto, ouvre le feu sur un commissariat de police, à l'entrée de Mopti. Puis, ils traversent la ville vers le sud. Les forces de sécurité maliennes ripostent. Après des échanges de tirs, les jihadistes repartent.
Au moins deux hommes ont été tués, un troisième pourrait avoir succombé à ses blessures. Les victimes se trouvaient dans un bâtiment collé au commissariat que les jihadistes ont pris pour cible, apparemment par erreur.
Dans le sud-ouest du pays, le Jnim poursuit le blocus décrété contre les villes de Kayes et Nioro du Sahel. Dans une vidéo enregistrée samedi 6 septembre, des jihadistes posent devant un autocar à l'arrêt et réitèrent leurs menaces. La veille, le Jnim avait relâché six camionneurs sénégalais.
Camions citernes et contrôle routier
Trois camions-citernes ont été incendiés à l'entrée de Sikasso, dans le sud-est du Mali, dans le sud-est du Mali, près des frontières burkinabè et ivoirienne. Mercredi 3 septembre, le Jnim avait promis, outre son blocus à Kayes et Nioro, d'empêcher l'importation de carburant sur tout le territoire malien.
Enfin, les combattants du Jnim ont bloqué, pendant plusieurs heures, la circulation entre Zantiguila et Kassela, à une cinquantaine de kilomètres à l'est de Bamako. Des véhicules ont été inspectés, mais les passagers ont pu repartir.
L'armée malienne n'a communiqué sur aucun de ces incidents et, sollicitée par RFI, n'a pas donné suite. Les autorités de transition n'ont fait aucune déclaration non plus.
« Une nouvelle ère de guerre économique »
Boubacar Ba est le directeur, à Bamako, du Centre d’analyse sur la gouvernance et la sécurité au Sahel (CAGS) : « Les jihadistes veulent mettre en œuvre des actions fortes de guerre économique, d'étouffement du pays, et surtout d'empêchement du ravitaillement du corridor du côté du Sénégal ou de la Mauritanie. De l'autre côté, du point de vue de la communication, la partie malienne ne s'est pas engagée. Il n'y a pas eu de déclaration, mais la partie malienne ne se laissera pas faire. C'est ce qu'attendent les populations. »
« C'est une nouvelle ère parce que cette fois, il y a une volonté de ces groupes [jihadistes, NDLR] de mener cette guerre économique pour assécher l'économie du pays, et qu'il y ait un blocus, y compris de la circulation des personnes. Il y a aussi des véhicules de transport qui ont été menacés. Nous entrons dans une guerre économique qui va nécessiter une réaction énergique de l'armée malienne pour rétablir l'équilibre sécuritaire dans le pays. »
Par :
David Baché