Tes propos auraient eu plus de portée si tu ne les avais pas utilisés pour contredire ces députés qui n'ont fait que dire la vérité et rien que la vérité. De deux choses l'une: soit toi aussi tu veux te faire voir et te faire valoir auprès de ces gouvernants, soit tu n'as pas encore fini de rêver pour voir en face le mépris de ces derniers face au peuple.

Monsieur Bâ, vos propos incarnent l'aspiration profonde de tous les Mauritaniens épris de paix et de justice. Ce rêve nous anime depuis l'indépendance. Malheureusement, face à chaque situation critique, quelqu'un s'empresse de tenir un discours politique séduisant sans réelle réflexion sur notre histoire collective. Si seulement nos interlocuteurs partageaient cette vision d'un pays appartenant équitablement à tous les Mauritaniens, où chacun participerait tant aux moments de prospérité qu'aux périodes difficiles. Vos paroles sont justes et véridiques, mais ces personnes ne cultivent ni le partage ni la volonté d'accorder les mêmes droits aux Mauritaniens d'origines diverses. Ce dialogue représente probablement une nouvelle occasion de nous faire des promesses qui ne seront jamais tenues. Le rapport final risque d'être falsifié et approuvé moyennant d'importantes sommes d'argent selon un plan préétabli. Les dirigeants actuels semblent déterminés à conserver leur pouvoir à tout prix, et les modifications constitutionnelles envisagées lors de ce dialogue diffèreront certainement des intentions déclarées. En réalité, ces changements ont déjà été élaborés par un groupe d'intellectuels chargés de les introduire subrepticement, et la surprise ne surviendra qu'au moment de leur publication officielle.

Monsieur Bâ, si vous observez que certaines personnalités politiques, notamment Biram et ses pairs, rejettent toute forme de dialogue, tandis que le gouvernement s'efforce obstinément de les soumettre, c'est parce qu'ils sont parfaitement conscients des ambitions masquées de ceux qui aspirent à conserver le pouvoir pour un troisième mandat ou plus. Ils anticipent que le document officiel sera instrumentalisé contre leurs intérêts et que la population mauritanienne les tiendra pour responsables de ses difficultés. Aziz a déjà employé cette stratégie, et Ghazouani semble prêt à suivre le même chemin. À l'heure actuelle, seuls Biram et ses alliés suscitent véritablement une appréhension; les forces de l'ordre se contentent de jouir des avantages inhérents à leurs positions. Si l'opposition responsable venait à engager des négociations avec le régime actuel, elle faillirait à sa mission de défendre les intérêts du peuple mauritanien.

La seule option viable pour une opposition responsable et des politiciens intègres est de refuser de participer à cette mascarade politique, ce qui leur permettra de conserver leur légitimité à l'avenir. Je maintiens, Monsieur Bâ, que ce prétendu dialogue dissimule une tentative d'anéantir les dernières ressources appartenant encore au peuple, dans un pays déjà criblé de dettes. Pourquoi ne mentionnez-vous pas les 410 milliards détournés par des membres du système, scandale qui fait la une des médias et met des hommes hors service? Pourquoi ne condamnez-vous pas ces actes avant de promouvoir le dialogue? Si vous suiviez la presse électronique mauritanienne, vous comprendriez l'ampleur du préjudice causé à notre nation. Comment envisager un dialogue avec des individus malhonnêtes qui ne respecteront jamais leurs engagements? Monsieur Bâ, vos intentions sont louables, mais ceux d'en face nourrissent des projets bien plus néfastes pour l'avenir de notre pays.