23-10-2025 21:45 - Lutte contre la gabegie : Tout ça pour ça ?

Lutte contre la gabegie : Tout ça pour ça ?

Le Calame -- Le rapport de la Cour des comptes continue à alimenter les débats dans les salons et, surtout, sur les réseaux sociaux. Les Mauritaniens sont sidérés par les dérives inacceptables ainsi révélées. Quel scandale, dans un pays pauvre mais détenteur d’immenses richesses et république islamique de surcroît.

Un pays où une infime minorité patauge dans un luxe insolent et frustrant pour l’immense majorité vivant, elle, sous le seuil de la pauvreté. Un pays où l’on pensait que les leçons de la décennie d’Ould Abdel Aziz étaient en passe d’être tirées.

Pour la première fois de l’histoire de ce pays, un ex-Président avait été accusé et condamné pour enrichissement illicite, blanchiment d’argent et offense à la Justice. Des maux qu’on croyait désormais disparus.

Avec le rapport de la Cour des comptes, on tombe des nues. Des « responsables » mauritaniens – disons plutôt : des délinquants financiers visiblement bien protégés – ont fait perdre, à leur nation, des centaines de milliards d’ouguiyas : erreurs de gestion, déséquilibres structurels et actes délictueux, écrit le rapport.

Une nation toujours obligée, en dépit de ses fabuleuses ressources et du petit nombre de sa population, de tendre la main aux institutions monétaires et aux autres partenaires techniques et financiers.

Quel paradoxe, pour ne pas dire honte ! Une nation dont les dirigeants clament, sur tous les toits, leur détermination à éradiquer la corruption et le détournement des deniers publics ! Après la fondation de la commission d’enquête parlementaire, en 2020, sur la décennie du président Ould Abdel Aziz, les Mauritaniens s’étaient donc trop vite réjouis de voir, enfin, les auteurs de crimes économiques mis hors d’état de nuire.

Le président Ghazouani s’engageait dans la croisade contre les voleurs, l’Inspection Général d’État (IGE) était rattachée à la présidence, une haute autorité de lutte contre la corruption était fondée. Mais, hélas, les Mauritaniens ont dû tout aussi vite déchanter.

Sur les centaines de responsables cités, à l’époque, par l’enquête, très peu furent traduits devant la Justice. Beaucoup furent retirés du dossier puis blanchis et réhabilités à des postes juteux. Un mauvais signal et une première déception envers le premier mandat de Mohamed Cheikh Ghazouani.

On connaît la suite. Les révélations du rapport de la Cour des comptes ne sont pas une surprise pour les mauritaniens avertis. Les signes ostentatoires de richesse illicite étaient là, exhibés par la galaxie qui gravite autour du pouvoir.

Alors que la majorité du peuple cherche le diable pour lui tirer la queue, l’infime minorité se tape des palais à Tevragh Zeïna et hors du pays : Las Palmas, Casablanca, Rabat et, plus récemment, Istanbul… Ils y dépensent des millions d’euros par jour, ils exhibent des bolides dernier cri, acquis à coups de dizaines de millions d’ouguiyas.

L’Etat, cette vache laitière

Ces signes de richesse ne trompent personne : celle-ci provient des caisses de l’État mais aussi de blanchiment d’argent, de trafics de toutes sortes, au vu et au su des hauts dirigeants du pays. On détourne parce qu’on est protégé par sa tribu, sa famille, son Général ou son colonel, son ministre ou son SG, etc.

La vache Mauritanie est très magnanime à donner du lait et sa résilience est très forte, sinon elle aurait péri sous les coups de boutoir des candidats à la traite. Et les chiffres révélés par les auditeurs de la Cour des comptes ne sont que la partie immergée de l’iceberg ! Le plus grave en tout cela, c’est qu’il n’y a, apparemment, aucun espoir de voir ce cancer disparaître sous peu : la triche est devenue un sport national, une culture même.

Presque tous nos responsables ont pris le goût au vol, parce qu’ils savent qu’ils vont bénéficier de l’impunité. Les fils-à-papa sont formatés à l’opulence et croient, dur comme fer, que le vol des deniers publics n’est pas illicite.

Les auteurs présumés des dérives relevés par la Cour des comptes dans les différentes structures de l’État pourraient ne pas être sanctionnés. Les exemples sont légion. Quoiqu’on voie et entende, régulièrement, des cas présumés et souvent avérés de détournement de deniers publics, leurs auteurs ne sont, dans le meilleur des cas, que relevés de leurs fonction… avant d’être, peu après, réhabilités ! La tribu et les bras longs sont activés.

Autre danger dans ce pays, les avocats du diable qui tentent, depuis quelque temps, de minimiser l’ampleur des dégâts. Face à cette situation, des observateurs avertis et des quelques grands bloggeurs s’étonnent de l’émoi et de l’étonnement des mauritaniens d’en bas.

Pour ces lanceurs d’alerte, il n’y a aucun espoir de voir les autorités ou la justice tirer les choses au clair, « c’est du déjà joué », déplorent-ils. La Mauritanie est malade de son intelligentsia assoiffée d’argent ; chacun en veut, quitte à vendre son âme ! Qu’Allah nous préserve de ces rapaces qui risquent de conduire le pays vers le gouffre !

Dalay Lam



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Commentaires (6)

  • ahznar (H) 24/10/2025 08:20 X

    Cet article on ne plus clair demontre et presente la politique mauritanienne depuis sa creation jusqu'à ce present et pour aussi longtemps. Le travail de la cour des comptes,ovationné,felicité et maudit aussi est une verite au dela des abîmes. Toufetois elle incarne la sagesse du philosophe allemand Arthur Schopenhauer qui enseigne que toute vérité passe par trois étapes, d'abord elle est ridiculisée, ensuite elle est violemment combattue et enfin elle est acceptée comme une évidence.

  • Visage Mauritanie (H) 23/10/2025 23:22 X

    La Mauritanie se distingue comme l'unique nation musulmane où la corruption n'est pas formellement condamnée par les autorités religieuses lorsqu'elles n'y sont pas impliquées. C'est aussi le seul pays où les structures tribales et familiales encouragent activement leurs membres à détourner les fonds publics, leur garantissant protection en cas de besoin. On y trouve paradoxalement un millier de mosquées édifiées avec des ressources financières détournées au vu et au su de tous. En effet, environ 80% des édifices religieux sont financés par des moyens illicites, qu'il s'agisse de malversations directes ou de dons étrangers destinés à des projets prestigieux mais détournés vers des constructions modestes en zones reculées.

  • Visage Mauritanie (H) 23/10/2025 23:22 X

    En Mauritanie, pays unique dans le monde musulman, les femmes incitent parfois les hommes à commettre des actes répréhensibles comme le vol et le détournement de fonds, justifiant cela par l'idée que "tu n'es pas le premier et ne seras pas le dernier", considérant les deniers publics comme appartenant à tous. C'est le seul pays où les hommes manifestent une vulnérabilité remarquable face aux femmes, particulièrement entre classes sociales différentes. Certaines femmes préfèrent quitter un conjoint intègre pour s'unir à un homme malhonnête. Cette fragilité masculine conduit souvent à des engagements financiers disproportionnés.

  • Visage Mauritanie (H) 23/10/2025 23:22 X

    Ce pays se distingue comme l'unique nation où un individu gagne le respect après avoir détourné des sommes colossales et accepte sereinement l'incarcération, sachant que la restitution des fonds ne sera jamais exigée, les conditions d'emprisonnement au Maghreb étant particulièrement clémentes. La Mauritanie demeure la seule contrée où les malversations financières au détriment des contribuables restent impunies sur le plan pécuniaire. C'est également l'unique pays où l'auteur de vols et de mensonges occupe une place d'honneur derrière l'Imam à la mosquée, jouissant d'une considération sociale grâce à sa fortune illicitement acquise.

  • Visage Mauritanie (H) 23/10/2025 23:22 X

    Dans ce pays, la Mauritanie, un individu peut épouser une femme avec des ressources malhonnêtement acquises, subvenir aux besoins familiaux avec des fonds détournés, acquérir une propriété et des biens de luxe par des moyens frauduleux, employer du personnel domestique rémunéré par ces mêmes ressources illicites, et assurer les soins médicaux de sa famille grâce à cet argent mal acquis. Paradoxalement, ces mêmes personnes sont souvent les premières à s'émouvoir des préceptes coraniques condamnant le vol et la duplicité. Cette contradiction fait des Mauritaniens un cas particulier dans le monde musulman. C'est l'unique nation où les citoyens reconnaissent que le vol et le mensonge sont interdits par les préceptes divins, mais remettent le jugement à plus tard, préférant se livrer collectivement à ces pratiques répréhensibles durant leur existence terrestre. Telle est la nature typique du Mauritanien dans ce contexte africain, où la malhonnêteté est devenue une pratique nationale, juste après la prière et le jeûne.

  • Visage Mauritanie (H) 23/10/2025 23:21 X

    Dans ce pays, la malversation et le détournement des fonds publics ne sont pas considérés comme déshonorants, mais plutôt valorisés comme des actes de bravoure et une obligation morale. À l'inverse, la pauvreté est perçue comme une disgrâce, une malédiction et un signe d'échec. La société estime préférable de prospérer dans l'infamie avec des richesses mal acquises plutôt que de vivre dans la précarité. Ce discours, souvent attribué aux femmes, est repris par tous les hommes de pouvoir qui se sont enrichis illégalement, révélant ainsi une défaillance morale chez ces hommes que le déshonneur ne trouble guère. Les mauritaniens disent aussi que l’argent ne règle pas la mort, autant en profiter pendant qu’on est là.