12-11-2025 12:21 - Selon une étude allemande : l’armée au cœur du pouvoir en Mauritanie
Shems Maarif -- Une étude publiée par le projet allemand « Megatrends Afrika », financé par plusieurs ministères du gouvernement fédéral allemand, décrit l’armée mauritanienne comme fortement politisée et pilier central du système en place. Le rapport estime qu’en cas de crise politique, les forces armées pourraient retrouver un rôle direct et déterminant dans la gestion du pouvoir.
Selon le chercheur allemand Wolfram Lacher, auteur de l’étude, l’armée représente « la colonne vertébrale du système social et politique mauritanien », bénéficiant d’un soutien extérieur à caractère politique.
Depuis le coup d’État de 2008 mené par Mohamed Ould Abdel Aziz et l’actuel président Mohamed Ould Ghazouani, l’armée s’est tenue en retrait tout en conservant une influence majeure sur la vie politique, limitant ainsi la marge d’action du pouvoir civil.
Le rapport souligne également la domination persistante des Beïdanes, notamment des groupes originaires du nord et de l’est du pays, au sein des plus hauts rangs de l’institution militaire — une tendance qui remonte au coup d’État de 1984. En mars 2025, sur les quinze officiers promus à des grades supérieurs, un seul n’était pas issu de cette composante, précise l’étude.
Le document met aussi en lumière l’imbrication entre l’armée, la politique et les affaires, notant que de nombreux officiers, actifs ou retraités, occupent des positions d’influence dans les institutions publiques et le secteur économique. Parmi eux, le président Mohamed Ould Ghazouani, le président du Parlement Mohamed Ould Meguett et le ministre de la Défense Hanena Ould Sidi sont cités comme exemples de cette continuité entre commandement militaire et pouvoir politique.
Selon l’étude, le régime actuel repose sur la puissance de l’appareil militaire, considéré comme le garant ultime de la stabilité du pouvoir. Le rapport estime que la Mauritanie maintient une façade démocratique, tout en ayant recours à des pratiques répressives ponctuelles lorsque le système est remis en question.
Des acteurs de la société civile et de l’opposition, cités dans le document, estiment que le soutien européen aux autorités mauritaniennes, notamment à leurs forces de sécurité, constitue un frein à l’émergence d’une démocratie véritable.
Enfin, l’étude met en garde contre une phase de vulnérabilité politique à l’approche de 2029, date de la fin du second et dernier mandat du président Ghazouani. Dans un pays marqué par une longue histoire de coups d’État, la question de la succession présidentielle pourrait, selon le rapport, raviver les tensions internes au sein de l’armée et des élites dirigeantes.
