10-12-2025 17:16 - OMVS : Éclaircissements

OMVS : Éclaircissements

MYK -- Il y a quelques jours, le site cridem.org a repris un article https://cridem.org/C_Info.php?article=789213 publié par le site électronique https://ladepeche.mr/?p=19496. Dans cet article, intitulé : OMVS : Y-a-t-il péril en la demeure ? Dans cet écrit, l’auteur donne des informations inexactes sur l’Organisation pour la Mise en Valeur du Fleuve Sénégal (OMVS) ; et appelle de notre part les éclaircissements suivants :

La Conférence des Chefs d’Etat et de Gouvernement de l’OMVS a créé en 2016 une structure spécialisée dénommée Société de Gestion de l’Energie des Ouvrages du Haut Bassin du Fleuve Sénégal en Guinée, en abrégé SOGEOH.

Cette Société dont le capital social est divisé en parts égales entre les quatre pays membres, Guinée, Mali, Mauritanie et Sénégal, est basée à Conakry en République de Guinée.

Son champ d’intervention comprend, les projets d’aménagement des sites hydroélectriques de Koukoutamba (294 MW, 888 GWh/an),de Boureya (114 MW, 733GWh/an), de Niagara (47MW, 208 GWh/an) et les trois sites de microcentrales :Poukou, Bolokoum et Bimbaw(27,6 MW, 74,7 GWh/an).

La SOGEOH est chargée, en collaboration étroite avec le Haut Commissariat de l’OMVS, de la recherche et de la mobilisation des financements. Elle est en outre chargée du suivi de l’exécution des ouvrages, de leur exploitation et de leur gestion. Le projet d’aménagement des microcentrales dont le financement vient d’être mis en place, revêt un caractère stratégique pour le développement de l’électrification rurale dans le cadre de la transition énergétique de la Guinée.

Toutes les étapes du processus de mobilisation du financement ont été franchies par la SOGEOH, en tant que Maître d’Ouvrage délégué doté de l’expertise technique et financière nécessaire.

Dès juin 2024, la SOGEOH, avec l’appui du CEREEC, Agence spécialisée de la Commission de la CEDEAO, chargée de la promotion des énergies renouvelables et de l’efficacité énergétique en Afrique de l’Ouest, a engagé des démarches auprès de la Banque d’Investissement et de développement de la CEDEAO, (BIDC), en vue de l’obtention du financement du projet des trois microcentrales en Guinée.

A l’issue de plusieurs réunions de travail, tenues au siège de la BIDC à tous les niveaux hiérarchiques, la SOGEOH a soumis le 15 janvier 2025 à la BIDC, une demande de financement du projet des trois microcentrales.

La BIDC a confirmé que ce projet correspond à ses priorités stratégiques dans le secteur de l’énergie, et a manifesté son intérêt pour son financement par lettre du 24 janvier 2025. La SOGEOH a transmis, celle-ci, au Haut-commissaire de l’OMVS, en lui suggérant de demander au Gouvernement guinéen de porter le financement du projet.

Ainsi, le 29 janvier 2025, le Haut Commissaire de l’OMVS a demandé au Gouvernement Guinéen de prendre les dispositions nécessaires pour adresser la requête de financement à la BIDC, la Guinée étant l’unique bénéficiaire du productible des 3 microcentrales.

Dès réception de la requête de financement, le 11 février 2025, la BIDC et la SOGEOH ont convenu d’un agenda pour les actions à mener jusqu’à la signature de la convention de financement. Dans ce cadre, la SOGEOH a reçu du 13 au 20 mai 2025 une mission pluridisciplinaire d’évaluation du projet des trois microcentrales, de la BIDC.

A l’issue de cette mission d’évaluation, la BIDC a notifié, par courrier du 6 août 2025, l’approbation d’un prêt de 95 163 000 € pour le projet de construction de trois microcentrales en Guinée.

Par courrier du 11 août 2025, le Gouvernement Guinéen a officialisé son accordsur les termes et conditions de ce prêt. Il a, par la suite, le 10 novembre 2025, procédé avec la BIDC, à la signature de la convention de financement du dit projet.

Il y a lieu de noter que ce prêt fera l’objet d’une convention de rétrocession, entre la République de Guinée et la SOGEOH, dont la signature est une des conditions de premier décaissement. Sur un autre plan, après plusieurs séances de travail par vidéo conférence et en présentiel au Caire, AFREXIMBANK a adressé à la SOGEOH une lettre de manifestation d’intérêt pour le financement du projet d’aménagement hydroélectrique de Koukoutamba dont le coût est estimé à environ 830 millions de dollars US.

AFREXIMBANK envisage de mettre en place un Project Préparation Financing (PPF) pour l’actualisation des études. Elle n’écarte pas non plus la possibilité de financer en option les compléments d’étude des aménagements de Boureya et de Niagara. Toutefois, pour accélérer le processus d’instruction du projet de Koukoutamba, une visite de travail au siège d’AFREXIMBANK, sous la conduite du Président du Conseil des Ministres, et (ou) du Haut Commissaire de l’OMVS, est requise.

Ces résultats encourageants ont été obtenus malgré une situation financière de la SOGEOH particulièrement difficile en 2024, où le taux de recouvrement des cotisations des états n’a atteint que 4,6 %.

La SOGEOH n’a pu éviter la cessation de paiement qu’en négociant, avec l’appui du Haut Commissaire, la mise en place d’une ligne de crédit substantielle auprès de la BCI Guinée. Il faut souligner que les difficultés de trésorerie de la SOGEM, qui était chargée de payer, en leur lieu et place, les cotisations des états du Mali, Mauritanie et Sénégal, pour le fonctionnement de la SOGEOH, ont fini par impacter lourdement l’activité de celle-ci.

Face à cette situation, les Etats ont décidé en janvier 2025 de s’acquitter directement de leur cotisation pour la SOGEOH. Cela s’est traduit par un relèvement significatif du taux de recouvrement des cotisations à 42% avec le paiement intégral des cotisations de la Mauritanie et du Sénégal. Ce taux devrait être amélioré avec la perspective du paiement attendu des contributions du Mali pour 2025.

Le Mali, la Mauritanie et le Sénégal ont toujours fait face à leurs obligations vis-à-vis de l’OMVS depuis sa création en 1972. Si la Guinée est à jour de ses cotisations pour le fonctionnement du Haut Commissariat, elle n’avait, jusqu’ici, que peu contribué au fonctionnement de la SOGEOH, bien que celle-ci ait son siège à Conakry. Ceci est néanmoins compensé par le portage du financement du projet des trois microcentrales, et du siège de la SOGEOH.

Les difficultés de trésorerie de la SOGEM sont principalement liées au faible taux de recouvrement des factures d’électricité de la société Energie du Mali (EDM). Cette société traverse, en effet, une situation préoccupante liée à des performances commerciales et de gestion médiocres, et à un parc de production insuffisant et dégradé, conduisant à un écart croissant entre la demande et son offre d’énergie électrique.

Si le défaut de paiement d’Energie du Mali devait persister, cela pourrait conduire à une baisse des livraisons de la SOGEM, qui seraient consécutives à l’indisponibilité d’un ou de plusieurs groupes de production, en raison de défaut d’entretien ou de révision générale. Notons que ces livraisons représentent près de 40% de la production du système de Manantali. Le retour à l’équilibre de cette société EDM est très problématique dans son contexte actuel.

Des Sociétés plus robustes ont mis près de trois décennies à restaurer une bonne qualité de leur système électrique. Aussi un rétablissement rapide du système électrique malien devra-t-il résulter d’un élan collectif de solidarité. Dans ce cadre, les actions suivantes devraient être envisagées:

- Le Conseil des Ministres devra examiner la situation du parc de production de la SOGEM, évaluer sa capacité propre à assurer l’entretien, y compris la révision générale des groupes, et le cas échéant demander aux Etats de faire des avances de trésorerie à la SOGEM.

- Le Conseil des Ministres devra diligenter, en rapport avec le Haut Commissariat et la SOGEOH, les processus de recherche de financement des projets hydroélectriques du Haut Bassin (Koukoutamba, Boureya et Niagara) afin de doubler à terme l’offre hydroélectrique de l’OMVS. Le Gouvernement malien devra veiller à une amélioration rapide et durable des performances d’EDM. Cette Société devra s’engager annuellement, auprès de la SOGEM, sur un taux raisonnable et progressif de paiement de ces factures.

Malgré ces difficultés sérieuses, mais conjoncturelles, l’OMVS demeure une Organisation robuste et parmi les plus crédibles des organisations internationales de Bassin partagé. Elle est en effet assise sur un socle juridique en béton, et une volonté inébranlable des Etats membres de mutualiser leurs efforts en vue de tirer le meilleur parti de l’exploitation des ressources du Bassin.

Les services générés par les ouvrages communs, ainsi que les programmes de développement multisectoriels mis en œuvre par l’OMVS depuis sa création, ont impacté favorablement le développement économique du Bassin et les conditions de vie des populations.

La perspective de réalisation du projet navigation, ainsi que des aménagements hydroélectriques de Koukoutamba, Boureya et Niagara, constitue un challenge à la mesure de l’organisation OMVS, avec notamment le doublement de la production d’énergie décartonnée.

M Y K



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Source : MYK
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