30-05-2014 08:00 - La chasse à la vie - 14ème épisode
Cheibou - La venue de ma famille à Zouerate :
Les évènements étant terminés, je me suis installé chez la famille de Ehel Nakh, Ahmed Baba Ould Nakh, Secrétaire Général du PPM, et Chef de Bureau des Douanes chez lequel, je travaillais, comme boy cuisinier avec un salaire de 1.500 FCFA mensuellement.
Après donc, ces évènements, ma mère qui se trouvait à Nouakchott s’était inquiétée de mes nouvelles après qu’elle est apprise ce qui s’est passé à Zouerate. Elle décidât de se rendre sur les lieux pour s’enquérir de mes nouvelles. Des langues malveillantes lui auraient fait savoir que j’étais parmi les victimes lors de ces terribles évènements.
Un jour de fête, j’ai reçu la visite chez Ehel Nakh, le fils de mon père adoptif, qui travaille à la Miferma en qualité de soudeur, pour m’annoncer l’arrivée de ma mère à Zouerate.
Alioune, la maman est venue avec les membres de la famille y compris ta petite sœur, ils sont tous chez moi. Je sursautais à l’annonce de cette nouvelle, je ne m’attendais certes pas à cette visite et je lui ai dit de m’attendre.
- Je vais de ce pas t’accompagner (bien que mon instinct me dictait qu’il ne fallait pas aller, compte tenu des difficultés qui émaillaient mes relations avec son père et moi).
Je ne voulais pas être à l’origine de leurs querelles quotidiennes, c’est-à -dire, être le noyau de cet éternelle bagarre familiale. Je savais que pour vivre au sein de ma famille, il fallait que je sache supporter le mal qui se manifestait au jour le jour de mon père adoptif sur ma mère, je ne pouvais continuer à assister aux traitements d’insulte et les injures qu’il proférait à ma mère.
Déjà le mal, que subissaient ma mère et ma petite sœur alors que j’étais écolier revenait dans mon esprit comme s’il s’agissait d’actes commis aujourd’hui même à l’annonce de l’arrivée de ce père adoptif.
Mon amour propre ne pouvait être bafoué, à travers des actes d’injures que ma mère subissaient à chaque fois que le vieux s’énervait ou piquait une crise de folie, sachant naturellement que ma mère était éprise de ce vieux, et qu’elle était sa femme, ceci est une réalité, mais il faudrait qu’ils me laissent en marge au sein de la famille, ma présence ne devait pas être perturbée par leurs problèmes quotidiens, si tel est le cas, je préférais vivre en paix, loin de cette situation.
Je réalisais également que ma présence auprès de ma mère ne plaisait pas au vieux, voilà à quoi je pensais tout au long de ce trajet qui me séparait à présent de ma mère.
Quand nous fîmes entrer mon frère et moi, je me dirigeais directement vers ma mère, elle fut un bon en avant et me prit dans ses bras et l’enlaçât longuement en pleurant, nous restâmes quelques instant ainsi.
Puis j’ai pleuré à cette étreinte de ma mère, mais les souvenirs encore rais des moments difficiles passés dans la terrible demeure de mon père adoptif ne me laissèrent point l’occasion de rester.
Ma sœur qui était là , en un mouvement de joie à ma vue, s’approchât de moi pour me saluer, l’étreinte était chaleureuse, puis je me suis déplacé pour saluer les amis de la famille ainsi que mon père adoptif de l’autre côté de la chambre.
Seul mon père adoptif, toujours le même, aucun changement dans son tempérament, aucune pitié, toujours fermé, l’air grave et toutes les peines ou les tristesses du monde s’affichent sur son visage à travers aussi son comportement et son attitude.
Je m’adressais à lui tout en espérant que ma présence le rendrait plus ouvert à me recevoir au sein de la famille, il m’a rendu froidement mon salut, c’était-là l’une de ces coups de gueule à laquelle, il m’a habitué.
De retour auprès de ma mère, elle ne cessait de me poser des questions sur ma vie, les évènements de Zouerate, les difficultés de la vie et tant d’autres choses.
Poliment, je rassurais ma mère que tout allait bien, rien ne me manquait, je logeais chez mon cousin paternel, avec sa femme, la fille de mon oncle paternel, dans de bonnes conditions, loin des difficultés.
Après avoir pris le thé en compagnie de mes parents et cousins qui étaient venus saluer ma mère, je décidais de partir, mais ma mère m’interpellât pour me demander de lui dire qu’elles étaient mes occupations quotidiennes.
Je lui décris brièvement les conditions de travail :
- Je travaille chez une famille très généreuse, et je mène un train de vie normal, sans accroc, tout va bien, lui-dis-je.
- C’est très bien, mon enfant, je te demande de venir loger avec nous, qu’en penses-tu ? me demande-t-elle.
- Maman, je ne peux pas venir logeais avec vous, ce sera des problèmes et ça j’en ai marre, les souvenirs de Nouakchott sont encore présents dans mon esprit et je ne veux plus de ça. Rétorquai-je.
Je pris congé aussitôt et je me dirigeais vers la porte pour aller faire mon travail.
Quelques jours, après cet entretien, je décidais de venir à la maison sur insistance de ma mère, tout en espérant que des changements auront lieu compte tenu de la présence sûre de ma mère qui sera un poids pour une certaine stabilité familiale.
Je doutais de cette stabilité, car, je connaissais parfaitement bien mon père adoptif, il avait une marge particulière à lui, pour le comprendre, il fallait se soumettre à ses caprices, je n’étais plus le gamin, sous sa protection d’alors, maintenant j’atteignais ma maturité, je n’admettais plus certaines choses, ou certains agissements de sa part qu’il nourrissait à mon égard, je suis devenu un gaillard et je réponds fortement à toute action belliqueuse d’où qu’elle vienne.
Cette présence auprès de ma famille, avait un but spécifique, et bénéfique à la fois, c’est-à -dire rendre ma mère heureuse autour de ses enfants et moi en premier lieu. Il ne fallait pas qu’un différend qui existait entre le vieux et moi ne puisse être un parasite qui perturbe le bien être de ma famille et particulièrement ma mère.
Cette mère qui ma mise au monde, qui m’a bercé des nuits et des jours, celle qui m’a élevé et qui est ma fierté, elle m’a beaucoup chéri, elle m’a enseigné, elle m’a tout donné.
Cette maman que j’aime beaucoup, elle aime sa progéniture. Elle n’a d’égale que sa grandeur et son amour pour ses enfants. Elle est une mère comme toutes les mères sur la terre. C’est ma mère.
Etant par ailleurs, la femme d’un homme, elle avait un devoir, un sermon et un engagement vis-à -vis de son mari que rien au monde ne pouvait ébranler, pas même son fils.
Cet homme elle l’a aimé, elle l’a choisi comme mari, en dehors du consentement de personne. En ce qui me concerne j’étais chez ma grand-mère paternelle à Rosso, quant elle fut mariée par ce bonhomme.
Ce mariage fut réalisé selon les préceptes religieux et en acceptant les enseignements de notre Sainte religion qui préconisent aux femmes de respecter leurs maris, dans tous les cas de figure, elle se devait de partager ses joies, et ses peines, ses malheurs et son bonheur contre vents et marées, pourvu qu’elle honore les recommandations religieuses envers son mari.
C’est d’ailleurs, à cela que je tenais beaucoup, pour éviter à ma mère la foudre de ce vieux, je ne voulais pas qu’elle insiste pour mon retour au foyer familial. Je jugeais préférable de rester loin et ainsi de pouvoir la rendre visite à chaque fois que le besoin s’en fait sentir.
Je ne dois pas être un spectre de discorde entre eux, comme il aime souvent à le dire lors de leurs disputes pendant mes passages au foyer.
Si je dois encore vivre avec eux, je serais toujours à l’écart pour ne pas être présent à chaque querelle. Je ne veux pas m’interférer dans leurs affaires personnelles.
Je m’éclipsais à chacune de leur dispute, l’espace d’un instant loin d’eux et je ne revenais que lorsque se dissipaient les nuages de discorde.
Mais cette prise de position ne changeait en rien l’entêtement grotesque de mon père adoptif, il ne m’avalait pas, je le comprenais pour cette attitude et je me suis mis en tête de quitter le foyer pour toujours et pour d’autres cieux plus clément.
A suivre
Alioune Ould Bitiche
46785732
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