29-12-2015 13:12 - Barkhane : la France reste en première ligne
La Dépêche - Lancée le 11 janvier 2013, l'opération Serval a été relayée le 1er août 2014 par l'opération Barkhane, dans le cadre du «G5 Sahel» réunissant Mali, Mauritanie, Niger, Tchad et Burkina Faso.
Engagées depuis bientôt trois ans dans la bande sahélo-saharienne avec les forces africaines et l'ONU contre les groupes terroristes islamiques, les forces françaises ont détruit leurs sanctuaires. Mais les jihadistes continuent à attiser la tension dans la région.
Depuis quelques mois, la Syrie et la lutte contre l'état islamique focalisent l'attention sur le Moyen-Orient. En Afrique les caméras se sont faites plus rares dans la bande sahélo-saharienne. La guerre contre les groupes armés terroristes (GAT) y reste pourtant d'actualité avec l'opération Barkhane, 50e OPEX de la France en Afrique depuis 1958 et son plus vaste théâtre depuis la seconde guerre mondiale.
Mauritanie, Burkina-Faso mais surtout Mali, Niger, Tchad… Un peu plus de 3 000 militaires français restent aujourd'hui déployés sur ce territoire pratiquement grand comme l'Europe de l'ouest, conduisant l'essentiel de leurs actions dans des zones désertiques.
En novembre, plus de 1 000 soldats, soit un tiers des effectifs, ont ainsi été engagés au nord du Mali pour de nouveaux ratissages dans l'adrar des Ifoghas ainsi qu'au nord du Niger. Après les «coups de marteau» de Serval en 2013, Barkhane a poursuivi là les «coups de râteau» qu'y avaient déjà opérés les unités de la 11e Brigade Parachutiste de Toulouse depuis le début de l'année 2015 (lire ci-dessous).
Continuer à assécher les flux logistiques des GAT, les empêcher de reconstituer leurs camps : une vingtaine de caches d'armes ont été découvertes le mois dernier tandis que plusieurs terroristes étaient neutralisés au sud des frontières algérienne et libyenne. Il y a une dizaine de jours, au Mali, dans le cercle de Ménaka, l'affrontement a été plus violent.
Dans la nuit du 19 au 20 décembre près de la frontière nigérienne, les forces françaises ont livré durant quatre heures un combat intense contre des jihadistes affiliés à al-Mourabitoune qui avait revendiqué la récente attaque contre l'hôtel Radisson Blu de Bamako, conjointement avec al-Qaïda au Maghreb islamique.
Un engagement qui s'est soldé par une dizaine de morts côté terroriste et la saisie d'une «quantité importante d'armements et d'explosifs», selon l'état-major des armées.
De fait, s'il ne reste plus de sanctuaires jihadistes dans la zone et qu'un accord de paix a été signé le 20 juin dernier à Alger par la coalition des mouvements touaregs de l'Azawad — lesquels avaient pris en 2012 les armes contre Bamako et passé alors une alliance de circonstance avec les salafistes contre le pouvoir malien — n'en demeure pas moins que la nébuleuse des GAT demeure une réelle menace, profitant toujours du chaos libyen.
Ainsi, alors que Bamako a proclamé l'état d'urgence pour dix jours, le 21 décembre, six personnes au moins ont été tuées cette semaine dans la région de Kidal, au nord-est du Mali, dans l'attaque d'une base d'ex-rebelles touaregs par les islamistes Ansar Dine qui ont revendiqué avoir frappé «des traîtres à la solde de la France».
Ansar Dine, mais aussi Aqmi, Mujao, Signataires par le sang ou Al-Mourabitoune… Pratiquement pas une semaine sans que des soldats des forces africaines, des onusiens de la Minusma ou des civils ne soient tués lors d'attaques ciblées ou d'attentats aveugles.
Car si les jihadistes salafistes fuient l'affrontement direct avec les militaires français, leur but reste en effet d'«afghaniser» la région en créant un sentiment d'insécurité constante au sein de la population afin de susciter le rejet des soldats étrangers. La plus grosse bombe à désamorcer pour les militaires français.