20-08-2016 20:16 - Les Forgerons maitres de la religion authentique africaine/Par Abdoulaye Oiga*
Le Calame - Lorsque Dieu créa l’Univers, les êtres, les animaux, les plantes, les astres, les planètes, les océans, les vents et ainsi que tout ce qui possède une âme, Il délégua son pouvoir de création de toutes autres choses inanimées au forgeron. Il lui fit découvrir les secrets du feu, du fer et des autres métaux tels que l’or, le cuivre rouge, le cuivre jaune… etc.
Ainsi l’or correspond au feu c'est-à -dire le carbone, le cuivre rouge à l’eau, l’hydrogène, le cuivre jaune à l’air, l’oxygène, le fer à la terre, l’azote, N. l’association de ces éléments donne le CHON, formule que les scientifiques connaissent bien.
Dans l’empire préhistorique de zinc qui a existé entre 15000 et 1000 ans avant J C et qui s’étendait de l’actuelle République Islamique de Mauritanie à K.M c'est-à -dire l’Egypte et qui était peuplé de noirs, les forgerons, avant l’avènement des trois religions monothéistes étaient les maitres de la religion authentique africaine. Ils croyaient en un Dieu unique représenté par un Bovidé hermaphrodite.
Ce Dieu qui possédant deux sexes était pour eux complet et parfait. Ce Bovidé a été découvert dans les années 1980 par un chercheur français Paul Bernard dans la localité d’AGHREIJIT située à 40km de la ville du TICHIT en Mauritanie. Ce Bovidé daterait de 3500 ans avant J C donc bien avant l’Egypte antique.
Dans leur croyance, les forgerons considéraient que l’homme aussi possède deux sexes ; pour que celui-ci ne se compare à leur Dieu il faut lui supprimer l’un de ses sexes. Ainsi le prépuce qui couvre le pénis de l’homme est à supprimer parce qu’il correspond au sexe de la femme chez l’homme et le clitoris chez la femme correspond au sexe de l’homme chez la femme.
C’est ainsi que sont nées la circoncision et l’excision.
C’est ce qui fait que la philosophie se rapportant à la forge enseigne que le forgeron, premier responsable et surveillant de la création divine, a le devoir d’inscrire, dans cette optique, son travail.
La forge est un lieu sacré, le forgeron ne doit en aucun cas y entrer avant de prononcer des incantations qui sont maintenant remplacées par ses ablutions, et tous ses instruments symbolisent les organes génitaux des êtres humains et des animaux. Le travail du forgeron consiste, à faire actionner tous ces éléments sacrés, afin de créer et parfaire la création divine.
Le soufflet symbolise ainsi l’appareil génital masculin, l’air qu’il brasse est le symbole du sperme.
Le creuset symbolise l’appareil génital féminin. Quant à la fonte du métal, dans ce lieu, elle rappelle la fécondation dans l’utérus.
De cette philosophie se rapportant à la forge, il est possible de tirer un enseignement d’ordre social.
Sur le plan social, le statut social du forgeron, dans les sociétés africaines musulmanes, reflète encore cette longue lutte de plus de 6 siècles entre la religion authentique africaine et la religion universelle introduite par « les étrangers ».
Les affaires judiciaires se traitaient à l’atelier du forgeron. Il était donc le juge et procédait à la circoncision des hommes et soignait les plaies; ce qui faisait de lui le médecin. Sa femme, quant à elle, contrôlait la production de la céramique. Elle était chargée de faire accoucher les femmes à terme. Elle excisait les femmes et soignait les enfants.
Elle assurait donc le rôle de sage-femme et de pédiatre.
Les forgerons furent les premiers rois et empereurs des différents empires et royaumes de notre sous-région sahélienne.
Nous citerons à titre d’exemple l’empire du Wagadou-Ghana. Ce fut le premier empire qui a été fondé par les Soninko. Son premier dirigeant fut Mama-Dinga qui s’appelle TAgandu-Nkaané selon l’historien traditionaliste Toudo Yaréssi raporté par l’historien moderne Charles Monteil dans son œuvre l’Empire du Wagadu. il était forgeron et descendrait du Prophète Daouda.
Le prophète Daouda a deux fils qui nous intéresse dans cette étude, il s’agit de Souleymane et de Teysanoune. Souleymane a eu comme descendant Seracempho. Seracempho a eu Yougou Doumbéssi ce dernier a eu à son tour Khirdion Tagamanké celui-ci a eu comme descendant Tagadu-Nkaané plus connu sous le nom de Mama-Dinga.
L’autre fils de Daouda, Teysanoune a eu comme descendant Famana. Ce dernier a eu Dounfaailou celui-ci a eu Teysaanoune et Kourso.
C’est Kourso et Tagadu-Nkaané qui étaient avec les autres membres de la communauté soninké pour fonder l’empire de Wagadou-Ghana. Cet empire s’étendait dans tout l’espace ouest-africain et avait sa capitale Kumbi en territoire actuel de la Mauritanie.
Pour s’installer dans cet espace, les Soninko ont conclu un pacte avec un serpent-Bida. Selon ce pacte, la communauté soninké offrira chaque année au serpent Bida en guise de sacrifice une jeune fille vierge en contrepartie de ce sacrifice, le serpent Bida promet à la communauté la prospérité et une grande richesse particulièrement en or.
Pour sceller ce pacte Tagadu-Nkaané plus connu sous le nom de Mama-Dinga a juré sur une enclume sur la pierre de Dyenguédé. Le Royaume du tekrour était dirigé par la dynastie des Diaogo qui étaient des forgerons. Le royaume de Sosso était dirigé par le redoutable roi forgeron Soumaoro Kanté.
Plusieurs années après l’installation de l’empire, Courso le frère de Tagadu-Nkaané quitta Kumbi la capitale de l’empire pour aller fonder le village de Barago. Il y fut rejoint par quatre autres forgerons dont les noms de famille sont :
Pour magnifier la bravoure de ces hommes, le griot Banu Makha Ladji Soumbounou a prononcé la célèbre phrase suivante:
"Honta siro ma tagué
Honta bonno ma Tagué
Tagakhu gana bono
Douna bouré naari"
Ce qui se traduit par :
"Rien de bon ne se construit sans le forgeron.
Rien ne se détruit sans le forgeron
Le jour où disparaitra l’art du forgeron,
Alors surviendra l’implosion du Monde".
C’est cette célèbre phrase qui fut à l’origine du conflit qui opposa le Village de Barago à l’Empereur de Wagadou.
Bibliographie
Diankhoumba,
Fambiru 12 familles
Tangnéré Kidu12 familles
Bana Makho18 familles
Kaba Makho18 familles
De Boukari Wawa le plus bel homme de Barago
De la bataille de Khérné Tamba et Laba Taméga
De l’histoire de 33 jeunes forgerons qui sont partis à la conquête de Barago Khoumba.
Conférence du Pr Kane Mamadou Hadiya, Directeur de l’office nationale du musée, festival culturel soninke mars 2016
Pr Ivanvan sertima
* Ancien Directeur General de la caisse de sécurité sociale de Mauritanie