21-11-2016 19:00 - « Femmes au millier d’hommes » Par Hanane Mohamed Sidi
Culturim - Le désengagement de l’ex époux de la responsabilité de prise en charge de ses fils accentue le phénomène des enfants de la rue. L’auteure Hanane Mohamed Sidi intitule son diagnostic social des divorces et de l’implosion des familles par le titre « Femmes au millier d’hommes ».
Ci-après des extraits de sa pertinente analyse qui mérite d’être élevée au rang de politique gouvernementale en matière de lutte contre le phénomène des enfants de la rue et leur précarité face à l’endoctrinement et autres extrémismes et excès.
« Nous entendons souvent des histoires évoquant des familles et des enfants abandonnés par leurs pères, à des moments de dépression morale, sans accorder aucun égard aux obligations religieuses et en l'absence totale de responsabilité.
Nos coutumes et traditions, qui fêtent en grandes pompes le divorce, ont alimenté ce mal social, instaurant, un sentiment de désengagement des ex époux de leurs gosses, après la séparation.
A cela, s’ajoute le fait que les lois n’imposent pas aux pères divorcés de prendre en charge, totalement ou en partie leurs petits et que la charia, très édifiante sur les droits des ex épouses et leur prise en charge n’est pas généralement appliquée.
Cette situation conduit malheureusement à une rupture directe entre les pères et leurs enfants, après chaque divorce.
L’homme se remarie avec une autre femme, faisant de ses enfants de sa première épouse, une partie du passé, qu’il doit oublier.
Dans d’autres cas, la femme est mère d’enfants nés de mariages différents contractés pendant sa vie et abandonnés par leurs parents. Leur prise en charge relève ainsi d’une seule femme sans moyens.
La présence et le rôle du père après la séparation sont inexistants. Le père généreux est incontestablement celui, qui prend en charge certaines charges matérielles de sa progéniture, notamment l’éducation, la formation, la santé…
Malheureusement, ce sont les femmes qui s’occupent des frais et des études des enfants, sans considération de leurs droits au partage de ces frais avec les pères et du droit des enfants d’être soutenus par leurs pères, même après le divorce.
Avec l’accroissement fulgurant du divorce et des statistiques alarmantes enregistrées au cours des dernières années, le taux d'implosion familiale et la déperdition des enfants ont doublé en cinq ans, accentués également par les problèmes économiques.
Tous ces facteurs réunis ont contribué à la résurgence de nouveaux phénomènes dans la société mauritanienne tels que les enfants des rues, conséquence directe de cette désintégration familiale.
Avec le transfert de la responsabilité, les familles jettent les enfants dans la rue, où grandissent des générations au rythme de la criminalité et de la drogue, se transformant en bombes à retardement, prêtes à exploser à tout moment.
Ces égarés finissent ainsi par mépriser la société et le pays, qu’ils rendent responsables de leurs malheurs et dérives, adoptant du coup des attitudes et des conduites hostiles à la Patrie.
Le fait que les pères refusent de se conformer aux préceptes de la Charia islamique, en prenant en charge la divorcée et ses enfants, conjugué au refus des ex épouses de traîner leurs anciens maris devant la justice pour obtenir gain de cause, préférant malheureusement renoncer à leurs pleins droits, sont des facteurs parmi d’autres qui contribuent à l’ancrage et à la banalisation de ce mal social très répandu dans notre pays.
Quoiqu’il en soit, la propagation du phénomène du divorce dans la société nécessite le renforcement des mécanismes de contrôle au détriment des enfants sur la prise en charge des enfants et la protection de leurs droits, afin de limiter le taux de divorce et d’implosion familiale ainsi que d’alléger le grand fardeau qui pèse sur les femmes chefs de ménages.
Hanane Mohamed Sidi
Tr : Md O Md Lemine