22-01-2023 22:26 - Mauritanie - Jeunesse émergente : Entretien avec Cheikh Mohamed El Karachi

Financial Afrik - «L’une de mes perspectives premières est d’accéder à tous les
foyers mauritaniens par au moins, un ou deux de nos produits»
Diplômé en Sciences Politiques et Relations internationales de l'Université de Géorgia aux Etats-Unis, Cheikh Mohamed El Karachi est aujourd'hui à la tête d'une entreprise familiale de commerce et d'industrie créée depuis 1997.
Vous appartenez à une famille de promoteurs industriels.
Pouvez-vous nous revenir sur la genèse de cette société
familiale que vous dirigez aujourd’hui. ?
La Mauritanienne pour le Commerce, l’Industrie et le Transit ( MAU-
CIT) est en effet une société familiale créée en 1997, par deux frères
dont mon père, paix à son âme et mon oncle que Dieu lui accorde
une longue vie.
A la base, la société était spécialisée dans le commerce des meubles et le Transit. Ses fournisseurs locaux en éponge,
avaient de modestes ateliers qui produisent artisanalement, en dis-
continuité et ne disposaient pas de moyens suffisants pour se pro-
curer régulièrement, de la matière première. C’est
ainsi que la société a commencé à les financer
pour ce faire.
Au fil du temps, et dans l’optique
de satisfaire la demande grandissante, la société
a décidé d’ouvrir une usine de production continue, de mousse polyuréthane, en 2008.
L’idée était surtout de permettre à chaque mauritanien d’avoir accès à des matelas en mousse polyuréthane à un prix raisonnable, au lieu de ceux
en laine utilisés auparavant. C’était aussi une manière de pérenniser les salons mauritaniens tout
en les rendant accessibles aux jeunes ménages.
Pouvez-vous nous présenter la gamme de
produits que vous fabriquez et aujourd’hui,
quelle part de marché occupez-vous ?
La gamme de produits que nous fabriquons et
commercialisons fait référence à la mousse poly-
uréthane, aux matelas et à l’ouate de rembourrage. Aujourd’hui, nous proposons des gammes
de produits diversifiés. Nous comptons développer nos produits in-
ternes, surtout que nous disposons de l’infrastructure nécessaire pour
soutenir la production et la commercialisation d’une plus large offre.
Nous projetons intégrer également d’autres gammes de produits,
similaires à ce qui est importé, par respect aux choix des consommateurs. Certaines d’entre eux, préfèrent des mousses fermes. Pour ceux-
là , nous ciblerons un meilleur confort, en produisant de la mousse
semblable à celle dont ils ont habitude.
Nous envisageons introduire dans nos catalogues des matelas répondant aux normes internationales pour des salons modernes. Nous
envisageons aussi de créer notre marque déposée afin de protéger
nos produits de certains acteurs exerçant dans l’informel.
Notre part du marché est estimée à environ 25%, pour ce qui est de la
mousse polyuréthane. Par ailleurs, nous comptons récupérer autant,
du pourcentage de l’import en la matière, qui s’élève à 80% environ
et ce, concernant les matelas. Je pars du principe que nous passons Ã
peu près le tiers de notre temps sur un matelas, donc le choix de ce-
lui-ci est important puisqu’il impacte sur notre confort et notre bien-
être. C’est pourquoi nous nous investissons au mieux, pour offrir la
meilleure qualité et à des prix abordables. Tout aussi dans un souci de
contribuer à l’économie du pays en réduisant l’importation, du moins
en ce qui concerne notre secteur.
Etant jeune promoteur donc supposé être visionnaire, quelles
sont vos perspectives de développement au niveau national et
sous régional à l’horizon 2030?
Vous savez, quand je suis rentré des États-Unis, avec un diplôme
en sciences politiques et relations internationales de l’université de
Géorgie, il y a cinq ans, j’étais loin de penser que j’allais devenir un pro-
moteur industriel. C’était à la demande de mon père que j’ai intégré
l’entreprise. Je tiens à lui rendre hommage ici, parce que j’ai beaucoup
appris de lui, de son expérience et de son savoir-faire, entre autres. Par
ailleurs, je suis bien entouré par une équipe professionnelle et expérimentée qui m’offre un accompagnement, des
meilleurs.
Aujourd’hui, la société qui était spécialisée dans
les densités 14 et 22, essentiellement, propose
sept autres produits, en plus des matelas, du
rembourrage et du recyclage.
L’une de mes perspectives premières est d’accéder à tous les foyers mauritaniens par au moins,
un ou deux de nos produits. Et pourquoi pas aller au delà , dans un futur proche dans les foyers
de la sous région. Nous envisageons aussi, Ã
l’horizon 2030, satisfaire la demande des hôtels
et des hôpitaux en Mauritanie. Il va sans dire
que nous envisageons augmenter notre part
du marché en attirant une nouvelle potentielle
clientèle, comme cité plus haut, dans les mi-
lieux hôtelier et hospitalier. Tout comme, nous
sommes fortement intéressés par les consultations de l’Etat, à travers une participation active
aux appels d’offres, dans notre domaine.
Le secteur privé Mauritanien est confronté aux problèmes
récurrents de financement pour s’agrandir et créer plus
d’impact social. Quelle lecture faites-vous de cette situation ?
Tout est relatif! Pour ma part, ce n’est pas la lecture que j’en fais. Le
secteur privé en Mauritanie est l’un segments de la croissance économique et de la création d’emplois. Il contribue à promouvoir
le développement durable et réduire la pauvreté. Et les pouvoirs
publics encouragent et protègent les investisseurs, aussi bien nationaux qu’étrangers. D’aucuns savent que les investisseurs étrangers se
tournent beaucoup aujourd’hui vers la Mauritanie. Des multinationales comme la BP, Total, Kinross, Société Générale et autres sont bien
implantées en Mauritanie et contribuent, à l’image des entreprises
nationales à l’impact social du secteur privé.
Aujourd’hui, qu’attendez-vous de l’état pour vous supporter et
vous soutenir dans ce projet ambitieux ?
Permettez-moi d’abord de vous confirmer que l’Etat mauritanien me
supporte et me soutient assez, dans la mesure où il garantit ma sécurité et celle de mes biens. Au demeurant, mes attentes sont celles de
tout investisseur de part le monde, qui entend contribuer au développement de l’économie de son pays.